Les réactions publiques suite au procès du Prince Harry contre la presse à scandale britannique
Le prince Harry est entré dans l'histoire en devenant le premier membre haut placé de la famille royale britannique à témoigner devant un tribunal depuis 130 ans. Découvrez pourquoi il en est arrivé là et ce que les célébrités et la presse ont dit de l'affaire.
Le Prince Harry poursuit le MGN (Mirror Group Newspapers) en justice pour avoir piraté son téléphone à de nombreuses reprises. Il affirme également que les éditeurs ont recueilli des informations sur lui au cours de sa vie qui ont été obtenues de manière coercitive ou illégale.
La déposition de 55 pages du prince Harry mentionne entre autres le fait d'être suivi par des photographes et que la presse ait gâché toutes les relations sérieuses qu'il a eues. Le duc de Sussex a déclaré que les articles le concernant seraient "erronés mais entrecoupés de bribes de vérité", créant ainsi une version "alternative et déformée" de lui-même.
Sa déclaration se poursuit en disant : "n'importe laquelle des milliers de personnes que j'ai rencontrées ou auxquelles j'ai été présenté n'importe quel jour, aurait pu facilement dire : 'Vous savez quoi, vous êtes un idiot. J'ai lu toutes les histoires sur vous et maintenant je vais vous poignarder'."
Le procès du duc de Sussex et la façon dont il a été perçu à la barre, lors de son témoignage et de son contre-interrogatoire par les avocats de MGN, ont suscité des commentaires mitigés.
Le rédacteur en chef de Spiked Online, Tom Slater, a déclaré à Sky News que le procès du prince Harry avait pour effet de lui conférer une image de "personne privilégiée" et montrait qu'il "ne jouait pas" selon les mêmes règles.
"Si l'intention du prince Harry avec ce procès était de se faire passer pour un petit prince qui n'a pas les mêmes droits et qui ne respecte pas les mêmes règles que les autres, alors c'est mission accomplie", explique Tom Slater.
Enfin, le rédacteur en chef de Spiked Online a déclaré : "Il s'est efforcé de produire des preuves essentielles pour les allégations de piratage téléphonique... Si Harry voulait faire croire qu'il ne s'agissait pas d'une vendetta contre la presse, il ne s'est pas particulièrement bien débrouillé".
Le Washington Post a rapporté que Harry avait l'air heureux de quitter la salle d'audience et qu'il était tout sourire. Mais que cela ne signifiait pas qu'il était en train de gagner. Ni que cette affaire l'aidera dans sa mission déclarée de contrôler les tabloïds britanniques.
Dickie Arbiter, ancien porte-parole de la reine Élisabeth II, a déclaré au Washington Post que les affirmations de Harry avaient fait l'objet d'une "dissection médico-légale" et qu'il était "manifestement très naïf quant au fonctionnement de la presse", a déclaré Arbiter. "Ils se nourrissent les uns des autres."
Le Washington Post cite l'avocat des médias, Mark Stephens, qui a déclaré : "Je pense que Harry a donné le meilleur de lui-même" et, pourtant, "il a résisté au contre-interrogatoire", le camp de Harry "ayant gagné certains points et en ayant perdu d'autres".
La BBC a accordé à Harry un certain crédit en déclarant : "Il a terminé son numéro de haute voltige sans tomber".
"Il ne s'est pas effondré, ne s'est pas énervé, ne s'est pas laissé entraîner dans trop de questions embarrassantes, il s'en est tenu à ses propres lignes. On ne peut pas dire qu'il ait été un témoin éloquent, mais il n'est tombé dans aucun piège", poursuit la BBC.
La société britannique a émis l'hypothèse qu'il y aurait d'autres événements à venir, écrivant que "compte tenu du nombre d'autres actions en justice impliquant le prince Harry, il pourrait s'agir de la première d'un certain nombre de comparutions devant les tribunaux. De la cour royale à la cour de justice".
