L’incroyable parcours de Mikheïl Saakachvili, l’ancien président géorgien aujourd’hui en prison

Toujours en prison
Une période trouble
La loi sur les agents étrangers
Un parcours peu commun
Entre la Géorgie, l’Ukraine et les États-Unis
Son travail pour la démocratie
Une popularité croissante
Son propre parti
La Révolution des Roses
Président à 36 ans
Un équilibre entre l’Occident et la Russie
La crise d’Adjarie
Un chef d’État réformateur
Une tentative d’assassinat
La question des droits humains
La guerre d’Ossétie du Sud
Des territoires contestés
L’usure du pouvoir
Poursuivi par la justice
Une carrière politique en Ukraine
Apatride
Un retour fatal
Un état de santé préoccupant
Ciblé par la désinformation
Quel avenir ?
Pour la liberté
Toujours en prison

Aujourd’hui âgé de 56 ans, l’ancien président géorgien Mikheïl Saakachvili continue de purger une peine de prison pour un dossier qu’il a jugé « politique » dans un entretien accordé au Monde.

Une période trouble

Dans cette interview, donnée sous la forme de feuilles volantes transmises par son avocat au quotidien du soir, l’homme d’État a déploré le « changement de l’élan géopolitique » de son pays.

La loi sur les agents étrangers

En effet, le contexte actuel est marqué par l’adoption d’une loi controversée sur les agents étrangers, que ses détracteurs considèrent comme une dérive autoritaire inspirée par la Russie.

Un parcours peu commun

Homme politique ayant exercé des responsabilités importantes dans deux États, réformateur actuellement incarcéré dans son propre pays, Mikheïl Saakachvili a eu un parcours peu commun. Un retour en images.

Entre la Géorgie, l’Ukraine et les États-Unis

Né en 1967 à Tbilissi, dans une Géorgie qui appartient encore à l’Union soviétique, le futur chef d’État a vécu très jeune entre son pays et l’Ukraine, où il a poursuivi ses études avant de s’installer aux États-Unis.

Son travail pour la démocratie

D’abord avocat à New York, Saakachvili rentre en Géorgie dans les années 1990. Élu député, il se fait un nom à la tête du comité parlementaire chargé de démocratiser le pays en modifiant le système électoral, en installant une justice indépendante et en réformant la police.

Une popularité croissante

De plus en plus populaire dans son pays comme à l’étranger, le jeune homme politique est nommé ministre de la Justice dans le gouvernement d’Edouard Chevarnadze (sur la photo) en 2000. Il s’attaque à la réforme d’une justice corrompue et politisée et d’un système carcéral vétuste.

Son propre parti

Estimant que Chevarnadze ne souhaite pas combattre effectivement la corruption, Saakachvili démissionne de son poste ministériel en 2001 et fonde son propre parti, le Mouvement national uni (MNU).

La Révolution des Roses

En 2003, le gouvernement est accusé d’avoir truqué les élections et l’ancien ministre de la Justice prétend les avoir remportées. À l’issue de deux semaines de protestations pacifiques, connues sous le nom de « Révolution des Roses », le président se résout à démissionner.

Président à 36 ans

En janvier 2004, Mikheïl Saakachvili remporte les élections présidentielles et devient, à 36 ans, le plus jeune chef de l’État dans l’histoire de la Géorgie.

Un équilibre entre l’Occident et la Russie

Le président affirme l’ancrage occidental de la Géorgie en soutenant son adhésion future à l’Union européenne et à l’OTAN. Cependant, il souhaite aussi, dans un premier temps, maintenir de bonnes relations avec la Russie de Vladimir Poutine.

La crise d’Adjarie

Un vœu mis en cause la même année par la crise d’Adjarie, du nom d’une République autonome de l’ouest du pays, dirigée par un leader séparatiste pro-russe, et par les conflits armés qui opposent le gouvernement central au territoire dissident de l’Ossétie du Sud, à la frontière russe.

