Marlène Jobert, une actrice aux vies multiples
Actrice de talent, conteuse, et bien sûr mère de la célèbre Eva Green, Marlène Jobert a eu une vie aux multiples facettes. Découvrons ensemble et en images le parcours d’une femme désormais âgée de 82 ans.
Née en 1940 à Alger, Marlène Jobert suit une formation de comédienne et fait ses premiers pas sur les planches en 1963, avant de débuter au cinéma quelques années plus tard. Mais il s’en est fallu de peu pour que le destin en décide autrement…
En 1962, la jeune actrice est en effet défigurée à la suite d’un grave accident de la route, provoqué par son compagnon de l’époque Claude Berri. Un épisode qui l’a traumatisée et qui lui a laissé une longue cicatrice. Mais Marlène Jobert a pu compter sur la chirurgie esthétique pour sauver la situation.
Le premier rôle de l’actrice au cinéma est son apparition dans « Masculin féminin » de Jean-Luc Godard (1966). On la voit aux côtés de Jean-Pierre Léaud, un jeune homme militant contre la guerre du Viêt Nam, et de Chantal Goya qui interprète une jeune chanteuse.
Après une apparition dans « Le Voleur » de Louis Malle l’année suivante, Marlène Jobert accède progressivement à la notoriété en 1968, grâce à « Alexandre le Bienheureux » d’Yves Robert, avec Philippe Noiret dans le rôle principal.
À partir de ce moment, les rôles et les succès s’enchaînent. Au début des années 1970, l’actrice livre ses rôles les plus marquants tout en créant sa propre société de production. Sa carrière est définitivement lancée !
Marlène Jobert a tourné pour les plus grands réalisateurs français de l’époque : Michel Audiard, René Clément, Claude Chabrol, Claude Lelouch… Au-delà de son talent, l’actrice a un atout particulier dans sa manche.
Avec sa petite taille et ses cheveux roux coupés courts, Marlène Jobert dégage un air de fragilité qui est rare parmi les actrices françaises de l’époque et la rend très recherchée par les cinéastes. En effet, cette apparence permet d’accentuer le contraste avec les personnages masculins ou avec le courage de ses propres personnages.
Un contraste particulièrement appuyé dans « Nous ne vieillirons pas ensemble » (1972) de Maurice Pialat, où Marlène Jobert interprète la jeune maîtresse d’un homme brutal interprété par Jean Yanne. Un projet qui a pu voir le jour grâce à la ténacité de l’actrice, alors que Yanne était encore en deuil de sa femme.
Il ne faut donc pas se fier aux apparences car Marlène Jobert a un très fort caractère. Alors qu’elle devait jouer en duo avec Yves Montand dans « Max et les Ferrailleurs » de Claude Sautet, elle a refusé le rôle à cause des avances insistantes de Montand qu’elle a mal vécues – et non parce qu’elle ne voulait pas interpréter une prostituée, contrairement à ce que raconte la légende.
Dans les années 1970, l’actrice à succès fait la rencontre de Walter Green, un chirurgien-dentiste suédois installé en France. Marlène Jobert a raconté qu’il ignorait tout de sa notoriété et que ce détail lui avait plu.
Marlène Jobert et Walter Green ont eu ensemble deux filles, deux fausses jumelles nées en 1980 : Joy et Eva. Savait-elle que l’une des deux allait prendre le même chemin que son illustre mère ?
Une inspiration donnée par ses filles ? À partir des années 1980, Marlène Jobert devient conteuse. Sa voix a bercé plusieurs générations d’enfants. Elle s’est aussi lancée avec un certain succès dans la chanson.
Entre ces nouvelles activités et l’éducation de ses filles, l’actrice délaisse progressivement le cinéma. Le public la verra une toute dernière fois sur le grand écran en 1989, dans « Les Cigognes n’en font qu’à leur tête » de Didier Kaminka.
Marlène Jobert a-t-elle sacrifié une brillante carrière à son rôle de mère ? La vedette a été totalement investie dans l’éducation de ses filles, qu’elle n’imaginait pas quitter pour partir en tournage. Mais elle déclare aujourd’hui n’avoir aucun regret, si ce n’est de ne pas avoir joué plus souvent dans des comédies.
Dans les années 1990, Marlène Jobert apparaît toutefois occasionnellement dans des séries télévisées, comme « Avocat d’office » en 1994. Sans doute la difficulté à lâcher totalement le métier !
Même si son parcours a été prématurément interrompu, Marlène Jobert reste une immense actrice dans le cœur du public français. En 2007, elle a reçu un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.
D’abord sceptique sur la vocation d’actrice de sa fille Eva, Marlène Jobert a fini par la soutenir pleinement et ne cache plus son admiration : « Elle a révélé des qualités que je ne lui soupçonnais pas : une résistance physique et mentale, une présence d’une densité impressionnante et un talent indéniable. », a-t-elle déclaré dans une interview pour ‘Gala’ en 2014.
Et qui est son autre fille ? Contrairement à sa mère et à sa sœur jumelle, Joy mène une existence très discrète en Toscane, où elle vit avec un viticulteur. Elle est la mère de deux fils, Giulio et Vittorio.
Marlène Jobert est par ailleurs la tante de la chanteuse Elsa Lunghini, qui a longtemps chanté sous le nom d’Elsa et qui est apparue souvent au cinéma ou à la télévision. Une de ses autres nièces est l’actrice Joséphine Jobert. Une famille d’artistes !
Depuis 2018, Marlène Jobert a lu et enregistré plusieurs contes en duo avec Eva Green. La réunion d’une mère et d’une fille, mais aussi de deux très grandes actrices.
Marlène Jobert est apparue au Festival Lumière de Lyon en tant qu’invitée au mois d’octobre dernier. La reverra-t-on un jour sur scène ou au cinéma ? Alors qu’elle avait déjà refusé un rôle pour François Ozon, elle souhaite désormais se tenir loin du feu des projecteurs. Mais elle restera longtemps dans les mémoires !