CNN a également félicité le duc de Sussex pour son comportement dans la salle d'audience. "De nombreux observateurs se sont penchés sur le comportement du prince Harry dans la salle d'audience, mais il a gardé son sang-froid tout au long du procès et n'a pas révélé de bombe susceptible d'embarrasser davantage sa famille élargie", écrit la chaîne.
"Pour Harry, il ne s'agit pas seulement de mettre en lumière la couverture intrusive de la presse à laquelle il a été confronté, mais aussi d'évoquer la mission plus large qu'il s'est donnée depuis des années pour réformer les médias", résume CNN.
Le Mail a eu quelques mots cinglants à propos de la comparution du duc de Sussex devant le tribunal. Il a notamment fait référence aux révélations faites par Harry lors d'interviews. Ils ont déclaré : "Il a dû avoir envie d'une étreinte mièvre de la part d'Oprah".
Le Mirror lui-même a rapporté l'affaire avec un titre qui ne reconnaissait pas qu'ils étaient eux-même poursuivis en justice. Ils ont opté pour un simple "Harry contre la presse".
Page Six a tenté de savoir ce que la famille royale elle-même pense de l'attaque de Harry contre la presse. Bien sûr, il n'y a eu aucun commentaire officiel, mais la publication affirme qu'une "source hautement placée au palais" dit qu'elle ne "peut imaginer que quiconque soit satisfait" et ajoute que les membres de la famille royale sont "en train de se préparer en privé".
L'oncle de Harry a semblé montrer un soutien discret à celui-ci en retweetant les messages d'Alistair Campbell sur l'affaire, qui disaient : "Le prince Harry soulève un très bon point concernant les atteintes à la confiance dans votre propre cercle lorsque des histoires apparaissent et que vous ne savez pas d'où elles viennent."
Piers Morgan a critiqué Harry sur son compte Twitter pour sa comparution au tribunal : "GRANDE NOUVELLE : le prince Harry, qui a passé ces dernières années à envahir impitoyablement la vie privée de sa famille, de ses amis et de ses connaissances, pour en tirer un énorme profit financier, s'est présenté au tribunal de Londres pour se plaindre des journaux qui envahissaient sa vie privée."
Le Guardian a commenté le sens plus large de cette affaire en expliquant qu'il sera toujours difficile de "partir en guerre" contre la presse. Il a comparé l'événement à un match de football, qualifiant les médias "d'arbitres et de commentateurs".
Soutenant le prince, The Guardian poursuit en affirmant que Harry a raison de ressentir de l'injustice en raison de la nature de son rôle au sein de la famille royale, où les événements de la vie sont sous les feux de la rampe et visibles par tous. La publication a même reconnu l'existence de messages codés clairement racistes dans les médias lors de son mariage avec sa femme.
Mais ce qui est le plus difficile pour Harry, c'est ce que cette affaire représente sur le long terme. Il ne s'agit pas seulement des 148 articles pour lesquels il poursuit MGN, mais d'une véritable philosophie de la presse anglo-saxonne, et d'une culture difficile à faire évoluer dans le futur.
Le Guardian a utilisé une excellente métaphore : "les règles du peloton d'exécution s'appliquent : il est extrêmement difficile de localiser l'arme individuelle, et encore plus de la trouver encore fumante. Tout ce qu'il a pu montrer, ce sont les blessures infligées par les balles".
"Je pense qu'il est peu probable que les tabloïds cessent un jour, de manière concertée ou à tour de rôle, de détruire sa réputation", conclut l'article d'opinion du Guardian. "Il a essayé d'éteindre ce feu avec de l'essence."
Le Washington Post a également résumé l'affaire avec une opinion personnelle : "Quant à savoir si ce procès modifiera le comportement de la presse à sensation - l'objectif général de Harry - les analystes des médias estiment qu'il est peu probable qu'il en soit ainsi."