Shirley Temple : une enfance difficile suivie d'une brillante carrière

Un contexte difficile
Repérée très tôt
“Baby Burlesks”
Les enfants étaient maltraités entre les scènes
Une surexploitation des enfants
À six ans, elle signe avec la Fox
La chanson “On Good Ship Lollipop”
Ses “admirateurs” étaient des adultes
“Tant que notre pays peut compter sur Shirley Temple, tout ira bien”
Elle a sauvé la Fox de la banqueroute
Elle voulait apprendre des meilleurs et briser les barrières
Des fans lui tiraient les cheveux et la prenaient pour une adulte
La célébrité a failli la tuer
Un producteur lui a fait des avances... Elle n'avait que 12 ans
Le cas Arthur Freed
Une autre histoire de producteur : le cas David O. Selznick
Elle se marie une première fois à 17 ans
Elle prend sa retraite... à 22 ans
Tout est bien qui finit bien... loin d’Hollywood
Une carrière politique et diplomatique
Avait-elle des difficultés à être prise au sérieux ?
Elle est décédée à l’âge de 85 ans
Un contexte difficile

C'est en 1928 en Californie que naît Shirley Jane Temple. Un an à peine après sa naissance, débutait la Grande Dépression, qui faisait suite à un grand krach boursier. Des circonstances compliquées qui auront sans aucun doute une influence sur la suite de sa vie...

Repérée très tôt

Fille d'une mère calculatrice qui veut faire d'elle une danseuse professionnelle, elle est repérée par le directeur de casting d'Education Pictures, Charles Lamont, dans son studio de danse, comme elle l'explique dans son autobiographie "Child Star: An Autobiography" (Enfant star : une autobiographie).

“Baby Burlesks”

Charles Lamont lui confie son premier rôle dans la série de courts-métrages "Baby Burlesks", "une exploitation cynique de notre innocence enfantine", comme elle le décrit elle-même. Les films sont parfois, selon elle, racistes ou sexistes. C'est là qu'elle a connu son premier baiser. Dans cette série qui met en scène des enfants en âge d'aller à la maternelle dans des rôles d'adultes, Shirley Temple, qui n'avait que quatre ans, explique avoir joué le rôle d'une femme qui vendait son corps.

Photo : "War Babies", 1932, Educational Pictures

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Les enfants étaient maltraités entre les scènes

Mais Charles Lamont ne s'est pas contenté de faire jouer des enfants dans les scènes les plus inappropriées. Il enfermait les enfants qui étaient méchants (des enfants en âge d'aller à la maternelle, rappelons-le) dans des boîtes insonorisées remplies de glace. Et il se montrait bien pire avec les enfants de couleur, qu'il frappait pour les faire tomber de manière plus "réaliste" devant la caméra.

Photo : "Kid in Africa", 1933, Educational Pictures

Une surexploitation des enfants

"Le temps, c'est de l'argent", répétait Charles Lamont aux enfants. Mais eux avaient surtout droit à beaucoup de temps de travail : en plus des 10 "Baby Burlesks" dans lesquels Shirley Temple a joué, elle travaillait en même temps comme mannequin pour des céréales de petit déjeuner et autres produits, servant à financer l'émission.

À six ans, elle signe avec la Fox

Alors qu'elle n'a que six ans, les États-Unis tombent sous le charme de la petite Shirley Temple, après qu'elle a été repérée par la Fox, avec laquelle elle signe un contrat de 150 dollars par semaine, en 1934. Elle participe également à la comédie musicale "Le Ministère des amusements".

La chanson “On Good Ship Lollipop”

Elle joue ensuite dans "Shirley aviatrice", en 1934, et y interprète l'iconique chanson "On Good Ship Lollipop". Bien que cette œuvre soit beaucoup moins tendancieuse que la précédente, elle ne manquerait pas de provoquer de vives réactions aujourd'hui, compte tenu de la scène où la petite fille chante dans un avion rempli d'hommes qui la caressent.

