Les figures légendaires du grand banditisme à Marseille
Réputée pour son site exceptionnel, ses plages et son climat ensoleillé, la cité phocéenne a aussi une face sombre : celle d’une ville où le grand banditisme est profondément installé. Marseille est-elle la capitale du crime ?
Dès la fin du XIXe siècle, une économie informelle se développe à Marseille, sur fond de difficultés économiques des immigrés corses et italiens.
Dans l’entre-deux-guerres, deux associés, Paul Carbone et François Spirito (sur la photo), exercent une mainmise sur les activités illégales tout en se développant en France et à l’étranger. C’est la naissance du milieu marseillais.
Les deux hommes s’inspirent du criminel américain Al Capone, qui avait fait fortune outre-Atlantique à l’époque de la prohibition.
Carbone et Spirito vont aussi innover en tissant des liens avec les élus locaux et avec la police. Une tradition de corruption qui a longtemps gangréné la métropole du sud de la France.
Mais un clan rival émerge bientôt : celui des frères Guérini, Antoine et Barthélémy, dit « Mémé » (sur la photo). Exerçant d’abord dans la prostitution, ils prennent le parti des socialistes alors que Carbone et Spirito soutiennent la droite.
Ces derniers ayant collaboré avec les Allemands, les Guérini disposent d’une opportunité exceptionnelle à la Libération. Mettant la main sur l’ensemble des activités criminelles de Marseille, ils s’imposent définitivement dans le milieu après la guerre.
Les décennies suivantes sont l’âge d’or du milieu corso-marseillais : la ville est le point départ d’un vaste trafic international d’héroïne à destination des États-Unis, la French Connection.
Les Guérini deviennent l’un des clans mafieux les plus puissants d’Europe. Les services qu’ils rendent aux notables locaux et leurs amitiés politiques (notamment avec le nouveau maire Gaston Defferre, sur la photo) leur assurent en échange l’impunité.
Mais leurs affrontements avec d’autres clans rivaux et l’éloignement progressif de Defferre vont sonner le glas des Guérini à la fin des années 1960. Antoine (sur la photo) est assassiné et Mémé condamné à 20 ans de prison.
Né en 1933, Gaëtan (dit « Tany ») Zampa débute après-guerre sous les ordres des Guérini et profite de la chute de ses anciens patrons pour prendre le pouvoir dans les rues de Marseille.
L’assassinat du juge d’instruction Pierre Michel (sur la photo), qui enquêtait sur les trafics organisés dans la ville, entraîne l’arrestation et la chute de Zampa qui se donne la mort en 1984.
Cette histoire est d’ailleurs mise en scène dans le film « La French » (2014), avec Jean Dujardin dans le rôle du juge Michel et Gilles Lellouche dans celui de Tany Zampa.
Une autre figure majeure du milieu marseillais de la fin du XXe siècle est celle de Francis Vanverberghe, dit « le Belge » (sur la photo), lié à la French Connection dans les années 1970 et incarcéré à plusieurs reprises.
D’abord opposé à Tany Zampa, Francis le Belge finit par devenir le dernier véritable parrain du milieu marseillais et par gérer un véritable empire, avant d’être assassiné en l’an 2000.
Les années 2000 marquent justement un tournant dans le crime organisé à Marseille, avec le déclin du milieu corso-marseillais et l’émergence de nouveaux clans issus des cités des quartiers nord, qui prospèrent notamment sur le trafic de cannabis.
L’actualité de la ville reste tristement marquée par d’innombrables règlements de compte, qui seraient à l’origine de la mort d’une centaine de personnes entre 2015 et 2020, selon ‘France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur’.
À l’heure actuelle, deux clans rivaux, DZ Mafia et Yoda, s’affrontent pour le contrôle du territoire marseillais et sont à l’origine de la plupart des règlements de compte.