Que devient Roberto Benigni, figure majeure du cinéma italien ?
Que devient Roberto Benigni, l’acteur italien aussi célèbre pour ses pitreries que pour son immense talent de comédien ? Plus en retrait du monde du cinéma ces dernières années, il a cependant reçu un Lion d’or à la Mostra de Venise pour l’ensemble de sa carrière en 2021.
A priori, pas grand-chose ne prédestinait Benigni à devenir un showman mondialement reconnu. Né en 1952, quatrième enfant d’une famille modeste, il est inscrit dans un séminaire qu’il quitte après les inondations qui ont touché la ville de Florence. Le jeune Roberto reprend ses études mais il sait déjà que sa vocation est le spectacle.
Benigni se fait d’abord un nom comme chanteur au début des années 1970, en interprétant une chanson paillarde à la télévision. D’abord connu en Italie grâce à la musique, il fait ses premiers pas sur les planches et se consacre pendant trois ans au théâtre expérimental à Rome.
La rencontre de Giuseppe Bertolucci est décisive dans la carrière de Benigni. Le réalisateur lui écrit un monologue qu’il joue dans toute l’Italie et lui donne en 1977 son premier rôle au cinéma dans « Berlinguer ti voglio bene », dont l’acteur a également signé le scénario.
Dès le début de sa carrière, Benigni se fait remarquer par sa gestuelle et par l’exubérance verbale qui est sa marque de fabrique. Il joue rapidement pour les plus grands réalisateurs transalpins comme Fellini ou Ferreri. Au-delà du cinéma italien, il apparaît dans des productions internationales comme « Clair de femme » de Costa-Gavras (1979).
Acteur attachant au style inimitable, Benigni est aussi un scénariste et réalisateur talentueux. En 1983, il tourne son premier long-métrage « Tu me troubles », qui est par ailleurs le premier rôle de Nicoletta Braschi, son épouse depuis 1991…
Roberto Benigni est passé régulièrement derrière la caméra mais son plus grand succès vient avec « La vie est belle » (1997), l’histoire d’un père qu’il interprète et qui fait croire à son fils que la déportation qu’ils subissent pendant la guerre est en réalité un jeu pour son anniversaire. L’acteur-réalisateur a réussi le tour de force de donner une atmosphère de conte et de poésie au sujet dramatique de la déportation des Juifs.
Le film obtient un succès retentissant avec plus de 10 millions d’entrées en Italie comme aux États-Unis. Salué par la critique, « La Vie est belle » obtient la bagatelle de 63 prix, dont le Grand prix du jury à Cannes en 1998 et trois Oscars en 1999 : meilleur acteur, meilleur film étranger et meilleure musique.
Benigni est aussi adulé du public par sa capacité à faire le spectacle en toutes circonstances. À l’annonce de son nom à la cérémonie des Oscars, il a grimpé sur les fauteuils pour récupérer ses prix avant d’improviser son discours en anglais.
L’année précédente, au Festival de Cannes, l’acteur italien s’était jeté à genoux devant le président de cérémonie, Martin Scorsese. Une scène mémorable qui fait toujours partie des grands moments de l’histoire de la Croisette !
Interviewé à la télévision par Patrick Poivre d’Arvor lors d’un passage en France à la même époque, le comédien italien se dit « fier » que PPDA l’appelle un clown. Les journalistes français n’ont jamais réussi à lui faire dire s’il s’agissait d’un comportement naturel ou d’un jeu.
En 1999, Roberto Benigni livre une autre prestation de haut vol en jouant le fourbe officier romain Détritus, dans « Astérix contre César ». Son personnage d’ambitieux qui complote contre Jules César en essayant d’utiliser les Gaulois a ravi le public français.
En 2001, Benigni se lance dans l’adaptation de la célèbre histoire de Pinocchio. Production la plus coûteuse de l’histoire du cinéma italien, le film est pourtant descendu par la critique, avec par exemple aucune critique positive sur le site Rotten Tomatoes. Pas de quoi entamer la bonne humeur légendaire de son réalisateur !
En 2006 débute « TuttoDante », un one-man-show 100% Benigni qui reprend librement « La Divine Comédie » de Dante. Un succès époustouflant au théâtre comme à la télévision où il est retransmis, qui permettra au spectacle d’être joué dans d’autres pays européens et aux États-Unis.
Depuis « Le Tigre et la Neige » (2005) qu’il a réalisé et dans lequel il a joué, Benigni a été vu beaucoup plus rarement sur le grand écran. Mais ses amateurs n’ont pas oublié sa prestation dans « To Rome with Love », un long-métrage de Woody Allen sorti en 2012 qui a pour décor la Ville éternelle.
Il faut dire que Roberto Benigni a une vie prenante d’entrepreneur en parallèle de la création cinématographique. Le comédien est propriétaire d’une maison de production avec son épouse, et le couple a également des activités liées aux studios Umbria, situés dans un complexe d’usines désaffectées en Italie.
Pas découragé par le flop de « son » Pinocchio, Benigni est revenu au cinéma en 2019 dans le rôle de Geppetto pour la nouvelle adaptation de la célèbre histoire pour enfants, réalisée par Matteo Garrone. Avec plus de deux millions d’entrées en Italie et un accueil critique très favorable, ce dernier rôle a été un succès pour Benigni.
Alors qu’il aura 70 ans à la fin de l’année et qu’il n’est pas réapparu au cinéma depuis le début de la pandémie, Roberto Benigni reste une figure à part dans le cinéma italien et international. L’acteur et réalisateur est toujours aussi apprécié du public pour son air touchant et sa capacité à faire le spectacle. Nul doute qu’il reviendra bientôt avec une nouvelle surprise !