Ses “admirateurs” étaient des adultes

Graham Greene a écrit, en 1935, au sujet de l'affection que beaucoup portaient à Shirley Temple que "ses admirateurs, des hommes d'âge mûr et des ecclésiastiques, réagissent à sa coquetterie douteuse, à la vue de son petit corps bien formé et désirable, plein d'une énorme vitalité, uniquement parce que le rideau de sécurité de l'histoire et du dialogue s'interpose entre leur intelligence et leur désir". Il a été poursuivi en justice par la Fox pour cette critique, mais de nombreuses personnes admettaient publiquement qu'une partie de son charme résidait dans le fait qu'elle avait l'air d'une petite adulte.

Photo : tiré du film "Little Miss Marker", 1934

“Tant que notre pays peut compter sur Shirley Temple, tout ira bien”

Mais tout n'est pas si sombre. Certains sont des fans tout à fait respectables, qui ont adoré l'actrice (la plus populaire des États-Unis) pendant des années. "Tant que notre pays aura Shirley Temple, tout ira bien", a déclaré le président des États-Unis Franklin D. Roosevelt, qui l’a remerciée d'avoir aidé les Américains à traverser une époque sombre de morosité économique.

Elle a sauvé la Fox de la banqueroute

En 1936, le magazine américain Time a rapporté qu'elle a été photographiée plus que n'importe qui d'autre sur la planète. En fait, de 1935 à 1938, Shirley Temple est l'actrice la plus cotée d'Hollywood. Le magazine culturel américain The Atlantic rapporte qu'elle a contribué à sauver la 20th Century Fox de la faillite, et qu'à son apogée en 1938, elle avait empoché bien plus que n'importe qui à Hollywood : 300 000 dollars. À l'âge de 12 ans, l'actrice avait déjà joué dans 43 films.

Elle voulait apprendre des meilleurs et briser les barrières

Shirley Temple se souviendra avec émotion de son duo avec Bill “Bojangles” Robinson. Ils ont été le premier couple interracial à danser à l'écran. Shirley Temple a déclaré au radiodiffuseur américain NPR : "il ne me parlait pas de haut, comme à une petite fille. Et j'aimais les gens comme ça. Et Bill Robinson était le meilleur de tous". Elle a ajouté qu'il lui avait appris à faire des claquettes, ce que Gene Kelly et Fred Astaire ont également déclaré plus tard. Pendant tout ce temps, Bill Robinson a été confronté à un racisme extrême, notamment parce qu'il n'était pas autorisé à séjourner dans le même hôtel que d'autres stars du cinéma en raison de la ségrégation.

Des fans lui tiraient les cheveux et la prenaient pour une adulte

Une rumeur prétendait que ses cheveux étaient faux, ce qui a poussé de nombreux fans à tirer dessus pour vérifier. Lorsqu'elle a dix ans, le Vatican envoie un prêtre, le père Silvio Massante, pour découvrir la vérité à propos d'une rumeur selon laquelle Shirley Temple serait en fait une petite femme de 30 ans déguisée en enfant.

La célébrité a failli la tuer

Dans son autobiographie, Shirley Temple raconte la fois où, alors qu'elle chantait lors d'une émission de radio en 1939, une femme du public l'a menacée d'une arme à feu. Heureusement, la police est intervenue à temps. "Le lendemain, un agent du FBI a appelé. L'arme de la femme était chargée et elle avait effectivement l'intention de me tuer pour avoir volé l'âme de sa fille." Lors de l'enquête, il a été découvert que la fille de cette femme était morte le jour de la naissance de Shirley Temple.

Un producteur lui a fait des avances... Elle n'avait que 12 ans

À 12 ans, Shirley Temple a fait la rencontre du producteur Arthur Freed. L'homme, explique-t-elle dans ses mémoires, a alors exhibé ses parties intimes face à elle. Choquée, Shirley Temple a alors eu un rire nerveux ce qui l'a rendu furieux. "Il aurait pu s'attendre à du dédain ou de la terreur, mais pas à une insulte humoristique. Il s'est écrié, sans se soucier de mon désarroi, en montrant impérieusement la porte fermée. ‘Allez, sortez !’"

