Kilian Jornet a relevé son défi : gravir tous les plus hauts sommets des Alpes en un temps record
Parmi toutes les disciplines sportives, l'ultra-trail est sûrement l'une des plus exigeantes. Dans ce domaine, un homme est roi : Kílian Jornet, que l'on surnomme "l'ultra-terrestre". L'Espagnol, considéré comme l’un des plus grands coureurs à pied en montagne de tous les temps, ne cesse en effet de repousser les limites du possible.
Tout au long du mois d'août, l'athlète espagnol s'est lancé dans le défi le plus difficile de sa vie : gravir à la course à pied les plus hauts sommets des Alpes. Sous le nom de « Alpine Connections », il a cherché à atteindre les 82 « quatre mille » du massif alpin dans le temps le plus court possible.
Photo : Instagram @kilianjornet
Et non seulement il a atteint son objectif, mais il l'a fait en un temps absolument fou... en 19 jours seulement ! En 19 jours, Jornet a réussi à relier les 82 sommets de plus de 4 000 mètres des Alpes en 267:45:16 heures de marche, en parcourant 1 207 kilomètres et en accumulant 75 344 mètres de dénivelé.
Photo : Instagram @kilianjornet
« J'ai besoin de temps pour digérer ce que j'ai vécu. J'ai en tête les magnifiques levers et couchers de soleil que j'ai vus, les rires avec les amis qui m'ont accompagné », a posté Jornet sur ses réseaux sociaux après avoir relevé son défi.
« Le projet est un défi colossal en raison de l'exposition, de la difficulté technique et de l'approche qu'il requiert », a expliqué l'expert en ultra-trail Ian Corless dans un message publié sur le réseau social X. « Pour moi, il s'agit de l'un des plus grands exploits sportifs de tous les temps ».
« Dans une combinaison hybride de trail running, d'alpinisme, d'escalade et de cyclisme, Kilian Jornet a réuni dans ce projet tout ce qui le passionne : la majesté des montagnes, l'affrontement de l'inconnu, l'hommage à l'alpinisme et à ses mentors, la recherche physiologique et la quête des limites physiques et mentales, le tout partagé avec des amis et la communauté », a ajouté Ian Corless.
Photo : Instagram @kilianjornet
Le défi relevé est attesté non seulement par les chiffres eux-mêmes, mais aussi par la comparaison avec ceux d'autres grands athlètes qui l'avaient déjà tenté auparavant. Jusqu'à présent, le record était détenu par les Italiens Franco Nicolini et Diego Giovanni, qui l'avaient réalisé en 60 jours... 41 jours de plus que Jornet !
L'athlète espagnol né dans la ville de Sabadell (Barcelone) est considéré comme l'un des plus grands coureurs de montagne de tous les temps et continue de se battre pour repousser les limites du possible dans ce sport.
Parmi ses grandes réalisations, on peut citer ses records de temps dans l'ascension de sommets importants tels que le mont Blanc, le Danali ou le Cervin, ce qui fait de lui un grand exemple pour les amateurs de trail running.
Et pour ne rien gâcher au plaisir, Jornet est un sportif doté d'une discipline incontestable, qui lui a permis d'atteindre tous ces objectifs, mais aussi une personne d'une humilité remarquable. Le tout couronné par un palmarès enviable qui lui a valu son surnom d'« ultra-terrestre ».
La montagne et les Jornet, c'est en tout cas une histoire de longue date. En effet, son père Eduard Jornet est un guide de montagne et gardien de refuge, tandis que sa mère, Núria Burgada, est professeure et entraîneur de ski de montagne. Ainsi, le jeune garçon vit dans le refuge de son père à 1 986 mètres d’altitude jusqu'à ses 12 ans.
Dès sa plus tendre enfance, Kílian Jornet est plongé dans l'univers de l'alpinisme. Dans une interview accordée au journal L'Indépendant, il affirme avoir grimpé son premier sommet de 3 000 mètres à trois ans et son premier 4 000, le Breithorn (en photo), à six ans.
Dès l'âge de 13 ans, il intègre le Centre de Tecnificació d'Esquí de Muntanya de Catalunya où il commence un entraînement intensif de ski-alpinisme. Rapidement, cette pratique prend le pas sur ses études et il décide de s'y consacrer à plein temps, comme il l'affirme au journal Le Matin en 2009.
Après avoir fait ses classes dans les épreuves juniors, il concourt avant ses 20 ans avec les seniors, côtoyant les plus grands champions de l'époque : Agustí Roc Amador et Florent Troillet.
C'est en 2009, à 22 ans, que le Catalan frappe un grand coup en remportant le classement général de la Coupe du monde de ski-alpinisme et de la Skyrunner World Series. Il bat cette année-là de nombreux records de traversée dont ceux du GR20, de l'UTMB ou du Tahoe Rim Trail.
Son gabarit assez léger (1,71 m pour 57 kg) est idéal pour les courses longue distance et l'Espagnol devient intouchable, remportant presque toutes les courses auxquels il participe pendant cinq ans.
Après avoir marché sur la concurrence en ultra-trail pendant cinq ans, l'Espagnol se lance un nouveau défi : le projet "Summits of my Life". Le principe ? Grimper les plus grands sommets du monde, dont l'Everest, en utilisant que des chaussures de trail, sans crampons, ni piolet, ni oxygène.
C'est lors de ce projet fou qu'il bat les records d'ascension du Mont Blanc (8 heures 42 minutes et 57 secondes), du Cervin (2 heures 52 minutes et 2 secondes aller-retour) et du Denali en 11 heures et 40 minutes. Toutefois, cette obsession pour la vitesse et la performance est reprochée par certains alpinistes qui lui reprochent son imprudence, notamment l'Américain Dan Howitt dans son livre The Rise of the Ultra Runners.
En 2020, dans une interview accordée au journal L'Obs, Kílian Jornet est revenu sur ce projet et son impact environnemental. Il a reconnu « être l'un des plus grands destructeurs de l'environnement ».
« Ces dix dernières années, j'ai voyagé si frénétiquement en avion que mon mode de vie a été catastrophique pour l'environnement. » Depuis, il a créé sa propre fondation pour la lutte contre la pollution et la sensibilisation pour le ramassage des déchets.
Et tout cela, alors qu'il continue à s'efforcer de réaliser l'impossible et à repousser ses limites dans les montagnes. En 2023, il a réussi à relier les 177 « trois mille » des Pyrénées en 8 jours et, en 2024, les 82 « quatre mille » des Alpes en 19 jours. Quel sera le prochain défi ?