Les "petites phrases" les plus polémiques des hommes et femmes politiques français
Nous sommes maintenant habitués aux sorties polémiques du président de la République, friand de “petites phrases” qui déclenchent souvent les passions. Mais Emmanuel Macron est loin d’être le seul politique amateur de "petites phrases" : la Ve République en est largement agrémentée. Résumé.
Emmanuel Macron, 4 janvier 2021. Dans un échange avec des lecteurs du Parisien-Aujourd’hui en France le 4 janvier 2021, Emmanuel Macron a tenu des propos pour le moins sans filtre… En réponse à une question sur l’application du futur pass vaccinal, le président rétorque : “Moi, je ne suis pas pour em...rder les Français. Je peste toute la journée contre l’administration quand elle les bloque. Eh bien, là, les non-vaccinés, j’ai très envie de les em...rder. Et donc, on va continuer de le faire, jusqu’au bout. C’est ça, la stratégie. Je ne vais pas les mettre en prison, je ne vais pas les vacciner de force”. Ça a le mérite d’être clair.
Emmanuel Macron, 16 septembre 2018. Cette phrase est devenue un classique des "petites phrases". C’est ce que le président a répondu à un jeune horticulteur en recherche d'emploi venu visiter l’Élysée à l'occasion des Journée européennes du patrimoine. Selon lui, il y aurait de multiples restaurants et cafés prêts à embaucher "des gens qui sont prêts à travailler". Sans commentaire.
Emmanuel Macron, 28 août 2018. Cette fois, Emmanuel Macron s’en prend à la culture des français. En déplacement au Danemark, il affirme son admiration pour le modèle danois de "flexisécurité". Ce modèle est selon lui impossible à répliquer en France, à causes des différences culturelles entre les deux peuples. “Il ne s'agit pas d'être naïf, ce qui est possible est lié à une culture, un peuple marqué par son histoire. Ce peuple luthérien, qui a vécu les transformations de ces dernières années, n'est pas exactement le Gaulois réfractaire au changement ! Encore que".
Emmanuel Macron, 12 juin 2018. En plein débat sur les aides sociales, une vidéo d’Emmanuel Macron paraît, où on le voit réviser le discours qu’il doit prononcer devant le 42e congrès de la Mutualité française. On l’entend donner son avis (détonnant) sur les politiques sociales : "On met un pognon de dingue dans les minimas sociaux et les gens ne s'en sortent pas. Les gens pauvres restent pauvres, ceux qui tombent pauvres restent pauvres. On doit avoir un truc qui permet aux gens de s'en sortir… Il faut prévenir la pauvreté et responsabiliser les gens pour qu'ils sortent de la pauvreté. Et sur la santé, c'est pareil". Quelle délicatesse…
Emmanuel Macron, 29 juin 2017. Prononcé dans le cadre de l’inauguration du campus de start-up Station F à Paris, Emmanuel Macron considère qu"une gare, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien. Parce que c’est un lieu où on passe. Parce que c’est un lieu qu’on partage". Comment ça, jugement de classe ?
Emmanuel Macron, 28 mai 2016. À l’époque, Emmanuel Macron était encore ministre de l’Économie. En déplacement à Lunel dans l’Hérault, il a été interpellé par des militants CGT, présents pour protester contre la loi Travail. Poussé dans ses retranchements, il répond à l’un d’eux : "Vous n'allez pas me faire peur avec votre tee-shirt. La meilleure façon de se payer un costard, c'est de travailler". Vous ne portez pas de costume ? Mais non, rassurez-vous, vous n’avez pas vraiment raté votre vie.
Marine Le Pen, 14 avril 2019. Invitée du Grand Jury RTL, la présidente du Front National (FN) se permet cette comparaison somme toute étonnante...
Jean-Luc Mélenchon, 14 septembre 2019. Grâce à cette déclaration parue dans son livre "Et ainsi de suite", le chef de file de La France Insoumise (LFI) réaffirme sa petite phrase hurlée aux policiers lors de la perquisition du siège de LFI en 2018 : “La République, c’est moi".
