Mélinée Manouchian devient la 7ème femme à entrer au Panthéon

Le couple Manouchian au Panthéon
Une vie d'épreuves
L'amour de sa vie
Pendant la Seconde guerre mondiale
Veuve à 30 ans
La vie après Missak
Fidèle à ses idées
Elles sont désormais au nombre de sept
Les
Joséphine Baker (1906-1975)
Élevée dans une famille défavorisée aux États-Unis
De Broadway à Paris
Figure de la Résistance
Militante antiraciste
Simone Veil (1927-2017)
Rescapée d'Auschwitz
Une carrière professionnelle exceptionnelle
La loi du 17 janvier 1975
Première présidente du Parlement Européen
Germaine Tillion (1907-2008)
Ethnologue et résistante
Déportée à Ravensbrück
Des travaux sur l'histoire de la Seconde Guerre Mondiale
Défense des droits humains
Geneviève de Gaulle - Anthonioz (1920-2002)
Résistante sous l'Occupation
Un combat contre la pauvreté
Marie Curie (1867-1934)
Des études brillantes
Prix Nobel de physique à 36 ans
Des travaux qui ont débouché sur de grandes avancées en médecine
Une héroïne de la Grande Guerre
Féministe dans l'ombre
Sophie Berthelot (1837-1907)
Une belle histoire d'amour
Inséparables, même après la mort
Le couple Manouchian au Panthéon

Ce mercredi 21 février, Missak Manouchian a été panthéonisé, 80 ans tout juste après sa mort. À la demande de sa famille, il a été inhumé au Panthéon avec son épouse, Mélinée, qui devient ainsi la septième femme à entrer dans le "Temple des Grands Hommes". Résistante d'origine arménienne, devenue française à la Libération, cette militante communiste a dédié toute sa vie à ses idées et ses combats.

Une vie d'épreuves

Mélinée Manouchian est née en novembre 1913 à Constantinople (aujourd'hui Istanbul). Elle devient orpheline à l'âge de trois ans, lorsque ses parents sont tués dans le génocide arménien. Elle grandit dans un orphelinat en Grèce, avant d'être envoyée en France par une association, pour poursuivre sa scolarité. Bonne élève, elle obtient son certificat d'études avec mention, puis un diplôme de secrétaire comptable et sténodactylographie.

Photo : Wikimedia Commons

L'amour de sa vie

À 22 ans, elle rencontre Missak Manouchian (photo) lors d'une fête de la Section française du Comité de secours pour l'Arménie (HOG). Tous deux affichent un amour profond pour la France et pensent qu'il est nécessaire de protéger le pays du fascisme qui monte en Europe. Ils s'engagent ensemble au Parti communiste français, et se marient le 22 février 1936.

Pendant la Seconde guerre mondiale

Pendant la Seconde guerre mondiale, Missak Manouchian est incarcéré à deux reprises : une première fois pour sa proximité avec l’Union soviétique et la seconde par les Allemands. En 1941, à sa libération, le couple s'engage dans la Résistance. Le rôle de Mélinée est alors d'écrire des tracts et de faire passer des messages secrets. Les Manouchian rejoignent ensuite la lutte armée, et Mélinée est chargée de repérer les mouvements des futures cibles d'attentat, et de rédiger les comptes-rendus.

Photo : Wikimedia Commons

Veuve à 30 ans

Accusé d'être l'auteur de nombreux attentats, Missak Manouchian figure sur l'affiche rouge de propagande allemande (photo), placardée dans toute la France occupée. L'homme est arrêté à la fin de l'année 1943. Mélinée récupère alors tous les comptes-rendus qu'elle a rédigés, aujourd'hui des documents précieux de l'Histoire, et se cache chez les Aznavourian, la famille du célèbre chanteur Charles Aznavour. Le 21 février 1944, Missak Manouchian est exécuté. Malgré la tristesse et la douleur, son épouse continue ses actions dans la Résistance, jusqu'à la fin du conflit.

La vie après Missak

Dans sa lettre d'adieu, Missak demande à Mélinée de se remarier et d'avoir un enfant, mais celle-ci ne le fera jamais, et restera veuve toute sa vie. Après la guerre, Mélinée Manouchian devient volontaire dans un programme soviétique pour repeupler l'Arménie. Elle s'installe à Erevan, capitale de l'Arménie pendant 14 ans, et écrit une biographie de son mari en 1954.

Fidèle à ses idées

Déçue par la politique de l'URSS et atteinte d'un cancer, Mélinée retourne en France en 1963, où elle continue de s'engager pour la mémoire des résistants arméniens. Dans les années 1970, elle publie plusieurs ouvrages sur Missak Manouchian, participe au scénario du film "L'Affiche rouge" (1976), puis à la réalisation du documentaire "Des terroristes à la retraite" (1985) qui dénonce les actions de certains dirigeants du Parti communiste français pendant la guerre. Mélinée Manouchian reste fidèle à ses convictions jusqu'à sa mort, en décembre 1989.

