L’affaire VA - OM : retour sur le plus gros scandale de Bernard Tapie
Le 13 septembre, la série sur Bernard Tapie est sortie sur Netflix. Un biopic qui retrace la vie de l'homme d'affaires en suivant son ascension... et ses scandales !
Le businessman a marqué, à jamais, l'histoire du football français. Président de l'Olympique de Marseille de 1986 à 1993, il a mené le club au sommet de l'Europe.
Malheureusement, cette belle époque ne va pas durer éternellement et l'année 1993 va être gâchée par un évènement : l'affaire VA - OM. Retour sur le plus gros scandale du football français.
L’année 1993 restera à jamais gravée dans les mémoires des supporters de Marseille. Vainqueurs du championnat et, surtout, de la première Ligue des Champions du football français, les Phocéens sont au paradis.
L’équipe entraînée par Raymond Goethals est impressionnante. Avec 71 buts marqués et 36 encaissés, les Olympiens enchaînent les victoires grâce à leur attaquant croate Alen Boksic, auteur de 23 buts dans la saison. Pourtant, leur place de leader ne tient qu’à un fil.
Au coude-à-coude avec le Paris-Saint-Germain avant la 36e journée, les Marseillais doivent absolument s’imposer à Valenciennes, 18e du championnat, le 20 mai 1993. La victoire est impérative avant le choc contre le rival parisien lors de 37e journée, qui pourrait sceller le sort du championnat.
La semaine du 20 au 27 mai est essentielle pour l'OM, qui dispute également la finale de la Ligue des Champions le 26 ami contre l'AC Milan. Le match contre Valenciennes doit donc être gagné sans blessure ni exclusion.
Le 20 mai, la tension est à son maximum au coup d’envoi, entre une équipe qui joue son maintien et l’autre qui joue le titre. Le match est très fermé et aucune des deux formations ne prend l'ascendant sur l’autre. Toutefois, à la 21e minute, le renard des surfaces Alen Boksic ouvre le score.
Le score de 1-0 ne bougera pas, l’Olympique de Marseille restant très solide en défense et privant son adversaire du ballon. Une victoire logique, pleine de maîtrise du club phocéen et qui rapproche encore un peu plus Valenciennes de la Ligue 2.
La semaine suivante, le 29 mai 1993, Marseille reçoit le Paris-Saint-Germain dans une rencontre ultra décisive pour le championnat. Sur une série de sept matchs sans défaite, les Parisiens arrivent sûrs de leur force au Vélodrome. Dans une ambiance bouillante, c’est le défenseur Rudi Voller qui va ouvrir le score avant qu'à la 38e minute, Basile Boli place un coup de tête légendaire, de l’extérieur de la surface.
L’Olympique de Marseille marque même un troisième but par l’intermédiaire de l’inévitable Alen Boksic. L’OM remporte le match 3-1 et est, officiellement, champion de France. Avec 56 points, ils sont certains de finir à la première place du championnat.
Également vainqueurs de la Ligue des Champions le 26 mai 1993, grâce à un but de la tête de Basile Boli contre l’AC Milan, les supporters de l’Olympique de Marseille vivent un rêve éveillé… mais tout va s’effondrer quelques semaines après.
Le 8 juin 1993, la Ligue nationale de football (LNF), présidée par Noël Le Graët, porte plainte contre X dans une affaire de corruption impliquant des joueurs de Valenciennes et les dirigeants de l’OM. Le monde du football est sous le choc, que s'est-il passé ?
Le 22 mai, deux jours après le match entre Valenciennes et l’OM, le club nordiste est allé déclarer une tentative de corruption de la part de son adversaire, qui aurait acheté ses joueurs.
À la mi-temps du match entre les deux clubs, c’est le défenseur valenciennois Jacques Glassmann qui avoue à son entraîneur Boro Primorac que Jean-Jacques Eydelie, un joueur de Marseille et ancien coéquipier, est venu le contacter la veille du match.
Eydelie et Jean-Pierre Bernès, directeur général de l'OM, lui auraient promis une somme d’argent pour qu’il “lève le pied” pendant le match. Mais Glassman n’est pas le seul joueur concerné, car Jorge Burruchaga (milieu de terrain) et Christophe Robert (attaquant) auraient également reçu une offre.
Le soir du match, la femme de Christophe Robert récupère, sur le parking du Novotel où logent les Marseillais, une enveloppe de billets de 250 000 francs (38 000 euros) remis par Eydelie lui-même, après la victoire 1-0 de l’OM.
Le 23 juin, le président de l’OM Bernard Tapie demande à rencontrer le procureur de la République de Valenciennes, Éric de Montgolfier. Ce dernier vient alors d’ouvrir une information judiciaire et Tapie est persuadé que l’homme de justice ne sait rien de sensible dans l’affaire.
Or, quelques heures plus tôt, l'entraîneur de Valenciennes Boro Primorac a rencontré Éric de Montgolfier. Lors de cet échange, le procureur apprend que Tapie a tenté, le 17 juin, d’acheter le témoignage de Primorac. Il apprend également que Christophe Robert a avoué l'échange d’argent et que l’enveloppe, cachée dans le jardin de sa belle-mère, a été rendue.
L’échange entre Bernard Tapie et le procureur n’est pas concluant et, le 27 juin, le joueur de l’OM Eydelie se présente lui-même à la justice et est écroué à la maison d’arrêt de Valenciennes. Le 30 juin, les bureaux de l’OM sont perquisitionnés et le directeur de l’OM, Jean-Pierre Bernès, est mis en examen.
Le monde du football est alors sous le choc : le champion d’Europe et de France aurait acheté les joueurs adverses. Le 6 septembre 1993, le comité exécutif de l'UEFA exclut l'OM de l'édition 1993-1994 de la Ligue des champions. Le club ne pourra pas défendre son titre et disputer la Supercoupe d’Europe.
Quelques semaines plus tard, le 22 septembre, la Fédération Française de Football retire le titre de champion de France à l’OM après un ultimatum de la FIFA. Toutefois, le club phocéen reste en première division pour la saison 1993-1994 et finit à la deuxième place.
Le 22 avril 1994, la FFF décide de rétrograder l’Olympique de Marseille en deuxième division. Bernard Tapie perd également sa licence de dirigeant et le club commence à couler. Criblé de dettes, l’OM reste en seconde division jusqu’à la saison 1996-1997.
En 1997, Bernard Tapie révèle enfin les raisons de ce transfert d’argent : “Nous étions à une semaine de la finale contre le Milan AC. Il fallait être certains d'avoir tous nos titulaires intacts. Nous ne pouvions pas nous permettre de répéter l'erreur de la finale de Bari où deux joueurs étaient absents.”
Cette affaire est, sans aucun doute, le plus gros scandale du football français et fait tache dans la saison 1992-1993 de l’OM. Une saison historique pour la France car il s’agit de la seule victoire d’un club français en Ligue des Champions à ce jour.
En 1997, Bernard Tapie est condamné et emprisonné pendant six mois dans le cadre de cette affaire. Il aura de nouveaux problèmes avec la justice dans les affaires Phocéa et Testut. Deux démêlés judiciaires où il sera reconnu coupable.