Violences policières envers les personnes handicapées physiques ou mentales : un sujet méconnu

La police brésilienne gaze un schizophrène
Ce crime est filmé et devient viral sur la toile
Les rencontres avec la police sont plus souvent fatales aux personnes souffrant de troubles mentaux
Une personne sur cinq abattue par la police souffrirait de maladie mentale
Les handicapés, cible de choix de la police américaine ?
Aux U.S.A, les agents s’attendent à ce qu’on leur obéisse
Si le suspect n'obtempère pas, il devient une menace potentielle
Les médias préfèrent mettre l'emphase sur le critère ethnique des violences policières
LaQuan McDonald abattu par la police de Chicago
Syndrome post-traumatique et autres troubles mentaux
Entre handicap, racisme et troubles mentaux
Le lourd passé raciste et ségrégationniste institutionnel des États-Unis
Intervenir en cas de crise n’est pas une priorité pour la police
Une intervention en cas de crise, c’est quoi ?
Pour pallier le manque de formation de la police américaine, des associations s’en mêlent
Certains services s’efforcent de faire mieux
Prudence : aux États-Unis, l’intervention des forces de l’ordre pourrait aggraver la crise
En cas de crise psychotique, faut-il appeler la police ?
Des professionnels mieux équipés pourraient aider
Mais pourquoi les Américains appellent-ils la police pour gérer les crises de santé mentale ?
Les personnes souffrant de troubles mentaux, plus souvent victimes du crime
La police brésilienne gaze un schizophrène

Le 25 mai 2022, Genivaldo de Jesus Santos a été brutalement assassiné par la police brésilienne. L’homme de trente-huit ans avait été arrêté puis fouillé. Les forces de l'ordre brésiliennes ont trouvé sur lui des médicaments contre la schizophrénie. Ils ont jeté l’homme au sol, puis l’ont traîné dans le coffre de leur fourgon, avant de l’y enfermer avec une grenade de gaz.

 

Ce crime est filmé et devient viral sur la toile

La femme de Santos a déclaré aux médias que l’homme était atteint de schizophrénie et se serait agité après son arrestation par la police. Les événements ont été filmés, et sur la vidéo, on peut voir l'homme se débattre et frapper désespérément du pied dans la portière. Puis, il cesse de s’agiter, alors que des nuages blancs s’échappent de la voiture.

Les rencontres avec la police sont plus souvent fatales aux personnes souffrant de troubles mentaux

Le Treatment Advocacy Center (Organisation américaine à but non lucratif qui se consacre au traitement des maladies mentales graves) affirme que les personnes souffrant de maladie mentale ont seize fois plus de chances de mourir lors d’une rencontre ou une arrestation par les forces de l’ordre que les autres.

Une personne sur cinq abattue par la police souffrirait de maladie mentale

Aux États-Unis, 1 400 personnes souffrant de maladie mentale auraient péri, abattus par la police depuis 2015, nous informe le Washington Post. Pour parvenir à établir ce compte, le journal a mis en place, depuis 7 ans, une base de données recensant les victimes souffrant de maladie mentale.

Les handicapés, cible de choix de la police américaine ?

Selon un rapport de la Ruderman Family Foundation, une organisation de défense des personnes handicapées, près de la moitié des victimes de la police souffrirait d'un handicap quelconque.

Aux U.S.A, les agents s’attendent à ce qu’on leur obéisse

L'hypothèse d’Angela Kimball, la directrice nationale du plaidoyer et de la politique publique pour la National Alliance on Mental Illness (Alliance nationale pour la maladie mentale) est la suivante : les agents de police s’attendent à ce qu’on suive leurs ordres. Or, en cas de crise psychotique, les gens ont du mal à réagir comme l’attendent les agents.

Si le suspect n'obtempère pas, il devient une menace potentielle

Haben Girma, avocate et activiste, atteinte de malvoyance et de déficience auditive, explique au TIME : “Si quelqu'un me criait de faire quelque chose, je n'entendrais pas. Alors ils (les agents de police) supposeraient que je suis une menace.”

 

Les médias préfèrent mettre l'emphase sur le critère ethnique des violences policières

Alors que la couverture médiatique américaine est surtout tournée autour de la violence policière liée à l'ethnie des victimes, ce point de vue tend à en éclipser un autre. En effet, il occulte les problématiques de handicap ou de la maladie mentale, et leurs conséquences lors d'une rencontre avec les forces de l'ordre américaines.

LaQuan McDonald abattu par la police de Chicago

Toujours aux États-Unis, en 2014, LaQuan McDonald, un adolescent Américain noir, est abattu par la police. Armé d'un couteau, il se comportait de manière erratique. Convaincu que le jeune homme ne représentait pas une menace pour les policiers qui l'avaient encerclé, le procureur accuse l'agent de police responsable de meurtre au premier degré.

