Omar Sy fête ses 45 ans avec la sortie de son nouveau film, "Tirailleurs"
Alors qu'il a fêté ses 45 ans ce vendredi 20 janvier, Omar Sy revient avec un nouveau film, "Tirailleurs", qui raconte l’histoire des tirailleurs sénégalais, ce corps militaire originaires de divers pays d'Afrique. Ces hommes ont combattu en France durant la guerre de 1914-1918 et la majorité d'entre eux ont été enrôlés de force, sans même parler français.
"Tirailleurs" avait été présenté au Festival de Cannes 2022, en ouverture de la section "Un Certain Regard". "Nous n'avons pas la même mémoire mais nous partageons la même histoire", avait lancé Omar Sy avant la projection de son film.
En 1917, Bakary Diallo incarné par Omar Sy, s’enrôle dans l’armée française pour rejoindre son fils Thierno de 17 ans, joué par Alassane Diong. Tous deux envoyés au front, ils partent donc à la guerre ensemble, se retrouvant dans les tranchées d’un pays qu'ils ne conaissent pas. Tandis que son fils prend du galon, car il est apprécié du lieutenant, le père essaye de s’échapper et d’embarquer son fils pour retourner sain et sauf dans le village peul duquel ils ont été arrachés.
Mathieu Vadepied et Omar Sy se sont rencontrés il y a plus dix ans sur le tournage du film "Intouchables". Le réalisateur était chef-opérateur, et Sy jouait le mythique Driss. Ici, Omar Sy interprète son rôle dans sa langue maternelle. “Le peul, c’est mon histoire, c’est la langue de mes parents. J’ai été élevé à travers cette langue-là”, a-t-il raconté à l’issue de la projection à Cannes.
Depuis plusieurs années maintenant, Omar Sy est l’un des acteurs préférés des Français. Qu’on le retrouve dans des rôles comiques ou plus graves, il est toujours d’une extrême justesse. Mais connaissez-vous bien Omar Sy ? On vous raconte tout !
Fils d’un ouvrier sénégalais et d’une mère femme de ménage, Omar Sy a grandi au sein d’une famille de huit enfants. Son père arrive en France en 1962 et sa famille le rejoint quelques années plus tard à Trappes, dans les Yvelines.
C’est justement à Trappes qu'Omar rencontre Jamel Debbouze, son aîné de trois ans. Il était ami avec son frère Karim, qu’il rencontre au CP. "La première fois que j’ai vu Jamel, je devais avoir six, sept ans", raconte-t-il dans Le Monde.
"C’est vraiment lui (Jamel) le départ. Je n’aurais pas fait connaissance avec ce métier, avec cette possibilité de faire rire le plus grand nombre, s’il ne m’y avait pas amené", confie Omar Sy dans Le Monde. À Trappes, "au bord d’un terrain de foot – parce que, tous les deux, on est de très mauvais joueurs", évoque Omar Sy, il le fait rire. Et quand Jamel, quelque temps après, a besoin d’un invité pour le pilote de l'émission KX sur Radio Nova, il invite Omar Sy : "Parce qu’il n’a personne d’autre". Cette première émission est un succès et Jamel l’autorise à venir quand il veut après le lycée.
C’est à cette époque que Omar Sy rencontre Fred Testot, qui travaille avec Éric et Ramzy, qui eux cartonnent déjà. Les deux jeunes hommes s’entendent très bien et commencent à travailler sur des sketchs. "Je vois ce mec-là qui me fait déjà beaucoup rire avec la blague de l’ascenseur. Il y avait une porte avec un hublot, il se mettait derrière et il faisait l’ascenseur. Ce qui m’a marqué chez lui, c’est que cette blague, tout le monde la connaît, mais lui, à la fin, il faisait l’ascenseur qui s’arrête !", raconte Omar Sy.
Ce duo fraîchement formé est recruté par Jamel Debbouze pour l'émission "Le Cinéma de Jamel". Omar et Fred se retrouvent à Cannes, avec un scooter pour deux, une chambre pour deux et même… un salaire pour deux ! Le jour, Omar est sur les plateaux, le soir, il est dans les fêtes. Alors, bien qu’il ait amené son sac de cours pour réviser son bac, il ne l’ouvre jamais, "évidemment. Je découvre la télé, faire rire, ce monde hyper agréable, grisant. Je me dis, c’est une parenthèse. Je ne sais pas combien de temps elle va durer, mais, après, je passerai le bac et je retournerai dans ma vie", se confie-t-il au Monde.
Omar rate son bac. Pas grave, il se dit qu’il le repassera l’année suivante en candidat libre. Mais son duo avec Fred commence à faire parler de lui, alors il décide de le suivre. Dès lors, ils créent l'émission "Le Visiophon" et enchaînent les projets et sketchs à la télévision mais aussi sur scène : "Je ne fais pas mon âge", "Service après-vente des émissions", "Omar et Fred : le spectacle".