Un chef d’État réformateur

En politique intérieure, Saakachvili est un chef d’État réformateur, déterminé à lutter contre la corruption et la bureaucratie tout en favorisant le développement du pays par des mesures de libéralisation économique.

Une tentative d’assassinat

En 2005, il subit avec le président américain George W. Bush une tentative d’assassinat dans le Parc de la Liberté, à Tbilissi. Une grenade lancée vers les deux dirigeants atterrit dans la foule, loin du podium, mais n’explose pas.

La question des droits humains

Selon certains observateurs, le respect des droits humains aurait progressé sous Saakachvili par rapport à l’ère Chevarnadze. Néanmoins, plusieurs faits ont été dénoncés, comme les pressions sur les membres de l’opposition et les traitements infligés à certains prisonniers.

La guerre d’Ossétie du Sud

Après une crise politique majeure en 2007, l’année 2008 est celle de la réélection de Mikheïl Saakachvili, mais aussi de la guerre d’Ossétie du Sud. Suite à plusieurs accrochages, l’armée géorgienne donne l’assaut contre les milices séparatistes soutenues par la Russie au mois d’août.

Des territoires contestés

La Russie utilise ce prétexte pour envahir les territoires concernés et son armée défait les troupes géorgiennes en quelques jours. Tbilissi dénonce l’annexion de l’Ossétie du sud et de l’Abkhazie, que Moscou reconnaît officiellement comme des États indépendants.

L’usure du pouvoir

En 2013, Saakachvili quitte le pouvoir après la défaite de son parti aux élections législatives de l’année précédente. Usé par dix ans passés à la tête du pays, son clan subit une persécution judiciaire orchestrée par le nouveau Premier ministre pro-russe, Bidzina Ivanichvili (sur la photo).

Poursuivi par la justice

Exilé aux États-Unis, l’ancien président renonce à la nationalité géorgienne pour échapper aux poursuites et éviter l’emprisonnement. Accusé d’abus de pouvoir et de détournement de fonds, il fait l’objet d’une demande d’extradition de la part de la Géorgie.

Une carrière politique en Ukraine

À la même époque, l’homme politique mène une seconde carrière en Ukraine, où il devient gouverneur de l’oblast d’Odessa.

Apatride

Tombé en disgrâce sous le mandat de Petro Porochenko (sur la photo), qui fait de lui un apatride en lui retirant la nationalité ukrainienne et qui menace de l’extrader vers la Géorgie, il fait son retour après l’élection de Volodymyr Zelensky.

Un retour fatal

Revenu volontairement en Géorgie en octobre 2021, Saakachvili est arrêté immédiatement et doit purger une peine de plusieurs années de prison, malgré les manifestations de soutien et les tentatives de la diplomatie ukrainienne pour le faire libérer.

Un état de santé préoccupant

L’homme politique entame une grève de la faim en 2022. La même année, il est rapporté qu’il aurait été empoisonné, ce qui laisse présumer une vengeance politique et une implication de la Russie.

Ciblé par la désinformation

Souvent présenté par les médias russes comme un dictateur fou et l’auteur d’un génocide contre les Ossètes, Saakachvili fait l’objet de campagnes régulières de désinformation, qui ont également touché son ancien conseiller, Raphaël Glucksmann, candidat aux élections européennes de 2024 en France.

Quel avenir ?

Quel est l’avenir de Mikheïl Saakachvili, toujours incarcéré sans espoir de remise en liberté immédiate ? Si certains espèrent son retour en politique en Géorgie ou en Ukraine, d’autres craignent pour la vie d’une personnalité menacée et faiblement protégée.

Pour la liberté

Mais, quel que soit son futur personnel, l’homme d’État n’entend pas renoncer à ses idéaux. Dans l’entretien qu’il a donné au Monde, il a appelé la jeunesse de son pays et d’ailleurs à « se battre pour la liberté ».

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