Syndrome post-traumatique et autres troubles mentaux

Lorsque la vidéo de l'événement a circulé sur les réseaux sociaux, le chef de la police de Chicago s'est vu contraint de démissionner, tandis qu'un débat sur le racisme supposé de l'institution policière était lancé. Malheureusement, cela a totalement éclipsé la maladie mentale dont souffrait McDonald. Lorsque le Chicago Tribune réalisa finalement une enquête, on découvrit que le jeune homme souffrait de syndrome post-traumatique et de "troubles mentaux sévères".

Entre handicap, racisme et troubles mentaux

Selon le Center for Disease Control and Prevention (Centre de contrôle et de prévention des maladies), les Américains noirs seraient plus susceptibles que leurs compatriotes caucasiens de souffrir de maladies chroniques, de difficultés liées à l'accès aux soins mentaux et moins susceptibles de recevoir un diagnostic formel pour une série de handicaps.

Le lourd passé raciste et ségrégationniste institutionnel des États-Unis

Les noirs américains sont plus perméables aux troubles mentaux, car ils ont en moyenne des revenus inférieurs que leurs compatriotes d’ethnie caucasienne et vivent dans des quartiers moins sûrs. Ce contexte favorise les problèmes de santé, et notamment de santé mentale.

Intervenir en cas de crise n’est pas une priorité pour la police

En 2016, un rapport du Forum de recherche des cadres de la police (Police Executive Research Forum) est publié, nous apportant quelques éclaircissements. À l'échelle nationale, les académies de police des États-Unis accordent une moyenne de 58 heures à la formation aux armes à feu, et seulement 8 à la désescalade de conflit ou aux interventions en cas de crise.

Une intervention en cas de crise, c’est quoi ?

Au cours des dernières années, les services de police du pays ont proposé à leurs agents une formation à l'intervention en cas de crise. Ces formations ont pour but d'enseigner aux forces de l'ordre à interagir avec calme, à garantir la sécurité des handicapés et à désamorcer les confrontations avec les malades mentaux.

Pour pallier le manque de formation de la police américaine, des associations s’en mêlent

L’une des plus grandes associations américaines de défense des droits des personnes handicapées, “Arc”, a mis en place un programme visant à enseigner aux agents des forces de l'ordre, aux avocats, aux prestataires de services aux victimes et aux autres professionnels de la justice pénale comment identifier les personnes handicapées, interagir avec elles et s'adapter à leurs besoins.

Certains services s’efforcent de faire mieux

Le service de Police de Hamilton a recours à un tout nouveau “programme d'entraînement à la réponse en cas de crise psychotique” en réalité virtuelle, pour apprendre à ses officiers de police à reconnaître les signes d’une crise psychotique et comment désamorcer une situation.

 

Prudence : aux États-Unis, l’intervention des forces de l’ordre pourrait aggraver la crise

Une femme de Tempe, dans l’Arizona, raconte au TIME comment l’intervention de la police a mené à une escalade rapide de la situation : alors qu’elle appelait la police pour l’aider à gérer son fils de 29 ans, atteint de trouble bipolaire et de schizophrénie, en pleine phase maniaque, pour l’emmener dans un institut dans lequel ils pourraient le prendre en charge, elle a vu des agents débarquer avec des boucliers anti-émeute et des fusils. Elle et son fils ont alors tous les deux paniqué.

En cas de crise psychotique, faut-il appeler la police ?

"La police est-elle le meilleur acteur social à intégrer dans cet espace et dans cette question de société ?" C’est la question que pose la cheffe de la police de Tempe, Sylvia Moir.

Des professionnels mieux équipés pourraient aider

CAHOOTS (Assistance en cas de crise et aide dans les rues) est un programme qui redirige les appels d'urgence et les appels non urgents relatifs à la santé mentale, à la toxicomanie ou aux sans-abris vers une équipe de médecins et de travailleurs sociaux, dont les équipes pourront répondre à ces appels à la place de la police.

Mais pourquoi les Américains appellent-ils la police pour gérer les crises de santé mentale ?

C'est sans doute à cause du cliché de la personne atteinte d'une maladie mentale qui devient violente et dangereuse. L'Association américaine de psychiatrie affirme cependant que, dans la plupart des cas, ces personnes ne sont pas violentes. Le recours aux forces de maintien de l'ordre devient alors disproportionnellement dur à l'égard de ces personnes et perpétue le stéréotype pointant la violence des malades mentaux.

Les personnes souffrant de troubles mentaux, plus souvent victimes du crime

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) affirme même que ce sont ces gens, victimes de troubles et maladies mentales, qui seraient les victimes les plus démunies et les plus susceptibles de subir un crime, du fait de leur condition de vulnérabilité.

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