Chroniqueuse chez Cyril Hanouna et avocate de l'union de la gauche, Ségolène Royal est toujours aussi active à 70 ans
Ancienne ministre, ex-compagne de François Hollande et candidate socialiste à l'élection présidentielle de 2007, Ségolène Royal a fait ses débuts comme chroniqueuse dans l'émission "Touche pas à mon poste" animée par Cyril Hanouna.
En parallèle, la femme politique plaide pour une liste unique d'union de la gauche aux élections européennes de 2024, dont elle prendrait naturellement la tête. Une initiative appuyée par le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon.
Comme l'indique le journaliste Olivier Pérou, cité par 'RTL' : "Ségolène Royal est une influenceuse. Son retour politique est une réussite. (...) Personne aujourd'hui à gauche, à part Jean-Luc Mélenchon et François Hollande, n'est capable d'avoir, comme Ségolène Royal, cette force de frappe médiatique et cette capacité à perturber le jeu."
Mais Ségolène Royal, c’est aussi un parcours riche et original dans la vie politique française. Née en 1953 au Sénégal, elle est la fille d’un officier de marine et la quatrième d’une fratrie de huit enfants.
Installé avec sa famille dans les Vosges après son retour en métropole, le père de Ségolène Royal est un homme très strict au point que sa femme finit par le quitter avec ses enfants. La future ministre rompt ses liens avec son père et poursuit une brillante scolarité.
Ses études sont couronnées par une admission à l’ENA, l’école de formation des hauts fonctionnaires français, dont elle sort en 1980 dans la fameuse promotion Voltaire qui compte de nombreuses autres personnalités politiques connues. Son parcours a d’ailleurs inspiré l’un des personnages de la mini-série « L’École du pouvoir », sortie en 2009.
C’est d’ailleurs à l’ENA que Ségolène Royal rencontre le futur président de la République François Hollande qui intègre comme elle le Parti socialiste à cette époque. Jamais marié, le couple aura quatre enfants avant de se séparer en 2007.
La carrière de Ségolène Royal accélère avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981. De 1982 à 1988, elle est conseillère du président de la République François Mitterrand à l’Élysée, d’abord en charge de la jeunesse et des sports, puis des affaires sociales et de l’environnement. Des débuts au sommet !
François Mitterrand est réélu en 1988 et lors de sa cérémonie d’investiture, Ségolène Royal lui demande une circonscription pour être élue députée lors d’une séquence filmée restée dans la légende. Élue dans le département des Deux-Sèvres, elle sera réélue députée sans interruption jusqu’en 2007.
La députée est appelée au gouvernement de Pierre Bérégovoy de 1992 à 1993 pour prendre le portefeuille de l’Environnement. Les mesures-phares qu’elle met en œuvre sont une loi sur le traitement des déchets et une autre loi contre les nuisances sonores.
Mais sa première expérience ministérielle est aussi marquée par une médiatisation croissante de sa personnalité. Afin de montrer la compatibilité de la maternité avec ses responsabilités, elle fait venir les caméras dans sa chambre d’hôpital lorsqu’elle accouche de son quatrième enfant, ce qui fait grincer quelques dents dans la majorité socialiste.
La gauche revient au pouvoir en 1997 dans un gouvernement de « cohabitation » dirigé par Lionel Jospin. Celle qui est désormais une figure notable du PS est nommée ministre déléguée à l’Enseignement scolaire, sous l’autorité du ministre de l’Éducation nationale Claude Allègre (sur la photo), avec lequel les relations ne sont pas toujours au beau fixe.
Son passage est marqué par une série de réformes de l’enseignement scolaire, comme la relance des zones d’éducation prioritaires pour les enfants défavorisés, le lancement d’heures de soutien scolaire ou la lutte contre la violence à l’école et contre la pédophilie.
De 2000 à 2002, Ségolène Royal est ministre déléguée à la Famille et à l’Enfance, placée auprès de Martine Aubry puis d’Élizabeth Guigou. Elle profite de son passage pour réformer, entre autres, l’accouchement sous X, et pour instaurer le congé paternité.
