Samy Naceri : portrait de l'enfant terrible du cinéma français

À l’occasion de son soixante-et-unième anniversaire, revenons sur l’histoire de Samy Naceri, aussi connu pour sa vie d'acteur que pour ses frasques diverses. Propulsé sur le devant de la scène grâce à son rôle dans la série de films "Taxi" où il incarne un fou du volant au grand coeur, Samy Naceri a ensuite diversifié sa palette d'acteur tout en alimentant régulièrement la chronique judiciaire. Portrait.

Samy Naceri, né Saïd Naceri à Paris le 2 juillet 1961, grandit à Fontenay-sous-Bois en banlieue parisienne, au milieu d'une fratrie de six enfants. Son père peintre en bâtiment est kabyle et sa mère normande. C’est avec son frère Larbi, dit Bibi, qu'il commence à faire les quatre cents coups, tout en rêvant d’échapper à ce quotidien difficile.

Lorsqu’il a 16 ans, son père retourne vivre en Algérie. Samy Naceri abandonne donc ses études et vit de petits boulots. Mais en 1984, alors âgé de 24 ans, il est condamné à quatre ans de prison ferme, après avoir été arrêté lors d'un braquage, le tout au volant d’une voiture volée.

En purgeant sa peine, le jeune homme rêve de gloire et de cinéma. Quand il sort de prison, il décide de se ranger et de se tourner vers la comédie. Ses parents ne sont pas vraiment convaincus. "Lâche l'affaire ! Redescends sur terre !”, lui disent-ils, comme l'a raconté l'acteur au 'Point'.

Il décide alors de changer de prénom. Saïd devient Samy. Le jeune homme travaille aussi sur son image, notamment en changeant de style et en s'habillant avec des marques de luxe comme Lanvin.

Pendant plusieurs années, il est seulement figurant. Mais en 1994, il obtient son premier petit rôle : un policier cagoulé dans “Léon” de Luc Besson. C’est là que les deux hommes se rencontrent pour la première fois. Ils se côtoient de nouveau lors du tournage du clip “Né sous la même étoile” du groupe de rap IAM.

En 1995, il obtient un rôle plus important dans “Raï” de Thomas Gilou, où il se fait remarquer par la critique au Festival du film de Locarno. Rapidement, il obtient alors son premier rôle principal avec “Coup de Vice” de Patrick Levy. En 1997, il joue aux côtés d'Ophélie Winter dans “Bouge !”, un film emblématique des années 1990.

(Image : capture écran du film "Bouge !")

En 1998, Luc Besson lui offre le rôle principal dans son film “Taxi”, qui va faire véritablement décoller sa carrière. Samy Naceri y joue Daniel Morales, un jeune chauffeur de taxi marseillais passionné de voitures et véritable fou du volant, dont la compagne est interprétée par Marion Cotillard. Le film réalise 12 millions d'entrées au box-office. Pour ce rôle, Samy Naceri est nommé meilleur espoir masculin aux Césars. Le début de la gloire !

Le premier volet de la série est un tel succès qu’il permet la production de la suite, “Taxi 2”, en 2000. Samy Naceri enchaîne les tournages à cette époque : “Le Petit Poucet”, “Nid de guêpes” ou “La Mentale”, entre autres. En 2001, il joue dans un téléfilm de TF1, “L'Aîné des Ferchaux”, aux côtés de l'icône Jean-Paul Belmondo.

Malgré tous ces succès, Samy Naceri est rattrapé par ses vieux démons. En 2000 puis en 2003, il est condamné pour injures à l'encontre d'une hôtesse de l'air, infraction au Code de la route et agression contre un automobiliste.

Dans ce troisième volet, Sylvester Stallone fait une apparition, pour le plus grand bonheur du public. Le film réalise 2 251 493 entrées dès sa première semaine d'exploitation et cumule plus de 6 millions d'entrées. Samy Naceri est alors au sommet de sa carrière et il est demandé pour de nombreux tournages.

En 2006, Samy Naceri est récompensé au festival de Cannes aux côtés de Jamel Debbouze, Roschdy Zem et Sami Bouajila. Il obtient le prix d'interprétation masculine pour son rôle dans “Indigènes”, de Rachid Bouchareb, un film historique sur le rôle des soldats nord-africains durant la Seconde Guerre mondiale.

En 2007, il est condamné à dix mois de prison ferme pour l'agression d'une styliste de “Von Dutch”, arrivée en retard à un rendez-vous. Cette condamnation lui vaudra de perdre le rôle principal dans la première version théâtrale française d’ “Orange mécanique”.

