Comment Laurent Jalabert est-il passé de sprinteur à vainqueur de grand Tour ?
Dans l'histoire du cyclisme, plusieurs coureurs ont connu des évolutions assez surprenantes et Laurent Jalabert en fait partie. D'abord sprinteur, le Français a ensuite transformé sa manière de courir jusqu'à remporter un Tour d'Espagne en 1995.
Cycliste extrêmement complet, Laurent Jalabert s'est illustré dans tous les domaines : sur les grands tours, lors des classiques et même en contre-la-montre.
Laurent Jalabert commence le cyclisme en 1980, à 12 ans, au sein de l'Union Vélocipédique Mazamétaine. Il passe professionnel en 1989 avec l'équipe Toshiba, à 22 ans.
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À ce moment-là, Laurent Jalabert brille dans un domaine en particulier : le sprint. Il remporte notamment le Tour d'Armorique et, en 1990, la course Paris-Bourges.
À cette époque, le coureur impressionne par sa régularité dans l'exercice, en terminant notamment deuxième du classement par point de la Vuelta. Présents sur tous les sprints, il réussit également à passer les bosses et grappiller des points aux intermédiaires.
Peu à peu, il prouve sa polyvalence en s'illustrant sur tous les terrains : étapes de plats, courses pavées, parcours pour baroudeurs... Le Français se distingue partout.
C'est en 1992 que la carrière de Laurent Jalabert va prendre un tout autre tournant. Il rejoint l'équipe ONCE et remporte le maillot vert du Tour de France, en s'adjugeant la sixième étape au sprint.
La ONCE mise tout sur les qualités de sprinteurs de son coureur qui remporte, en 1993, 18 victoires en une seule saison, dont deux sur le Tour d'Espagne. Laurent Jalabert est alors, aux yeux du monde, un sprinteur et rien d'autre.
Le Tour d'Espagne devient son terrain de jeu favori et, en 1994, il remporte 7 des 21 étapes de la course, remportant au passage le classement par points.
Toutefois, la manière de courir de Laurent Jalabert évolue. Le Français est redoutable sur tous les terrains et ne se limite plus aux sprints. Il est également une menace dans les courses en côtes, destinées aux baroudeurs.
Trois mois après la Vuelta, Laurent Jalabert participe au Tour de France mais, dès la première étape à Armentières, chute très gravement à cause d'un mouvement causé par un policier et est arrêté plusieurs mois. Cet incident va le marquer et l'éloigner des sprints massifs, souvent cause des chutes.
En 1995, il revient avec la volonté de montrer au monde entier qu'il n'est pas qu'un sprinteur et qu'il est, tout simplement, le meilleur cycliste du monde. Il remporte les classiques Milan San-Remo, Paris-Nice, la Flèche wallonne et sort du lot par son punch et son endurance.
Après Paris-Nice, il confie : "Je fais plus d'efforts que d'habitude sur cette course. Je cours désormais comme un leader, plutôt que comme un sprinteur qui cherche à en garder sous la pédale pour le final." Si le coureur est, certes, moins performant en sprint, il fait désormais partie des échappées et suit les meilleurs en montagne.
Le public découvre un coureur extrêmement complet mais ne s'attend pas à ce qui va suivre. Laurent Jalabert prend alors le départ du Tour de France et, pour la première fois, ne va pas faire du classement par points son objectif. Cette fois-ci, il vise le classement général !
Sur les étapes de la Grande Boucle, l'ex-sprinteur va prendre le maillot jaune dès la deuxième étape, en profitant des bonifications lors des intermédiaires. Si Jalabert est un coureur complet, il garde une pointe de vitesse redoutable.
Après une chute, il perd 50 secondes mais continue de reprendre du temps grâce aux places d'honneur et aux bonifications. Il récupère le maillot vert mais pas le jaune. Dans les Alpes, il se montre offensif mais perd plus de sept minutes sur Indurain. Il se reprend dans les Pyrennées et termine le Tour à la quatrième position, en remportant le maillot vert.
Cette fois-ci, plus de doute, Laurent Jalabert est un coureur à prendre au sérieux en montagne. Il va le prouver sur les routes de la Vuelta en remportant, en 1995, son premier Grand Tour.
Dès les premières étapes, Laurent Jalabert se crée un matelas confortable en grattant des bonifications mais, à la surprise générale, c'est en montagne qu'il va reprendre plus de trois minutes sur Virenque, Olano et Pantani. Il termine cette Vuelta avec quatre minutes d'avance sur Olano, cinq victoires d'étapes et les maillots du général, de la montagne et des points.
Laurent Jalabert finit alors l'année à la première place mondiale. Désormais, Laurent Jalabert joue presque systématiquement le général et ne passe pas loin d'un coup double sur la Vuelta en 1996, mais perd 25 minutes à cause d'une intoxication alimentaire.
En 1997, il devient champion du monde du contre-la-montre et démontre qu'il est l'archétype du coureur complet. En 2001 et 2002, il se donne de nouveaux objectifs : le classement de la montagne, qu'il remporte par deux fois sur les routes du Tour.
Classement de la montagne, du général, par points, contre-la-montre... Laurent Jalabert a tout gagné. Toutefois, une ombre plane au tableau, et pas des moindres. En effet, le 24 juin 2013, l'Agence Française de Lutte contre le Dopage annonce que Laurent Jalabert a été contrôlé positif à l'EPO sur le Tour de France 1998.
Le coureur a toujours nié cette accusation et n'a jamais reconnu avoir eu recours au dopage. Dans sa carrière, il a notamment côtoyé les docteurs Fuentes et Ferrari, tous deux impliqués dans des affaires de dopage.
Aujourd'hui, Laurent Jalabert continue de briller sur les triathlons car le Français est champion du monde de sa catégorie 55-59 ans, après avoir été champion du monde des 50-54 ans.
Laurent Jalabert est également présent dans les médias puisqu'il commente le Tour de France depuis 2017 avec Alexandre Pasteur et Marion Rousse.