Elles sont désormais au nombre de sept

Depuis la Révolution Française, ce monument parisien honore les grands personnages qui ont marqué l'Histoire de France. Les Manouchian rejoignent donc, entre autres, Voltaire, Victor Hugo, Émile Zola, Simone Veil et Joséphine Baker. À ce jour, 83 personnalités reposent, symboliquement ou non, au Panthéon. Mais seulement sept femmes y sont entrées depuis 1791...

Les "Grandes Femmes" du Panthéon

Les connaissez-vous ? Elles sont celles qui ont fait la grandeur de la France. Celles dont les valeurs et les combats ont permis de faire avancer notre société, et de la rendre telle qu'elle est aujourd'hui. Elles sont les visages du courage et de la détermination. Découvrez l'identité de ces femmes françaises très inspirantes !

Joséphine Baker (1906-1975)

En novembre 2021, 46 ans après sa mort, la mémoire de Josephine Baker a été saluée au cours d'une cérémonie à la fois moderne et émouvante. Emmanuel Macron avait rendu hommage à cette « héroïne de guerre, combattante, danseuse, chanteuse, femme défendant le genre humain. »

 

Élevée dans une famille défavorisée aux États-Unis

Joséphine Baker est née en 1906 à Saint-Louis (Missouri) d'une mère afro-américaine et d'un père espagnol. Issue d'une famille très pauvre, Josephine alterne entre l'école et un travail de domestique pendant une partie de son enfance, avant de se marier pour la première fois à l'âge de 13 ans. Passionnée par la danse depuis toute petite, elle rejoint des artistes de rue, avant de danser au Standard Theater pour gagner 10 dollars par semaine. Talentueuse et ambitieuse, Josephine va tenter par la suite sa chance à New York.

De Broadway à Paris

Après avoir essuyé plusieurs refus, elle finit par rejoindre le music-hall de Broadway, à New York. Elle enchaine les spectacles avec différentes troupes, avant de se faire remarquer par l'épouse de Donald J Reagan, attaché commercial de l'ambassade américaine à Paris. Ce dernier propose à Josephine de devenir la star d'un spectacle musical dans la capitale française : La Revue Nègre. L'artiste, à la fois danseuse et chanteuse, se fait ainsi connaitre en France. Elle se produit par la suite aux Folies Bergères, où elle fait grandir sa notoriété. Sa chanson "J'ai deux amours" la porte au rang de star en 1930.

Figure de la Résistance

Josephine obtient la nationalité française en 1937, par mariage. Pendant la Seconde Guerre Mondiale; elle travaille secrètement pour le contre-espionnage français. Elle fournit des informations à la France Libre, notamment en diffusant ses messages via ses partitions musicales. Elle s'engage ensuite dans les Forces aériennes françaises et devient sous-lieutenant. Elle sera décorée de la médaille de la Résistance française.

Militante antiraciste

S'il faut retenir un autre aspect de l'incroyable vie de Joséphine Baker, c'est bien sûr son militantisme. La Venus Noire, comme elle était surnommée, à mené un combat contre le racisme notamment en soutenant le mouvement des droits civiques de Martin Luther King. Avec son mari, elle adoptera 12 enfants d'origines différentes pour prouver qu' «il n'y a qu'une race humaine.» Une femme engagée, qui était aussi connue pour être féministe. Un point commun qu'elle partage avec Simone Veil, qui elle aussi, a été célébrée au Panthéon il y a peu de temps.

Simone Veil (1927-2017)

Elle est l'un des grands symboles des mouvements féministes d'hier et d'aujourd'hui; Simone Veil s'est battue toute sa vie pour défendre ses convictions. Décédée en 2017, l'ancienne ministre de la Santé a rejoint le Panthéon le 1er juillet 2018, sur décision d'Emmanuel Macron. Elle y repose auprès de son époux, Antoine Veil, le premier “mari de” à rejoindre le Panthéon. Toute une signification.

Rescapée d'Auschwitz

Simone Veil, née Simone Jacob, a grandit dans une famille juive à Nice. Lorsque la ville bascule aux mains des Allemands en 1943, la famille Jacob est arrêtée dans les mois qui suivent et déportée dans des camps de concentration. Alors âgée de 16 ans, Simone se retrouve à Auschwitz avec sa mère et sa sœur. Pendant la Shoah, elle perdra son père, sa mère et son frère. Avec sa sœur, elle sera libérée le 15 avril 1945 par les Britanniques.