Sorti en 2007, le quatrième volet de "Taxi" est jugé très sévèrement par la critique. L'absurdité du scénario et l'absence de scènes de courses automobiles ont été largement dénoncées. Marion Cotillard a quitté la série, occupée à tourner “La Môme”, dont le succès retentit à travers le monde. La franchise "Taxi" semble à bout de souffle.

(Image : capture écran du Taxi 4 !")

En 2008, alors qu'il tourne dans “Des poupées et des anges”, il est condamné pour avoir causé un accident en conduisant sans permis. Après ce film, il commence à être de plus en plus absent des plateaux de tournage. L'heure de Samy Naceri a-t-elle tourné ?

En 2011, après s'être fait remarquer au Festival de Cannes, Samy Naceri est interné d'urgence en psychiatrie à Nice à la demande de sa compagne. Il y restera quinze jours, avant d’être transféré à la prison de la Santé pour des faits commis en 2009, où il bénéficiera d'une chambre VIP. En 2012, il sort avec un bracelet électronique.

Après sa sortie de prison en 2012, Naceri tourne dans “Tip Top” de Serge Bozon, avec Isabelle Huppert, Sandrine Kiberlain et François Damiens. Son étreinte avec Isabelle Huppert est l'une des scènes phare de cette comédie. Le film est sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes 2013.

En 2014, Sami Naceri joue le rôle de Murph dans la pièce “L'Indien cherche le Bronx” d'Israël Horovitz. Dans “Le Point”, il raconte : “c’est le rêve et le kiff de jouer une super-pièce ! C'est génial !”.

En 2015, il accepte de jouer pour une jeune réalisatrice, Sandra Kobanovitch, le rôle d'un ancien détenu en réinsertion dans le court-métrage “Heliopsis”. Le documentaire “lui parlait et il s'y retrouvait”, constate la réalisatrice dans Le Parisien. Un rôle qui semble taillé sur mesure pour lui...

En 2016, l’acteur se convertit au rap, dans une chanson et un clip qui font de lui la risée de la toile. Dans “Une seconde chance”, on le voit déguisé en chasseur, armé d'un fusil de chasse et déambulant en pleine forêt. “Ça change un peu des boîtes de nuit et des étiquettes qu'on a voulu me coller jusqu'à maintenant”, se défendait-il à l'époque. Le clip n’en demeure pas moins gênant quoiqu'assez drôle.

(Capture d'écran Youtube du clip)

En 2017, il obtient un rôle dans le film "Alibi.com". La même année, il est en tête d’affiche du court-métrage “Je voulais te dire”. En 2018, il est à l'affiche du film “Identités” et il tourne dans les films “Force et Honneur” et “Ali et Baba”. En 2019, il apparaît dans la série "Olivia", avec Laetitia Milot.

En 2018, le cinquième épisode de “Taxi” est tourné sans Samy Naceri. Bien que le film ait fait un flop au box-office, l’acteur enchaîne les interviews, où il ne décolère pas d’avoir été évincé. “Ils ont essayé de me la faire à l'envers”, déclare-t-il dans Télé Loisirs. Il affirme que l’équipe de réalisation a eu besoin de lui uniquement pour “cautionner leur Taxi 5", sans même lui faire lire le scénario.

Ses déboires judiciaires incessants ont largement freiné sa carrière. Mais Samy Naceri a assuré qu’il avait changé à l'occasion de soixantième anniversaire l'an dernier. "À 60 piges, t'es sage, tu te calmes pour la troisième mi-temps. Et si t'es en forme, tu peux jouer jusqu'à 90 ans !", a-t-il alors déclaré au journal 'Nice Matin'.

Bien décidé à se reprendre en main et à revenir sur le devant de la scène, l’acteur désormais sexagénaire enchaîne les tournages… à Hollywood ! Il apparaît notamment dans "Redemption Day” aux côtés d'Andy García. Il a aussi tourné dans un documentaire-fiction, “American Bad*ss”, avec Charly Sheen, Emma Thurman, ou John Travolta. “Ce n'est pas une nouvelle vie, mais une nouvelle étape dans ma carrière. Un nouvel atout”, conclut-il.

(Capture d'écran du compte Instagram de Samy Naceri)

Cette année, Samy Naceri a été honoré par le Festival international cinéma et migrations d'Agadir. Une distinction qui a ému l'acteur : "Pour la première fois de ma vie, je suis honoré et c'est au Maroc", a déclaré le franco-algérien en recevant le prix. Qu'on l'apprécie ou non, nul doute que Naceri détonne dans le paysage du cinéma français !