Michel Denisot : l’homme qui a fait Canal+
Michel Denisot a eu 78 ans ce dimanche 16 avril 2023. L’occasion de revenir sur le parcours brillant et original d’un homme qui, parti de rien, a navigué toute sa vie dans les plus hautes sphères de la télévision et du sport. L’essentiel en images.
Né dans l’Indre, dans le centre de la France, Michel Denisot est un mauvais élève et quitte l’école sans diplôme. Il fait ses débuts comme pigiste dans la presse locale dès l’âge de quinze ans, et devient journaliste dans des antennes régionales de l’ORTF, l’unique chaîne de télévision française de l’époque.
Après avoir rejoint l’équipe du célèbre jeu « Le Schmilblic », Denisot s’installe à Paris en 1972 et rejoint l’ORTF comme homme à tout faire. Le futur présentateur commence par des tâches ingrates mais il parvient à se faire une place dans l’endroit idéal pour lancer sa carrière dans l’audiovisuel.
Après un passage sur la nouvelle troisième chaîne de l’ORTF (la future France 3), le jeune journaliste revient sur TF1 en 1975. Il y co-présente le Journal de 13 heures avec des animateurs prestigieux comme Yves Mourousi.
Mais Michel Denisot est aussi un grand passionné de sport, et tout spécialement de football. Il intègre le service des sports de TF1 en 1977 où il animera notamment l’émission « Téléfoot », tout en commentant certaines affiches prestigieuses du ballon rond.
À la suite d’un changement de direction à la tête de TF1, le présentateur quitte la chaîne et fait partie de l’équipe qui lance Canal+, la chaîne cryptée nouvellement créée. Denisot fera partie des « historiques » d’une maison dans laquelle il passera une grande partie de sa vie professionnelle.
Michel Denisot présente plusieurs formats précurseurs sur Canal+, comme le « 7/9 », la première émission matinale de France et la toute première diffusée sur cette chaîne. Dans les années 1990, on le retrouve dans « La Grande Famille » où Jean-Luc Delarue lui succède, et dans « Télés Dimanche », la première émission consacrée aux médias durant laquelle il lance son protégé Marc-Olivier Fogiel.
En parallèle de ses activités à la télévision, Michel Denisot a dirigé des clubs professionnels de football pendant plus de vingt ans. Ce sera d’abord un retour aux sources, à la tête de la Berrichonne de Châteauroux, de 1989 à 1991. Sous son impulsion, le club se professionnalise et monte en deuxième division.
En 1991, le présentateur reprend les rênes d’une étoile montante du football français : le Paris Saint-Germain. Le club attire alors des stars, comme le brésilien Rai ou le futur Ballon d’or George Weah (sur la photo), et se construit un véritable palmarès en remportant le championnat de France 1994 et la Coupe des coupes 1996.
Pour les supporters du club, « l’ère Denisot » est celle d’un âge d’or du PSG, à une époque où cette formation ne disposait pas des moyens financiers presque illimités du Qatar. Mais malgré ces résultats probants, le dirigeant est débarqué en 1998.
De 2002 à 2008, Michel Denisot reprend la tête du club de Châteauroux qui parvient en finale de la Coupe de France en 2004. Redevenu président de la Berrichonne pour la troisième fois en 2021, il quitte ses fonctions le 15 avril 2023.
Homme de télévision et de sport, Michel Denisot cultive également des relations en politique. En 1995, il publie un livre d’entretiens avec Nicolas Sarkozy, alors ministre et partisan du candidat malheureux à la présidentielle Édouard Balladur. Les deux hommes sont restés très amis depuis cette date.
En 1998, ce visage familier du petit écran quitte la présentation pour occuper des postes de direction à Canal+ pendant quelques années. Directeur des sports de la chaîne et président d’Eurosport, il grimpe les échelons jusqu’à devenir directeur général adjoint du groupe Canal+.
Mais Michel Denisot revient à l’écran en 2004 avec une nouvelle émission quotidienne, « Le Grand Journal », et il quitte ses fonctions dirigeantes l’année suivante. Présenté en clair du lundi au vendredi, ce talk-show devient rapidement un rendez-vous incontournable où se pressent les personnalités médiatiques du moment.
De 2005 à 2012, l’audience du « Grand Journal » augmente régulièrement. Mais l’émission est souvent critiquée, par exemple par ‘L’Obs’ qui écrit en 2012 qu’elle est « devenue une vulgaire machine à promouvoir tout le monde et n’importe qui, en vrac, les chanteurs, les écrivains, les truands, les syndicalistes, les stars d’un jour à la faveur d’un fait divers, et bien sûr, les hommes politiques. »
En 2012, par ailleurs l’année où Nicolas Sarkozy est battu à la présidentielle, l’audimat chute sensiblement. ‘L’Obs’ avait relevé plusieurs signes avant-coureurs de déclin, comme la polémique sur le salaire de Jean-Michel Aphatie lancée par Nicolas Dupont-Aignan ou l’étalage de luxe et de paillettes de l’émission au Festival de Cannes alors que la France traversait une terrible crise économique.
Mais c’est un incident survenu justement lors du Festival de Cannes 2013 qui décide Michel Denisot à passer la main. En pleine émission, un individu dans le public lance une fausse grenade et tire des balles à blanc, provoquant une grande frayeur chez le présentateur qui est remplacé par Antoine de Caunes l’année suivante.
L’année précédente, Denisot avait rejoint le monde de la presse écrite en prenant la direction de l’édition française de ‘Vanity Fair’. Une belle prise pour un titre qui fait à l’époque le pari de se lancer sur le marché français.
Parfois apparu au cinéma dans son propre rôle, Michel Denisot a réalisé un film, « Toute ressemblance », sorti en 2019. Cette fiction avec Franck Dubosc dans le rôle d’un présentateur vedette se veut être une fresque des coulisses de la télévision. Mais avec à peine plus de 100 000 entrées, le film est un échec en salles.
Désormais en retrait de l’univers du petit écran, le célèbre présentateur a été approché par la majorité présidentielle dans le cadre des investitures pour les élections législatives de 2022. Mais à 77 ans, il a décliné la proposition.
Que l’on apprécie ou non le personnage, le parcours de Michel Denisot force l’admiration. Autodidacte, le journaliste s’est imposé comme l’un des animateurs français à la plus grande longévité tout en évoluant avec succès dans le monde du sport. Souhaitons-lui un joyeux 78e anniversaire !