Une carrière professionnelle exceptionnelle

Après sa libération, Simone déménage à Paris chez sa tante et son oncle. Le retour à la vie normale est particulièrement difficile, mais elle se lance dans des études de droit à Sciences Po. Elle travaille d'abord comme haut fonctionnaire au ministère de la Justice. Son parcours professionnel impressionnant va ouvrir la voie aux femmes. Elle devient la première femme au poste de secrétaire générale du Conseil Supérieur de la Magistrature, la première femme au conseil d'administration de l'ORTF, et la première femme ministre sous la Vème République.

La loi du 17 janvier 1975

Nommée ministre de la Santé dans le gouvernement de Jacques Chirac, Simone Veil propose une loi sur la légalisation de l'avortement. Cette proposition ne fait pas l'unanimité à l'Assemblée nationale, et il faudra plusieurs mois de débats politiques virulents avant d'enfin faire voter la loi en faveur de l'Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) le 17 janvier 1975.

Première présidente du Parlement Européen

Elle s'engage ensuite dans le projet européen, et s'inscrit aux toutes premières élections du Parlement Européen. Élue députée européenne, elle candidate à la présidence du Parlement, et l'emporte. Elle devient ainsi la première présidente de l'institution européenne, de 1979 à 1982. Sa carrière politique se poursuit et Simone Veil entre à l'Académie Française en 2008. Parallèlement, elle se concentre sur un travail de mémoire nationale autour de la Shoah.

Germaine Tillion (1907-2008)

Germaine Tillion était une figure de la Résistance Française. Décorée à de multiples reprises pour ses actes héroïques pendant la Seconde Guerre Mondiale, cette femme est rentrée au Panthéon le 27 mai 2015, sept ans après son décès.

Ethnologue et résistante

Après des études supérieures, qu'elle a notamment suivi à l'École du Louvre, Germaine Tillion devient ethnologue. En 1934, elle part seule en mission en Algérie pour étudier les tribus berbères semi-nomades. En rentrant en France en 1940, elle entend le discours du maréchal Pétain et décide immédiatement de s'engager dans la Résistance française. Elle participe à différentes missions avec son réseau, et protège des familles juives. Elle finit par prendre la tête d'un réseau de résistants, et se fait arrêter en 1943.

Déportée à Ravensbrück

Germaine Tillion est déportée au camp de Ravensbrück, en Allemagne, le 31 octobre 1943. Là-bas, elle tente de comprendre le système dans lequel elle se trouve, et organise des conférences clandestines avec les déportées françaises. Elle est libérée en avril 1945 avec l’arrivée d'un convoi de la Croix Rouge.

Photo :  Germain Tillion via Wikipedia

Des travaux sur l'histoire de la Seconde Guerre Mondiale

Suite à sa libération, Germaine Tillion part en Suède pour se soigner. Elle entame alors une étude sur les femmes détenues libérées, les camps et les crimes nazis. Elle y raconte l’histoire de milliers de femmes déportées. Ses travaux ont permis à la société civile d'en apprendre plus sur ce qu'il s'est passé dans les camps de concentration.

Défense des droits humains

Germaine Tillion retourne en Algérie en 1954, au début de la Guerre d'Algérie pour y mener une étude d'observation et d'analyse. Choquée par les conditions sociales qu'elle découvre, elle ouvre des centres sociaux pour aider à l'alphabétisation du peuple algérien. Après avoir recueilli de nombreux témoignages, elle dénonce la torture subie par des prisonniers et tente de gracier des condamnés à mort.

Geneviève de Gaulle - Anthonioz (1920-2002)

Panthéonisee le même jour que Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz était elle aussi une résistante de la Seconde Guerre Mondiale. Nièce du Général de Gaulle, elle a été célébrée pour son implication dans la Résistance, mais aussi pour ses combats contre la pauvreté. Sa famille refusant qu'elle soit séparée de son mari, c'est un cercueil vide, contenant seulement une poignée de terre issue de son cimetière, qui est entré au Panthéon en 2015.

Résistante sous l'Occupation

Pendant l'Occupation, Geneviève mène des actions de résistance sous le nom de Germaine Lecomte. Entre autres, elle diffuse des tracts anti-nazis, arrache des affiches allemandes, écrit dans un journal clandestin. Malheureusement, elle se fait arrêter par la Gestapo en juillet 1943. D'abord emprisonnée à Fresnes, elle est déportée au camp de Ravensbruck en février 1944. Elle y rencontre alors Germaine Tillion, avec qui elle tisse des liens d'amitiés. Vue comme une possible monnaie d’échange, étant la nièce de De Gaulle qui est alors à la tête de la France libérée, elle est placée secrètement dans un camp du sud de l’Allemagne, jusqu’à sa libération par l’Armée Rouge, le 25 avril 1945.

