La famille Borlée et les Jeux Olympiques : je t'aime, moi non plus !
Huit athlètes : une seule famille. Dans l'histoire de l'athlétisme, la famille Borlée ne ressemble à aucune autre. Depuis les années 70, les Borlée sont le visage du sprint belge, de Jacques à Rayane, retour sur le parcours d'une bande à part.
Les statistiques proviennent du site World Athletics.
L'histoire des Borlée commence dans les années 70 avec deux frères : Jean-Pierre (1947) et Jacques (1957). En 1977, c'est le cadet, Jacques, qui fait parler de lui en devenant champion de Belgique du 400 mètres haies.
Toutefois, ce n'est pas dans les haies que le Belge se spécialise : c'est dans le sprint. Que ce soit sur 100, 200 ou 400 mètres, Jacques Borlée est redoutable. C'est simple, il a été champion national sur chacune des distances, c'est dire !
En 1980, le jeune homme de 23 ans participe à ses premiers Jeux Olympiques, à Moscou. Il termine quatrième de ses séries en 47 s 77 avant de se faire éliminer en quart de finales malgré un temps de 47 s 73.
En 1983, Jacques Borlée (à gauche sur la photo au côté de Kévin et Jonathan, ses fils) passe tout proche du Graal : une médaille d'or internationale. Sur le 200 mètres, il termine deuxième des championnats d'Europe de Budapest en 21 s 13 selon World Athletics. Il s'agit de la première médaille internationale de la famille Borlée, pas la dernière !
En 1985, Jacques Borlée épouse Edith Demaertelaere, une sprinteuse belge, selon le Soir et, l'année suivante, le couple accueille son premier enfant : Olivia. En 1988 naissent les deux jumeaux Kévin et Jonathan, puis Alizia en 1991 et enfin Dylan en 1992.
(Sur la photo de gauche à droite, Kévin, Jonathan, Olivia et Dylan)
Après sa carrière en tant que sprinteur, Jacques décide de devenir entraîneur et intègre l'établissement du White Star, à Wouwe, selon Radio Canada. Rapidement, ses enfants se mettent à l'athlétisme et la première à briller est Olivia.
En 2007, l'athlète de 21 ans imite son père en remportant une médaille internationale. Avec le relais 4×100 m, elle décroche le bronze aux championnats du monde d'Osaka.
En 2008, ce même relais belge, composé d'Olivia, de Kim Gevaert, Élodie Ouédraogo et d'Hanna Mariën, fait sensation en terminant deuxième du 4×100 m des Jeux Olympiques, en battant un nouveau record national (42 s 54, selon Olympics.com). En 2016, le CIO donne la médaille d'or aux Belges après avoir décelé des produits interdits dans les échantillons de l'équipe russe.
Les exploits de la grande sœur vont alors inspirer les deux frères jumeaux : Kévin et Jonathan. En 2008, ils participent tous les deux aux Jeux Olympiques et sont tous deux éliminés en demi-finale. Jonathan termine cinquième en 45 s 11, selon World Athletics, tandis que Kévin termine troisième malgré un nouveau record de Belgique en 44 s 88.
Par la suite, les deux frères participent au relais 4×400 mètres avec Cedric van Branteghem et Arnaud Ghislain. Il termine cinquième de la finale avec un nouveau record national en 2 min 59 sec et 37 centièmes. Ils seront reclassés quatrième à la suite du déclassement du relais russe.
Après les Jeux Olympiques, les deux frères quittent la Belgique pour rejoindre les États-Unis et Tallahassee, à l'Université d'État de Floride. Là-bas, ils participent aux championnats NCAA (universitaires) et Jonathan remporte la médaille d'or avec un nouveau record national sur le 400 mètres en 44 s 78.
En 2010, aux championnats du monde de Doha, les frères Borlée, Cedric van Branteghem et Antoine Gillet frappent fort en terminant deuxième du relai 4×400 m derrière les États-Unis. La toute première médaille mondiale pour les deux frères, qui rejoignent ainsi Olivia et Jacques !
