L’état des prisons en France : un constat dramatique
Quel est l’état des prisons en France ? Alors que la privation de liberté reste la peine la plus souvent prononcée pour les crimes et les délits les plus graves, l’augmentation de la population carcérale et le manque d’investissement public ont tendance à dégrader les conditions de vie des détenus et l’état des bâtiments. Un bilan en images.
La surpopulation carcérale et le mauvais état des prisons sont un sujet ancien en France, qui a valu à l’État d’être condamné officiellement par la Cour européenne des droits de l’homme en janvier 2020.
Selon les statistiques du ministère de la Justice, citées par France Inter, 74 513 personnes étaient incarcérées en France au 1er juillet 2023, soit une hausse de 2 446 détenus en un an. Les détenus sont répartis dans 188 établissements pénitentiaires situés sur l’ensemble du territoire.
Cependant, les détenus sous écrou ne forment pas la majorité des personnes suivies par l’administration pénitentiaire. Sur les 241 000 personnes prises en charge, près de 170 000 l’étaient en milieu ouvert en juin 2022, selon les statistiques ministérielles.
Avec un taux d’incarcération de 105 pour 100 000 habitants, la France se situait au-dessus de la moyenne européenne (101,8) en 2022. Mais ce niveau reste inférieur à celui de certains pays comme le Royaume-Uni (133) ou l’Espagne (116).
En France, la durée de détention moyenne est de 11 mois, toujours selon les statistiques officielles du ministère. Un chiffre encore une fois supérieur à la moyenne européenne (8,9 mois) mais très inférieur à la durée moyenne de certains pays comme l’Espagne (22 mois) ou l’Italie (19 mois).
26,5 % des détenus sont en réalité des prévenus placés en détention provisoire en attente d’un jugement définitif : plus d’un détenu français sur quatre est donc une personne toujours présumée innocente du crime ou du délit dont elle est accusée.
Un autre problème majeur du système pénitentiaire français est la surpopulation carcérale. La densité des prisons était de 118 % en 2022 (soit 118 détenus pour 100 places de prisons), contre 113 % un an plus tôt. Actuellement, ce taux d'occupation est passé à 122 %.
Selon ‘TF1’, cette densité est supérieure à 150 % dans 48 établissements du pays, et même à 200 % dans 8 d’entre eux : Rochefort, Saint-Brieuc, Perpignan, Carcassonne, Foix, Nimes, Remire-Montjoly et Majicavo. Des chiffres vertigineux qui interrogent sur les conditions de vie des détenus !
La surpopulation carcérale a des conséquences très concrètes : 2 478 détenus français n’ont par exemple pas de lit et doivent dormir sur des matelas posés à même le sol. Certains détenus dorment à plusieurs en cellule, ne disposant que d’un ou deux mètres carrés par personne.
En 2018, avant même la condamnation de la France par la justice européenne, le chef de l’État s’était engagé à construire 15 000 nouvelles places à l’horizon 2027 afin de désengorger les prisons.
Mais ce que le ministère de la Justice a présenté comme le programme immobilier pénitentiaire « le plus important de ces trente dernières années » a pris du retard. Selon les autorités, citées par ‘TF1’, « seules 2 000 places nettes ont déjà été mises en service » en 2021.
Une autre piste avancée pour réduire la densité des prisons et améliorer les conditions de détention est la « régulation carcérale ». Cette proposition issue des États généraux de la justice de 2022 consisterait à fixer un seuil de population maximal pour chaque établissement, qui serait respecté grâce à des mécanismes de libération de certains détenus.
Outre la surpopulation, la vétusté et l’insalubrité des locaux sont d’autres facteurs d’inquiétude. À cause d’un manque d’investissement dans les infrastructures, les prisons sont trop souvent froides ou humides, offrant des conditions de vie indignes à leurs résidents.
L’Observatoire international des prisons (OIP) a recueilli plusieurs témoignages alarmants de détenus français. Voici ce que dit l’un d’entre eux, cité par l’ONG Amnesty International : « J’ai fait plusieurs tentatives de s u i c i d e. Je n’en peux plus des rats, je n’arrive pas à dormir. Les cafards, les insultes entre détenus, j’ai peur. »
Par ailleurs, la prise en charge sanitaire des détenus est insuffisante dans les prisons françaises. Une situation que la pandémie de Covid-19 n’a fait qu’aggraver ces dernières années.
Un dernier problème est le défaut de préparation de la sortie de prison. Les activités proposées aux détenus sont insuffisantes, tout comme les possibilités de réinsertion une fois la peine terminée. Cette situation est un facteur majeur de récidive, tout comme la surpopulation carcérale.
Que faire alors pour remédier au mauvais état des prisons ? Plusieurs expériences étrangères réussies peuvent inspirer les autorités françaises. Par exemple, la limitation très stricte de la détention provisoire a permis une baisse continue de la population carcérale en Allemagne.
Une autre piste pour désengorger les prisons pourrait consister à aménager les peines. Par exemple, les Pays-Bas ne condamnent les auteurs de délits mineurs qu’à des amendes ou à des travaux d’intérêt général. Des aménagements pourraient aussi s’appliquer aux détenus qui ne présentent plus de risque majeur.
Concernant les conditions de vie des détenus, certains pays ont fait le choix, contrairement à la France, de construire des établissements plus petits. Placer les détenus dans des prisons à taille humaine diminuerait le risque de récidive.
Mais une amélioration réelle des conditions de vie en prison nécessite un investissement plus marqué dans tous les domaines : entretien des bâtiments, prise en charge médicale, agrandissement des espaces de vie, extension des activités proposées aux détenus… Une urgence pour les pouvoirs publics tant l’état des prisons françaises laisse à désirer !
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