Dennis Rodman : une vie en dents de scie
Dennis Rodman était surnommé 'le ver de terre' en référence à ses capacités à se faufiler parmi les grands pour aller capter tous les rebonds. Michael Jordan déclarait dans le documentaire sportif 'Rodman : pour le meilleur ou pour le pire' de ESPN (sorti en 2019) qu’il ne pensait pas que Rodman arriverait à ses 40 bougies étant donné son style de vie.
« Rien qu’à voir le style de vie qu’il menait, jamais je n’aurais imaginé qu’il arriverait à fêter ses 40 ans. Il brûlait la chandelle par les deux bouts ». Et pourtant... en 2021, le meilleur défenseur des Bulls a fêté ses 60 ans et l'ancien joueur de la NBA n'a pas changé de style de vie pour autant. On dirait que le ver de terre est bien décidé à s'accrocher.
Dennis Rodman a été le meilleur exemple du mélange entre la figure de la NBA et la star du Rock qui est passé par un sport ayant une nette tendance à déifier les gens de grande envergure. Rodman a sublimé ce culte du caractère tout en continuant d’être performant sur le terrain.
Mais, d’où vient cette obsession pour sortir de la norme, de se faire toujours remarquer et d’être toujours singulier, et ce, en faisant de l’ombre au meilleur joueur de l’histoire de la NBA ? Le documentaire sportif ESPN l’explique très bien.
Dennis Rodman a vu son père abandonner sa famille alors qu’il n’avait que trois ans. Il a grandi avec sa mère et ses deux sœurs. Ensemble, elles se déguisaient et donc Dennis aussi. Le joueur portait des talons hauts et ses sœurs le maquillaient.
À la même époque, au collège, comme indiqué dans le documentaire 'Rodman : pour le meilleur ou pour le pire' de ESPN, des élèves le frappaient presque tous les jours, face à l’apathie défensive du jeune homme.
Tout a changé pour lui à l’adolescence : à 18 ans, Dennis prend 30 centimètres d'un coup et l'adolescent se met à grandir de manière surhumaine. Le harcèlement scolaire cesse et une nouvelle porte s’ouvre devant lui : le basketball.
À seulement 20 ans, Dennis mesure 2,07 mètres. Il commence sa carrière dans l’équipe d’Oklahoma, où il rencontre Bryn Rich. Cette amitié fraternelle sera décisive pour le joueur.
La famille Rich a recueilli Dennis Rodman. En échange, il travaillait pendant des heures dans leur jardin.
À cette époque, Dennis Rodman laissait déjà deviner que ses capacités physiques étaient hors du commun. Michael Jordan était impressionné par la disposition du joueur pour s’entraîner ou aller à un match avec très peu d'heures de sommeil derrière lui, car il pouvait encore « courir très vite ».
Dennis Rodman était excessif à tous les égards. Dans sa vie personnelle, mais aussi sur le terrain, où il se sentait à l’étroit et où, presque à chaque match, le joueur se laissait tomber dans la foule.
Rodman portait le numéro 27 de la seconde mi-temps du Draft de 1986 avec les Pistons de Détroit et il rencontre aussi l’entraîneur Chuck Daly. Ce dernier se souvient dans le documentaire que Rodman 'n’avait peur de rien ni de personne'.
Daly incarnait le père qu’il n’avait jamais eu. Avec lui, il avait l’habitude de passer les fêtes de fin d’année, comme Noël ou Thanksgiving. Il restait sobre et c’était un véritable professionnel.
Rodman gagne le titre de la Meilleure Défense de la NBA et deux bagues de championnat avec les Pistons, en 1989 et 1990. Un an plus tard, Chuck Daly abandonne l’équipe et Dennis Rodman entre en dépression.
Le départ de son père informel, puis les disputes répétées avec son ex-femme pour la garde des enfants, l’ont amené à vouloir faire une tentative de suicide en février 1993. Il ne l’a pas fait, car l’ex-joueur de la NBA s’est endormi dans son van, l'arme posée à côté de lui...
Même s’il n’a pas appuyé sur la détente, « ce jour-là, Dennis Rodman est mort, je parle de celui qui voulait faire plaisir à tout le monde », raconte-t-il dans ses mémoires. Cette année-là, il signe chez les San Antonio Spurs (une équipe du Texas) et après avoir vu Wesley Snipes dans le film 'Demolition Man'/'Le Destructeur', au Québec, il adopte une crête jaune.
Dennis Rodman devenait une 'star du rock' et ce statut s’est décuplé lorsqu’il a commencé à sortir avec la chanteuse Madonna en 1994. Rodman aimait la célébrité et c’était réciproque.