(Capture d'écran du spectacle "Omar et Fred le spectacle")
En 2000, Omar et Fred obtiennent un petit rôle au cinéma dans le film d’Éric et Ramzy, "La Tour Montparnasse infernale" de Charles Nemes. En 2002, Omar Sy décroche un rôle dans "Le Raid", deuxième long métrage du réalisateur Djamel Bensalah.
L'acteur enchaîne ensuite les petits rôles dans des films qui sont des échecs commerciaux : "Le Boulet" d'Alain Berberian et Frédéric Forestier et "Samouraïs" de Giordano Gederlini. En 2003, il côtoie Vincent Desagnat, avec lequel il joue dans "La Beuze", de François Desagnat et Thomas Sorriaux, où Michaël Youn tient le rôle principal. En 2004, il collabore avec Fred Testot au film de Charles Nemes, "Le Carton". Puis en 2005, il collabore au film "Il était une fois dans l'oued" du même réalisateur.
À partir de 2005, le "Service après-vente des émissions" est adapté sur Canal +, dans "Le Grand Journal" de Michel Denisot. Chaque sketch s’ouvre sur leur célèbre phrase "Service après-vente, bonjour !", prononcée par l’un des deux protagonistes. Le second joue un personnage qui demande en général confirmation d'un fait divers, que le SAV confirme ou non.
En 2006, Omar Sy obtient son premier rôle important au cinéma, dans “Nos jours heureux” d’Éric Toledano et Olivier Nakache. Il y joue un moniteur de colonie de vacances. Le film sera l’un des plus gros succès de l'été 2006.
En 2007, Omar Sy épouse Hélène, avec laquelle il aura cinq enfants. "On s'est rencontrés par l'intermédiaire d'une amie artiste qui vivait chez moi, dans un appartement des Buttes-Chaumont. Omar et elle étaient copains de lycée. (…) Ils avaient rendez-vous, mais elle n'était pas là, c'est donc moi qui l'ai accueilli", raconte-t-elle dans Gala. Depuis 20 ans, le couple file le parfait amour.
Entre 2008 et 2011, Omar Sy fait une série d'apparitions dans des films à succès. En 2008, on le retrouve dans le nouveau film d’Éric et Ramzy, "Seul Two", au côté de son acolyte Fred Testot. Il collabore ensuite au film d’un autre couple-phare de Canal +, Olivier Baroux et Kad Mérad (Kad et Olivier), dans "Safari". Puis la même année, il obtient de nouveau un rôle d’envergure dans "Tellement proches", où il joue Bruno, un jeune médecin confronté au racisme ordinaire.
En 2009, il enchaîne les rôles : "Envoyés très spéciaux" de Frédéric Auburtin et "King Guillaume" de Pierre-François Martin-Laval. Mais cette année marquera aussi son dernier rôle au cinéma avec Fred Testot, dans "La Loi de Murphy" de Christophe Campos. En 2010, il joue dans le préambule du DVD du spectacle de Florence Foresti "Motherfu*ker". Il y incarne un chauffeur de taxi, largement inspiré du personnage de Doudou du "Service après-vente des émissions". Puis en 2011, il apparaît dans "Les Tuche", d'Olivier Baroux.
L’année 2011 marque la consécration de l’acteur, avec son rôle dans la comédie dramatique, “Intouchables”, d’Éric Toledano et Olivier Nakache. Omar Sy y incarne un jeune homme d’une trentaine d'années qui a grandi en banlieue. Il devient l'auxiliaire de vie d’un riche homme riche et tétraplégique joué par François Cluzet.
Le film connaît un succès considérable : 19 millions de spectateurs et premier rang du box-office français en 2011. Suite à ce succès, Sy devient alors la personnalité préférée des Français selon l’IFOP, derrière Yannick Noah et Zinédine Zidane.
Pour son rôle dans "Intouchables", Omar Sy obtient le Prix du meilleur acteur ex-æquo avec François Cluzet au Festival international du film de Tokyo et le César du meilleur acteur lors de la 37e cérémonie des Césars en 2012 : il est le premier acteur noir à se voir décerner cette récompense.
En 2012, Canal + arrête la diffusion du "Service après-vente des émissions". Omar Sy prend le large et part vivre à Los Angeles avec sa famille. Il y suit des cours d’anglais intensifs. Dans le même temps, il est à l’affiche de la comédie "Les Seigneurs" d'Olivier Dahan, où il joue Wéké N’Dogo, un footballeur. Il joue également dans "Mais qui a retué Pamela Rose ?" d'Olivier Baroux et Kad Merad.
En 2012, Omar Sy est élu personnalité préférée des Français, d’après un classement du 'Journal du dimanche'. Il passe ainsi devant Gad Elmaleh. Yannick Noah, quant à lui, est relégué à la troisième position.
La même année, il partage la tête d’affiche du film "De l'autre côté du périph" de David Charhon avec Laurent Lafitte. Il y joue un policier, Ousmane Diakhaté. Le film fait la lumière sur le choc des cultures et de deux classes sociales différentes
À partir de mars 2013, Omar Sy décroche une série de rôles dans de grosses productions. Dans “X-Men: Days of Future Past”, il interprète le rôle du mutant Bishop. La même année, le voilà dans “Good People”, face à deux acteurs de renom outre-atlantique, James Franco et Kate Hudson.