Un combat contre la pauvreté

Par un concours de circonstances, elle rencontre le Père Joseph Wresinki à la fin des années 1950 et s’engage dans son mouvement, l'ATD Quart Monde qui lutte contre la pauvreté dans le monde. Elle passera le reste de sa vie à défendre les plus défavorisés. Nommée au Conseil Économique et Social en 1988, elle va se battre pendant dix ans pour faire adopter une loi contre la grande pauvreté. Une loi finalement adoptée en 1998.

Marie Curie (1867-1934)

De son nom de jeune fille Maria Skłodowska, Marie Curie est la première femme de l’Histoire à avoir reçu un prix Nobel. Connue pour ses grands travaux scientifiques qui ont permis de faire des progrès en médecine, Marie Curie était aussi une femme engagée. Elle est entrée au Panthéon avec son mari Pierre Curie le 20 avril 1995.

Des études brillantes

Née à Varsovie d’un père professeur de mathématiques et d’une mère institutrice, Marie est dès son plus jeune âge une élève brillante. En 1891, elle rejoint Paris pour suivre des études de physique à la Faculté de Sciences, à la suite desquelles elle travaille dans un laboratoire de recherches physiques. Elle y fait la rencontre de Pierre Curie avec qui elle collabore sur des travaux liés au magnétisme des aciers. Ils se marient peu de temps après et elle prend alors le nom de Marie Curie. Elle obtient ensuite l'agrégation pour pouvoir enseigner les mathématiques aux jeunes filles.

Prix Nobel de physique à 36 ans

Elle entame en 1897 une thèse sur la radioactivité. Pendant cette période, elle annonce sa découverte du polonium (nommée ainsi en référence à son pays d'origine) et du radium quelques mois après le début de son étude. Avec son mari et le physicien Henri Becquerel elle entame des recherches communes sur le phénomène de radiation. Ensemble, ils reçoivent pour ces travaux un prix Nobel de physique. Marie Curie fera l’exploit d’obtenir un second prix Nobel, cette fois en chimie, en 1911.

Des travaux qui ont débouché sur de grandes avancées en médecine

Les travaux de Marie Curie sur la radioactivité vont permettre de faire avancer les recherches contre le cancer. Elle étudie entre autres l'effet des rayonnements sur les tumeurs cancéreuses. Elle crée en 1921 l'Institut Curie, une Fondation centrée sur la recherche, les soins et la transmission de savoirs.

Une héroïne de la Grande Guerre

Marie Curie a aussi mis son savoir au service de la nation. Pendant la Première Guerre Mondiale, elle met en place un service de radiologie mobile afin de repérer les éclats de plombs chez les soldats, et leur sauver la vie le plus vite possible. Elle récupère plusieurs véhicules d’ambulances, les « Petites Curie » dans lesquels elle installe ses radios mobiles. Elle part elle-même sillonner les routes de France avec sa fille de 17 ans à la recherche de soldats blessés pour leur venir en aide. Son invention aurait permis de sauver près d'un million de soldats.

Féministe dans l'ombre

Avec la mort de son mari en 1906, elle se retrouve veuve à 39 ans et doit élever seule ses deux filles.  Déboussolée, elle continue tout de même à travailler dans son laboratoire. Marie Curie remplace son mari à La Sorbonne au poste d'enseignant. Sa prestation est saluée, et elle devient la première femme à la tête d’un laboratoire universitaire. Elle y embauche de nombreuses femmes, très discrètes dans le monde de la science à l'époque. Sa fille dira plus tard qu’elle était une profonde féministe dans l’âme.

Sophie Berthelot (1837-1907)

Sophie Berthelot est la toute première femme à avoir rejoint le Panthéon, c'était en 1907. Mais la raison de son entrée dans le temple de la République est bien différente de celle des autres femmes qui l'accompagnent depuis.

Une belle histoire d'amour

Née Sophie Caroline Niaudet, elle épouse le chimiste et homme politique Marcellin Berthelot en 1861. Fusionnel, le couple fonde rapidement une famille et ils deviennent parents de six enfants. Mais le 18 mars 1907, Sophie décède pour des causes que l'on ignore. Quelques heures plus tard, son mari trop éprouvé par le chagrin, meurt aussi.

Inséparables, même après la mort

Après la mort de Marcellin Berthelot, les parlementaires votent en faveur d'un enterrement de l'homme politique au Panthéon. La famille Berthelot demande à ce que Sophie soit enterrée à ses côtés, pour ne pas les séparer. Leur vœu sera exaucé en avril 1907.

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