Raymond Devos aurait eu 100 ans : que reste-t-il du célèbre humoriste franco-belge ?
Raymond Devos, le célèbre humoriste franco-belge, aurait eu 100 ans le mercredi 9 novembre. Célébré de son vivant pour ses jeux de mots absurdes ou métaphysiques, il fait partie des plus grands noms de l’humour francophone du XXe siècle. Un aperçu en images de sa vie, de son œuvre et de sa postérité.
Fils d’un industriel ruiné de Tourcoing, près de Lille, Raymond Devos est né en 1922 à Mouscron, en Belgique. Il grandit entre le nord de la France et la banlieue de Paris, mais doit interrompre ses études à treize ans, à cause des problèmes financiers de ses parents.
Français né en Belgique, Raymond Devos a eu les deux nationalités. Il a décrit ainsi sa situation personnelle : « Je suis né avec un pied en Belgique et un pied en France, c’est pour cela que je marche les pieds écartés. »
Le jeune Raymond a hérité de sa mère le goût des jeux de mots et la sensibilité artistique. En 1948, il monte son premier numéro « Les trois cousins » avec André Gille et Georges Denis. Le trio se produit au club Le Vieux Colombier, à Paris.
L’humoriste écrit et joue ses propres sketches, et se produit bientôt dans les plus grandes salles de France. Comédien, musicien, mime, magicien… sa palette d’artiste est sans limite, tout comme son talent d’écriture, et le public est impressionné.
Plus tard dans sa carrière, Raymond Devos apparaît aussi à la télévision. Invité dans l’émission « Le Grand Échiquier » de Jacques Chancel, il improvise avec Georges Brassens et Lino Ventura sur la chanson « Les Copains d’abord » du célèbre chanteur.
Tout au long de sa vie, Devos a eu des sources d’inspiration littéraires et artistiques variées pour composer ses sketches, de Marcel Aymé à Raymond Queneau en passant par Charles Chaplin, mais aussi Boris Vian avec lequel il a travaillé. Mais il n’oubliait jamais de mettre aussi son nez de clown !
Installé depuis 1963 à Saint-Rémy-lès-Chevreuse, dans le sud de Paris, Raymond Devos est décédé chez lui en juin 2006. De nombreuses personnalités du monde de la culture et du spectacle étaient présentes à ses obsèques, comme Line Renaud, Jean Rochefort et Henri Salvador.
La succession de l’humoriste, veuf depuis 1999, a donné lieu à une bataille judiciaire entre sa famille et une femme récemment installée à son domicile, qui se présentait comme sa « dernière compagne ». Alors qu’elle avait écarté son entourage, elle n’a finalement pas obtenu gain de cause devant les tribunaux.
Le principal héritage de l’écriture et de l’humour de Raymond Devos est son goût sans cesse renouvelé de l’absurde, des paradoxes, et sa science des jeux de mots. Le public a retenu de lui de nombreuses formules restées célèbres.
Ses fameuses citations évoquent parfois l’humour et le rire : « Qui prête à rire est sûr de ne jamais être remboursé. » Mais Devos aimait aussi beaucoup jouer sur le sens des mots : « Je suis adroit de la main gauche et je suis gauche de la main droite. »
Son sens de la formule a donc toujours fait mouche. Dans le sketch « À tort ou à raison », il écrivait : « On a toujours tort d’essayer d’avoir raison devant des gens qui ont toutes les bonnes raisons de croire qu’ils n’ont pas tort. »
Mais le génie de Raymond Devos pouvait aussi s’aventurer du côté des mathématiques, avec une réflexion sur le rien et la valeur de zéro : « Si on peut trouver moins que rien, c’est que rien vaut déjà quelque chose. » Ou encore : « Pour trois fois rien, on peut déjà acheter quelque chose. »
La résidence de l’humoriste à Saint-Rémy-lès-Chevreuse a été transformée en un Musée Raymond-Devos qui accueille les visiteurs. Une fondation Raymond-Devos perpétue la mémoire de l’humoriste dans ce qu’il appelait lui-même « l’après-lui ».
À partir de 2018, l’acteur François Morel a rendu hommage à Devos, dont il est un grand admirateur, dans son spectacle « J’ai des doutes » où il apparaît sous les traits de son modèle et reprend ses textes.
Raymond Devos aurait eu 100 ans aujourd’hui. Personne ne peut savoir quel jeu de mot il aurait trouvé pour cet anniversaire un peu spécial. Mais l’humoriste reste une personnalité unique dans l’histoire de la scène française, et ses bons mots continuent de faire rire et d’inspirer.