Retour de la violence au Kosovo : que se passe-t-il ?

Des affrontements violents au Kosovo
Une manifestation de la population serbe
Contre les maires albanophones
Des journalistes pris à partie
L’intervention des forces de l’OTAN
30 soldats internationaux blessés
700 militaires supplémentaires
Une zone de non-droit
Un conflit autour de l’indépendance du Kosovo
Des désaccords anciens
Une intervention militaire en 1999
Une déclaration d’indépendance unilatérale en 2008
Le Kosovo non reconnu par de nombreux États
Y compris européens
De multiples tensions dans la région
Des structures administratives parallèles
Les plaques d’immatriculation en question
Des mairies autonomes ?
Une abstention massive
La réaction occidentale
Un appel à la retenue
Le Kosovo blâmé par les États-Unis
Quelle issue ?
Des affrontements violents au Kosovo

Le nord du Kosovo, dans la péninsule des Balkans, a été récemment en proie à une recrudescence des violences entre communautés. Que se passe-t-il ? On vous explique tout en images.

Une manifestation de la population serbe

Des affrontements ont eu lieu lors de manifestations de la population serbe, majoritaire dans le nord de cette région, qui conteste l’influence des albanophones au Kosovo.

Contre les maires albanophones

Les manifestants ont protesté contre l’élection controversée de maires albanophones dans des villes à majorité serbe : Zvečan, Leposavić et Zubin Potok. Dans ces trois localités, ils ont tenté d’empêcher les nouveaux élus d’accéder aux bâtiments municipaux.

Des journalistes pris à partie

Les manifestants serbes ont également attaqué des journalistes albanophones venus couvrir les événements. Et plusieurs dizaines d’habitants ont été blessés, selon ‘Le Monde’.

L’intervention des forces de l’OTAN

Des soldats de la KFOR, le nom de la force de l’OTAN déployée au Kosovo depuis 1999, sont intervenus afin d’éviter les affrontements entre les manifestants et la police locale, majoritairement albanophone.

30 soldats internationaux blessés

Selon ‘Le Monde’, 30 militaires de la force de maintien de l’ordre de l’OTAN ont été blessés dans ce contexte. Il s’agissait notamment de soldats italiens et hongrois.

700 militaires supplémentaires

Conséquence de cette escalade, l’Alliance a décidé d’envoyer un contingent de 700 soldats supplémentaires au Kosovo. « L'Otan restera vigilante. Nous serons présents pour garantir un environnement sûr et sécurisé et aussi pour apaiser et réduire les tensions », a déclaré Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’organisation (sur la photo), cité par ‘Challenges’.

Une zone de non-droit

Comme l’a rappelé ‘Le Monde’, les populations serbes installées dans le nord du Kosovo, toujours dépendantes de Belgrade, « vivent depuis plus de vingt ans dans un État de non-droit, faute de possibilité pour les autorités de Pristina [la capitale du Kosovo] d’intervenir sur place. »

Un conflit autour de l’indépendance du Kosovo

En réalité, les tensions actuelles s’inscrivent dans un conflit ancien autour de l’indépendance du Kosovo, autrefois province autonome de la République serbe, qui faisait elle-même partie de la Fédération de Yougoslavie pendant la Guerre froide.

Des désaccords anciens

La région kosovare est contestée entre les Serbes et les Albanais, qui la considèrent chacun comme une partie de leur territoire. Selon ‘Slate’, ce conflit « remonte à plusieurs décennies et s'appuie sur la mémoire sélective qu'entretiennent les deux parties » de leur « confrontation supposément séculaire ».

Une intervention militaire en 1999

Au printemps 1999, l’OTAN était intervenue au Kosovo pour mettre aux violences entre Serbes et Albanais et au processus de purification ethnique orchestré par le leader serbe Slobodan Milosevic. La République de Yougoslavie s’était finalement retirée de cette région à majorité albanaise.

Une déclaration d’indépendance unilatérale en 2008

Le processus entamé avec l’intervention occidentale a abouti à la déclaration d’indépendance unilatérale du Kosovo en 2008. Une indépendance contestée par la Serbie, qui avait déjà perdu le Monténégro et renoncé à toute influence sur les autres États d’ex-Yougoslavie.

Le Kosovo non reconnu par de nombreux États

Mais quinze ans après sa déclaration d’indépendance, le Kosovo n’est toujours pas reconnu par de nombreux États. La Serbie, son allié russe, mais aussi la Chine refusent de reconnaître ce pays.

Y compris européens

C’est aussi le cas d’États européens comme la Grèce et la Roumanie, deux bastions chrétiens orthodoxes, mais aussi de l’Espagne pour ne pas encourager les menées indépendantistes sur son propre territoire.

De multiples tensions dans la région

En attendant, les tensions n’ont jamais totalement cessé dans la région et les relations entre le Kosovo et la Serbie se sont dégradées à partir de 2018. D’un côté, la Serbie bloque l’adhésion de son voisin aux organisations internationales. De l’autre, le Kosovo n’accepte pas l’autonomie des Serbes dans les régions où ils sont majoritaires.

Des structures administratives parallèles

Preuve que la situation est tout sauf normalisée, Belgrade finance des structures administratives parallèles sur le territoire kosovar, qui ont été renforcées par la récente démission collective des élus serbes (maires, conseillers municipaux, députés) du Kosovo.

Les plaques d’immatriculation en question

Cette démission a eu lieu en guise de protestation contre une « initiative des autorités kosovares visant à contraindre les automobilistes serbes à adopter les plaques d’immatriculation officielles du Kosovo », selon ‘Slate’.

Des mairies autonomes ?

Ces élus étaient surtout mécontents contre les retards pris dans la mise en place d’une autonomie renforcée pour les communes à majorité serbe. Le Kosovo s’y était pourtant engagé dans le cadre d’un dialogue avec la Serbie conduit sous la médiation de l’Union européenne.

Une abstention massive

Les scrutins municipaux ont donc été repoussés à plusieurs reprises, puis boycottés par les Serbes une fois qu’ils ont eu lieu. Le taux de participation moyen de 3,5 % interroge sur la légitimité démocratique des nouveaux maires, que les Serbes du Kosovo ont donc choisi de contester brutalement.

La réaction occidentale

Une légitimité également remise en cause par l’Occident, et notamment par le groupe du Quint (États-Unis, France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie), qui a imputé l’escalade récente aux autorités kosovares.

Un appel à la retenue

Dans un communiqué en date du 26 mai dernier, ce groupe de pays a condamné « la décision du Kosovo de forcer l'accès aux bâtiments municipaux dans le nord du Kosovo malgré nos appels à la retenue », enjoignant les « autorités kosovares à revenir immédiatement sur leur décision ».

Le Kosovo blâmé par les États-Unis

Bien qu’allié des États-Unis face à une Serbie davantage soutenue par la Russie, le Kosovo a été récemment blâmé par Washington, qui a annulé sa participation à l’exercice militaire « Defender 23 ».

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Quelle issue ?

La situation ne semble donc pas près de s’arranger entre les populations serbes et albanophones au Kosovo, malgré les appels à la paix et au dialogue lancés par l’Union européenne. Une illustration de plus de la complexité des Balkans, une mosaïque de peuples marqués par de nombreux affrontements à travers l’histoire.

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