Alors que la droite est revenue au pouvoir, Ségolène Royal devient une élue locale importante en 2004 en arrachant la présidence de la région Poitou-Charentes, fief du Premier ministre de l’époque, Jean-Pierre Raffarin. Elle reste dix ans à la tête de cette collectivité.
Mais avec le recul, le bilan de Ségolène Royal en Poitou-Charentes apparaît mitigé, entre le soutien sur fonds publics à des entreprises qui n’étaient pas en mesure de se redresser et une politique ambitieuse, mais très dépensière. Selon certains observateurs, c’est uniquement la fusion de cette région avec l’Aquitaine et le Limousin qui lui a évité de graves difficultés financières.
Ségolène Royal a longtemps aspiré à un destin national. En 2006, contre toute attente, la compagne du premier secrétaire du PS François Hollande est désignée par les militants du parti pour être candidate à l’élection présidentielle de 2007. Les autres prétendants Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn sont battus et Lionel Jospin renonce à faire un come-back.
Sa campagne est marquée par certaines bourdes qui lui valent des sarcasmes, mais aussi par un lien très fort avec ses militants et par des prises de position originales. Ségolène Royal se fait aussi remarquer par le lancement de la structure « Désirs d’avenir », le fer de lance de la démocratie participative qu’elle appelle de ses vœux.
Avec près de 26% des voix au premier tour, Ségolène Royal est la première femme à se qualifier pour le second tour d’une élection présidentielle en France. Mais son adversaire Nicolas Sarkozy domine le débat d’entre-deux-tours et l’emporte finalement avec plusieurs points d’avance. Au soir de sa défaite, Royal évoque « d’autres victoires » à venir…
L’année suivante, la présidente de la région Poitou-Charentes brigue le poste de premier secrétaire du Parti socialiste pour succéder à François Hollande. Mais elle est battue de justesse par Martine Aubry, au cours d’un scrutin dont les modalités ont été très controversées. Le début du déclin de Ségolène Royal au niveau national ?
En tout cas, la femme politique n’a pas encore renoncé à devenir présidente de la République. En 2011, elle se lance dans la primaire socialiste qui l’oppose à François Hollande, Martine Aubry et Arnaud Montebourg, mais elle arrive en quatrième position, loin derrière eux. Ses larmes devant les caméras le soir du résultat ont marqué l’opinion et enterré définitivement ses ambitions présidentielles.
Battue aux élections législatives et moins influente au PS, Ségolène Royal connaît une traversée du désert à partir de 2012 malgré le retour de la gauche au pouvoir et l’arrivée du père de ses enfants à l’Élysée. François Hollande la nomme tout de même à la tête de la Banque publique d’investissement qu’il vient de créer.
Mais Ségolène Royal revient au gouvernement par la grande porte en 2014 et redevient ministre de l’Environnement, plus de vingt ans après avoir assumé une première fois ces responsabilités. Sa loi sur la transition énergétique votée en 2015 vise à réduire la part du nucléaire à 50 % de la production énergétique française à l’horizon 2025.
Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius ayant été nommé au Conseil constitutionnel, Ségolène Royal reprend la présidence de la COP 21 chargée de mettre en œuvre les Accords de Paris sur le climat. Un moment fort pour l’écologie au niveau mondial, avec un objectif de limiter à 2 degrés le réchauffement climatique d’ici à la fin du siècle.
Sous le mandat d’Emmanuel Macron, Ségolène Royal a été nommée ambassadrice chargée des négociations internationales concernant les pôles arctique et antarctique. Mais en 2019, il est révélé qu’elle n’a jamais assisté à une réunion du Conseil de l’Arctique et qu’elle utiliserait en outre ses fonctions à des fins personnelles. Une enquête préliminaire a été ouverte contre elle, finalement classée sans suite.
Avec un charisme indéniable mais aussi une attitude qui lui vaut parfois de vives critiques, Ségolène Royal fascine autant qu’elle agace. Près de trente livres ont été écrits sur elle au cours de sa carrière, certains à charge et d’autres pour la soutenir, preuve qu’elle ne laisse personne indifférent.
Alors, Ségolène Royal a-t-elle un avenir politique à 70 ans ? Les futures négociations entre les partis de gauche en vue des élections européennes donneront une idée plus précise de sa capacité à peser et à influencer le débat.