La même année, Kévin va définitivement prendre son envol. En finale du 400 mètres des championnats d'Europe de Barcelone, le Belge marque l'histoire en remportant la médaille d'or en 45 s 08, son frère terminant septième de la course en 45 s 35. Peu après, ils décrochent ensemble la médaille de bronze du 4×400 mètres.
En 2011, Kévin se présente comme l'un des favoris des championnats du monde de Daegu. Malgré un temps canon de 44 s 90 en finale, il termine troisième et décroche sa première médaille mondiale en individuel.
Lors des championnats de Belgique, en juin 2012, Kévin Borlée établit la troisième meilleure performance mondiale de l'année en 44 s 56 (selon la RTF), pulvérisant par la même occasion le record national de 15 centièmes. De bon augure pour les Jeux Olympiques de 2012, qui se déroulent quelques semaines plus tard !
C'est en pleine confiance que les deux frères Borlée abordent les Jeux Olympiques de Londres. Après avoir réussi leurs séries, Jonathan battant une nouvelle fois le record de Belgique en 44 s 43, ils se qualifient tous les deux pour la finale du 400 mètres. Malheureusement, les frères vont terminer en cinquième et sixième position de la course, en 44 s 81 et 44 s 83.
Très déçus, ils confiaient à l'arrivée au micro de la RTBF : "Nous sommes vraiment déçus. Être en finale, c'est bien, mais on a toujours envie de plus", explique Jonathan. "Nous pouvons quand même être satisfaits de ces Jeux, nous avons donné tout ce que nous avions. Malheureusement, on a hérité des mauvais couloirs (deux et neuf, ndlr). C'est le sport, nous sommes déçus, mais tout de même contents d'être en finale."
En course pour la médaille sur le 4×400 mètres, l'équipe belge termine finalement cinquième et aucun des frères ne revient avec une médaille. Un crève-cœur malgré des temps encourageants.
Toutefois, Kévin se console le 7 septembre au Mémorial Van Damme, en remportant le trophée de la Diamond League en s'imposant à Bruxelles devant son frère. Un titre qui récompense sa régularité au plus haut niveau.
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Jamais deux sans trois ! Alors que les deux frères Borlée se font un nom dans l'athlétisme mondial, Dylan commence aussi à faire parler de lui. Spécialiste du 400 mètres, il intègre le relais 4×400 belge.
Ensemble, les trois frères vont continuer à briller, mais surtout lors des relais. En 2015 et 2016, ils remportent les 4×400 mètres des championnats d'Europe. Des performances qui leur permettent d'envisager une nouvelle médaille olympique à Rio de Janeiro, en 2016.
Après des déceptions sur le 400 mètres (les deux frères sont éliminés en série), Jonathan, Kévin et Dylan, accompagné de Julien Watrin, ambitionnent une médaille sur le relais. Malheureusement, l'équipe se classe quatrième malgré un nouveau record national en 2 min 58 secondes et 52 centièmes, à seulement quatre centièmes de l'équipe des Bahamas.
Il s'agit donc d'une nouvelle déception pour les frères Borlée qui, contrairement à leur sœur Olivia, n'arrivent pas à décrocher de médailles aux Jeux Olympiques.
Depuis, les frères Borlée continuent de dominer le 4×400 mètres européen... et même mondial. Après deux titres en 2018 et 2019, ils dérochent leur première médaille d'or aux championnats du monde 2022 en salles à Belgrade, avant de terminer troisième des championnats du monde d'Eugene.
Les Jeux Olympiques de Paris 2024 seront les derniers pour Jonathan et Kévin qui ont déjà annoncé au média l'Avenir prendre leur retraite après les JO : "C'est celle (la médaille) qui nous manque", a confié Kévin. "Si tout se met en place et que l’on peut atteindre cet exploit, ce serait le sommet. Mais vous avez beau être entièrement prêt, remporter une médaille olympique n’arrive pas comme ça. Prenez exemple sur les Pays-Bas. Ils sont médaillés olympiques à Tokyo puis ne parviennent pas en finale des Mondiaux un an plus tard à Eugene."