Marlene Dietrich, la rebelle : la vie d'une star du cinéma classique en images
Une voix, un regard, des jambes mémorables et un tailleur pantalon caractéristique. Marlene Dietrich est une icône et l'une des rares artistes allemandes du XXe siècle à avoir atteint une renommée internationale.
Elle est d'ailleurs numéro 9 sur la liste exclusive de l'American Film Institute des 25 plus grandes légendes féminines du grand écran. Son style si particulier, son élégance, cette aisance dont elle fait preuve face à l'objectif, ainsi que son côté frondeur définissent très tôt son personnage et la font connaître dans le monde entier.
Même si elle prend ensuite la nationalité américaine, elle est d'origine allemande. Marlene est née il y a plus d'un siècle, le 27 décembre 1901, à Berlin, d'un lieutenant de la police impériale prussienne et d'une riche héritière. Ses parents imposent à la jeune Marlene et à sa sœur une éducation très stricte, qu'elle remet très tôt en question. Esprit rebelle, elle se voit artiste ou espionne.
À onze ans, Marie Magdalene Dietrich a décidé qu'elle s'appellerait Marlene. Si elle montre déjà des dons particuliers pour la musique et le chant, c'est après le bac qu'elle commence une formation de violoniste de concert. Son professeur de violon, le Suisse Robert Reitz, deviendra son premier amant.
Malheureusement, elle est vite atteinte d'une inflammation du poignet, ce qui l'empêche de poursuivre son projet. Mais Marlene veut vraiment monter sur scène et décide de devenir actrice. Elle obtient quelques rôles au théâtre, puis fait des apparitions mineures au cinéma.
En 1923, elle épouse le régisseur Rudolf Sieber. Mais le mariage ne semble pas l'intéresser beaucoup, elle ne passe d'ailleurs que peu de temps avec son mari. Les époux finissent par se séparer définitivement dans les années 1930 même s'ils n'ont jamais divorcé.
En 1924, leur fille Maria est née. Elles ont eu une relation très difficile, dont sa fille a publié des détails dans le livre "Meine Mutter Marlene" (ma mère Marlene), après la mort de sa mère.
Marlene aime détourner les vêtements masculins pour les porter à sa manière : son style androgyne et très libéré pour l'époque contribue à modifier en profondeur los codes de la mode féminine.
C'est sans complexe et avec une assurance rare qu'elle adopte le costume trois pièces ou le chapeau haut-de-forme. C'est d'ailleurs en grande partie grâce à elle que le pantalon devient un élément de la garde-robe féminine parfaitement assumé. Une vraie révolution !
Elle doit sa percée internationale au film "L'ange bleu", dans lequel le réalisateur Josef von Sternberg a donné le rôle principal féminin à Marlene, alors inconnue. La chanson « Ich bin von Kopf bis Fuß auf Liebe eingestellt » (« Je suis faite pour l'amour de la tête aux pieds ») qu'elle chante dans le film, devient un hit mondial.
Sternberg et Dietrich se sont alors rendus à Hollywood, où Marlene a commencé sa carrière de diva. Il propose à Paramount Pictures de la recruter pour qu'elle fasse concurrence à Garbo, alors égérie de la Metro-Goldwyn-Mayer. Elle perd 10 kilos et fait désormais attention à sa garde-robe, à son maquillage et à l'éclairage idéal pour les tournages. Une star est née.
Pour "Morroco", où elle joue aux côtés de Gary Cooper, elle a été la première actrice allemande à recevoir une nomination aux Oscars. Ce fut la seule de sa carrière. Mais sa présence impressionnante et insolite à l'écran et dans la vraie vie en a fait un mythe.
L'actrice et chanteuse n'a pas caché ses nombreuses liaisons avec des hommes et des femmes. Cary Cooper, James Stewart, Erich Maria Remarque, Jean Gabin (marié et prétendument son grand amour), John Wayne, Edith Piaf et Mercedes de Acosta sont quelques-uns des noms de la longue liste de ses amants.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Dietrich a à plusieurs reprises manifesté son aversion pour les nazis et rendu visite aux soldats américains.
À partir de 1953, elle apparaît presque exclusivement sur scène en tant que chanteuse. Son interprétation de 'Lili Marleen' est restée dans les Annales. Sa voix un rien rocailleuse et son personnage fascinent le public.
En 1975, Dietrich est tombée dans la fosse d'orchestre lors d'une soirée de concert à Sydney - on peut supposer qu'elle était ivre. Résultat : une jambe cassée compliquée dont elle ne se remettra jamais complètement.
Incapable de marcher, elle a lutté avec l'âge et son propre déclin. On dit qu'elle ne voulait plus se regarder dans un miroir. Elle quittait aussi de moins en moins souvent son appartement parisien. Selon sa fille Maria Rivas, les pilules et l'alcool étaient les compagnons fréquents de Marlene.
En 1979, elle prend la décision de ne plus quitter son lit. Marlene Dietrich est décédée 13 ans plus tard et vit désormais éternellement comme une icône.