Dans un entretien pour la revue 'Playboy', l’ailier a avoué qu’il avait rompu avec Madonna car il ne voulait pas d’enfant avec elle.
Oui, Dennis Rodman a osé rompre avec l’une des femmes les plus convoitées du moment, et ce, au sommet de sa gloire. Le monstre médiatique n’a pas fini de faire parler de lui...
Avec l’aide de son agent, Dwight Manley, Dennis Rodman a changé radicalement de style. Du jour au lendemain, il se teint les cheveux et met du vernis à ongles. Il change aussi sa garde-robe pour adopter des vêtements plus féminins.
Tout cela a été immortalisé à la une de 'Sports Illustrated' en 1995, où il est apparu vêtu d’un short en cuir, d’un corset et accompagné d’un perroquet. Il entre ainsi dans les annales de la mode.
Son changement d’image est accompagné de déclarations explosives : il fréquente les bars gays, adopte une vestimentaire NBA plutôt séduisante. Il a aussi des relations avec des femmes trans et donne un baiser en direct au célèbre drag queen RuPaul.
Toute cette agitation stylistique a été couronnée par la présentation de son autobiographie, 'Plus méchant tu meurs' (1996), où il est apparu en robe de mariée… car le joueur excentrique a décidé de se marier avec lui-même.
Et non, ce n’était pas improvisé ou toxique. Loin de là. Kevyn Aucoin, qui maquille notamment Cher ou Madonna, a fusionné sa masculinité à l'infini avec son côté plus féminin.
Le livre est un succès, sa côte de popularité augmente et, pour couronner le tout, le joueur signe chez les Chicago Bulls. De plus, Michael Jordan le rejoint après un détour dans le monde du baseball.
Au bout de trois ans, 'le ver de terre' des Bulls de Jordan a un bilan très positif : trois bagues de championnat et le respect éternel du monde du basket comme équipier de Jordan.
Alors, que manque-t-il à Dennis Rodman ? Hollywood, bien sûr ! Il s’essaie donc au cinéma en 1997 avec Jean-Claude Van Damme dans le film 'Double Team'/'Duo Explosif', au Québec.
Cette année-là, Rodman a touché 10 millions de dollars au cinéma, soit trois millions de plus qu’avec les Bulls (son contrat avec les Chicago Bulls était de 7 millions de dollars). Le 'bad boy' de la NBA étaient désormais sous les feux de la rampe.
À l’époque, la police venait toutes les semaines chez lui, car les voisins se plaignaient beaucoup du bruit. Il a été arrêté à maintes reprises pour conduite en état d’ébriété, pour désordre public ou encore pour se battre dans la rue. Rien ni personne ne pouvait l’arrêter.
Mais il est arrivé un moment où le public s’est lassé de ses excès. Après avoir quitté les Bulls en 1998, il rejoint les Lakers puis Mavericks et abandonne finalement la NBA dans les années 2000 et s'est fait plus discret que prévu.
Bien entendu, en 2011, il obtient sa place au 'Hall of Fame', au côté de deux légendes : Pippen et Jordan.
Parmi ses dernières tentatives pour attirer l’attention, on peut citer son mariage express avec l'actrice Carmen Electra en 1998 (leur mariage aura duré 9 jours à peine) ou son changement de nom. Cela n’a pas servi à grand-chose. Rodman a arrêté de briller il y a fort longtemps...
Évidemment, ses revenus ont commencé à baisser et son train de vie également. Il avait pourtant gagné 27 millions de dollars, et ce, uniquement à la NBA… pourtant selon 'Celebrity Net Worth', l’ex-joueur disposerait uniquement de 500 000 dollars.
Ce besoin de revenus et d’attention l’a conduit à accepter un contrat pour améliorer l’image de la Corée du Nord en Occident. Lorsque son agent a eu vent que la Corée du Nord était une dictature, le contrat était déjà signé.
Kim Jong-Un a étudié en Europe dans les années 90, plus précisément en Suisse et il s’est avéré être un grand fan des Bulls. Le dictateur et l’ex-joueur sont devenus de très bons amis.
Aujourd’hui, Dennis Rodman appartient désormais au passé. Un représentant de ces merveilleuses et folles années 90, au même titre que Pamela Anderson (l’une de ses anciennes conquêtes) ou encore Jason Priestley (Brandon Walsh de Beverly Hills : 90210).
Après plusieurs passages en cliniques de désintoxication, cinq biographies publiées et de controverses à n’en plus finir, 'le ver de terre' a fêté ses 60 ans et son esprit rebelle est passé à autre chose.
Sélectionné parmi les meilleurs 75 joueurs de l’histoire de la NBA, Rodman a été une véritable révolution dans le domaine du basketball américain, non seulement sur le terrain, mais aussi dans sa vie privée.
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