Le cas Arthur Freed

Après cette horrible rencontre, Shirley Temple a alors quitté la MGM après un seul film et est retournée à la Fox. Bien avant Harvey Weinstein, Arthur Freed était un producteur et un parolier oscarisé. Il a produit de nombreux films populaires, dont "Le magicien d'Oz", "Annie, la reine du cirque" et "Un Américain à Paris ".

Photo : Arthur Freed avec l'actrice Debbie Reynolds, vers 1951

Une autre histoire de producteur : le cas David O. Selznick

À l'adolescence, la carrière de Shirley Temple se met en pause, comme c'est souvent le cas chez les jeunes acteurs. Elle quitte alors la Fox et prend le chemin de l'école. Mais vers ses 17 ans, elle fait la rencontre d'un autre producteur. "Dotée de l'agilité d'une jeune danseuse et confrontée à un producteur amoureux mais en surpoids, j'ai eu peu de mal à éviter sa maladresse passionnée", a expliqué Shirley Temple dans son ouvrage, faisant référence au producteur oscarisé David O. Selznick.

Il finit par devenir son patron. Les voici en train de discuter vers 1944.

Elle se marie une première fois à 17 ans

Malheureusement pour le producteur, Shirley Temple avait rencontré un garçon à l'âge de 15 ans, qu'elle épousa à l'âge de 17 ans. Il s’agissait de John Agar Jr., un militaire devenu acteur. Ils ont eu un enfant ensemble, et elle a essayé de faire fonctionner cette relation, mais elle n'y est pas parvenue. Dans une interview accordée bien plus tard, Shirley Temple a déclaré qu'il buvait trop et qu'il embrassait souvent d'autres filles sur la piste de danse. Des années plus tard, elle a déclaré qu'elle lui avait “toujours souhaité le meilleur”.

Elle prend sa retraite... à 22 ans

Bien que continuant à apparaître ici et là dans quelques rôles, Shirley Temple prend sa retraite des studios d'Hollywood en 1950, n'appréciant pas vraiment les rôles types auxquels on la cantonne à l'époque. De sa fortune de plusieurs millions de dollars, il ne lui reste alors plus que 44 000 dollars, du fait de la mauvaise gestion de son père, mais elle ne l'a jamais blâmé.

Tout est bien qui finit bien... loin d’Hollywood

Mais son histoire ne finit pas par un drame, bien au contraire. Elle a épousé son “âme sœur”, l'homme d'affaires Charles Alden Black, et a eu deux autres enfants. Après avoir déménagé à Washington, D.C., pour la carrière de son mari, elle est devenue collectrice de fonds pour les Républicains. Si les premières années de sa vie ont été extrêmement difficiles et atypiques, elle ne s'est pas laissée ébranler et elle a réussi à mener une seconde carrière par la suite.

Une carrière politique et diplomatique

Elle a été ambassadrice au Ghana et en Tchécoslovaquie et a été la première femme chef du protocole américain au département d'État. Avant cela, en 1967, elle avait bien tenté de se présenter aux élections législatives américaines afin de mettre fin à l'emprise masculine sur les sièges du Congrès californien, mais sans succès.

Avait-elle des difficultés à être prise au sérieux ?

"Je n'ai aucun mal à être prise au sérieux en tant que femme et diplomate ici. Mes seuls problèmes ont été avec les Américains qui, au début, refusaient de croire que j'avais grandi depuis mes films", a expliqué Shirley Temple. Certains diplomates ont cependant été agacés par ses nominations diplomatiques, a expliqué le quotidien américain The New York Times.

Elle est décédée à l’âge de 85 ans

À l'âge de 44 ans, brisant le tabou qui entourait le cancer à l'époque, Shirley Temple a choisi de rendre publique sa lutte contre le cancer du s e i n. Si elle a survécu à cette maladie, ce sont ses mauvaises habitudes qui l'ont finalement rattrapée. F u m e u s e depuis toujours, elle est décédée à l'âge de 85 ans d'une broncho-pneumopathie chronique obstructive en 2014.

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