Omar Sy continue en parallèle à jouer en France, où on le retrouve dans la comédie dramatique “Samba” au côté de Charlotte Gainsbourg. Il y interprète un jeune immigré, qui tente de se faire une place dans Paris.
En 2015, Omar Sy se retrouve dans le film au succès mondial, “Jurassic World”, quatrième volet de la saga “Jurassic Park”. Mais comme on ne peut pas être gagnant à tous les coups, la comédie dramatique “À vif” dans laquelle il apparaît la même année fait un flop, malgré la présence de Cooper et Sienna Miller.
L'année suivante, l'acteur revient dans un autre film français qui aura plus de succès, “Chocolat”, de Roschdy Zem, où il prendra le visage du clown Rafael Padilla. Pour la seconde fois, il est élu par un sondage IFOP personnalité préférée des Français et passe devant l’icône, Jean-Jacques Goldman.
En octobre 2016, il est à l'affiche du blockbuster "Inferno" de Ron Howard, troisième volet de la saga de Robert Langdon ("Da Vinci Code", "Le symbole perdu") et incarné par Tom Hanks. Quelques mois plus tard, il tiendra le rôle principal dans la comédie dramatique "Demain tout commence", d'Hugo Gélin.
Mais entre 2017 et 2020, tous les films français dans lesquels il joue sont des échecs commerciaux. Citons "Knock", "Le Flic de Belleville", "Yao" ou "Le Prince oublié". En 2020, il joue au côté d'Harrison Ford dans "L'Appel de la forêt", un des rares succès de l’année en raison de la pandémie mondiale.
En janvier 2021, on le retrouve dans "Lupin", sur Netflix. On y suit les aventures d’Assane Diop, un gentleman cambrioleur qui s’inspire des récits écrits par Maurice Leblanc, “Arsène Lupin”.
(Capture d'écran Netflix de la série "Lupin")
Le succès de la première saison de la série dépasse largement nos frontières, elle est d’ailleurs devenue le plus grand succès international français. La preuve, elle est classée dans le Top 10 de Netflix dans de nombreux pays, tels que le Royaume-Uni ou les États-Unis.
(Capture d'écran Netflix de la série "Lupin")
Selon les statistiques de Netflix, "Lupin" a été regardé par 76 millions de foyers à travers le monde, le tout dans les 28 jours suivant sa sortie. La série détrône ainsi la série espagnole à succès, "La casa de papel", série non anglophone la plus populaire de la plateforme. "Lupin" se classe numéro 1 dans une dizaine de pays, dont les États-Unis.
Ce succès, "Lupin" le doit à la fois au jeu d’acteur d’Omar Sy, mais aussi à son casting - Ludivine Sagnier, Hervé Pierre, Clotilde Hesme, Antoine Gouy, Shirine Boutella, Soufiane Guerrab… -, ou encore à la manière dont sont exploités les lieux phares de la capitale - Musée d'Orsay, catacombes, Théâtre du Châtelet -.
Concernant le personnage de Lupin, Omar Sy explique sur France Inter : "Lorsqu'on lit Arsène Lupin, Maurice Leblanc racontait sa vision du Français idéal, sa vision fantasmée de ce qu'est un Français. Un Arsène Lupin un peu anarchiste, léger, grand séducteur, voleur mais avec classe et panache, son petit goût pour le champagne… Assane Diop, mon personnage, c'est un peu tout, c'est un personnage qui est bon à rien mais moyen en tout, et qui a surtout compris comment la société fonctionne".
La seconde saison, sortie à peine quelques mois après la première, présent des épisodes plus sombres, même si la série continue de s'adresser au grand public. Assane Diop y poursuit sa quête pour tenter de faire la lumière sur ce qui est arrivé à son père.
Petit détail amusant : pour le trailer sur Twitter et Instagram, Omar Sy est digne du personnage qu’il incarne. Après s’être glissé dans la peau d’un colleur d’affiches dans le métro parisien pour la promotion de la saison 1, Assane Diop se faufile en arrière-plan des photos postées par les joueurs de l’équipe française de football. Omar Sy y ajoute la phrase fétiche de son personnage : "Je pense que vous avez vu, mais vous n’avez pas regardé."
(Capture d'écran Netflix de la série "Lupin")
Dans une interview accordée au Parisien le 19 mai 2021, il confiait : "À chaque fois que je joue un père, ma relation change avec mes enfants. Et ma relation de fils change avec mon père. Ça m’aide parce que je vis à travers mes personnages des expériences que je n’ai pas vécues dans ma propre vie. Je me mets à me poser des questions à travers mes personnages. Ça me nourrit en tant qu’homme et ça vient toujours remuer deux trois petites choses." Un discours digne des plus grands acteurs. Et autant dire que son rôle dans les 'Tirailleurs', qu'il vient de présenter à Cannes, risque d'avoir un impact important sur l'homme sensible qu'il est...