Sibeth Ndiaye, 22 mars 2020. On s’en souvient, au début de la crise sanitaire en mars 2020, les cafouillages concernant le virus ou la bonne manière d’utiliser un masque étaient quotidiens. Ainsi, selon la porte-parole du gouvernement de l’époque, les masques n’étaient pas utiles si on n'est "pas malade". Et d’ajouter cette phrase, largement caricaturée : "Moi, je ne sais pas utiliser un masque. L'utilisation d'un masque, ce sont des gestes techniques précis".
Jacques Chirac, 19 novembre 1994. Et non, l’expression ne vient pas d’une chanson de Tryo, mais c’est plutôt la chanson qui s’inspire de la déclaration de l’ancien président. Lors d'un dîner-débat du Rassemblement pour la République (RPR), Chirac s'exprime sur l’immigration. "Le travailleur qui habite à la Goutte-d'Or et travaille avec sa femme pour gagner environ 15 000 francs. […] Sur son palier d'HLM, ledit travailleur voit une famille entassée avec le père, trois ou quatre épouses et une vingtaine de gosses, qui touche 50 000 francs de prestations sociales sans, naturellement, travailler. […] Si vous ajoutez à cela le bruit et l'odeur, le travailleur français, sur le palier, il devient fou", dit-il. Une petite phrase qui ne passe évidemment pas inaperçue et pour laquelle Chirac, que l’on connaît proche des foules, se serait tout de suite excusé, affirmant ne pas avoir utilisé les bons mots.
Jacques Chirac, 1996. Jacques Chirac est le roi incontesté de la petite phrase. Cette dernière est rapportée par Ghislaine Ottenheimer dans "Le Fiasco", paru cette année-là. "D’abord, parce que ça porte bonheur et puis parce qu’il n’y a que ça qu’il comprenne". Jacques Chirac n’a en effet jamais digéré que son poulain le trahisse pour soutenir Édouard Balladur en 1995. On peut dire qu’il a la rancune facile, mais il faut avouer que la phrase est drôle…
Gérald Darmanin, 29 juillet 2020. Alors qu’il s’exprime en commission des lois à l'Assemblée nationale, le ministre de l'Intérieur refuse le terme de "violences policières". Mais cette formule est pour le moins difficile à digérer. Elle rappelle en effet que l’Américain Gorges Floyd, dont la mort causée par un agent de police a touché le monde entier, a été tué par asphyxie.
François de Rugy, 12 juillet 2019. Un grand classique ! L’ancien président de l'Assemblée nationale est au cœur d’une polémique, après que Médiapart a révélé qu'il avait organisé des dîners de luxe à l’Assemblée. Sur BFMTV, il se défend en affirmant que ces dîners, composés de homard et de champagne, n’étaient pas à son goût… "Moi, je n'aime pas ça [le homard], je n'en mange pas. J'ai une intolérance aux crustacés et aux fruits de mer. Je ne prends pas de champagne, je déteste le caviar". Pauvre chouchou…
Isabelle Balkany, 16 décembre 2019. La femme du maire de Levallois-Perret, Patrick Balkany, lâche cette petite phrase lors de l'audience en appel de son couple pour fraude fiscale et blanchiment d’argent aggravé. Elle affirme être incompétente "en la matière". "J'étais soit dans des entreprises où on le faisait pour moi, à la mairie cette dame le faisait pour moi et au conseil-général il y avait le prélèvement à la source", explique-t-elle. Pas sûre que cette excuse soit bien efficace.
Jean Castex, 5 septembre 2021.On le voit à sa réaction, le Premier ministre, Jean Castex pensait être drôle… Invité sur le plateau de “On est en direct”, présenté par Laurent Ruquier et Léa Salamé, en plein débat sur le maintien des gestes barrières et le port du masque pour les personnes vaccinées le journaliste le relance : "La question de Laurent était très importante". Jean Castex se tourne vers Laurent Ruquier : "C'est une bonne stagiaire, vous me la prêterez comme stagiaire tout à l'heure". Gênant, sexiste, pas drôle.
Marlène Schiappa, 7 décembre 2021. Cette phrase a même obtenu le “Prix Press club, humour et politique” de 2019. Alors qu’elle défendait son projet de loi visant à lutter contre la polygamie, la ministre chargée de la Citoyenneté a bien précisé que malgré cette loi, que les Français pourraient continuer à pratiquer "les plans à trois". Merci, c’est sympa.
François Fillon, 28 août 2016. Cette phrase, l’ancien candidat à la présidentielle, la prononce à l’encontre de Nicolas Sarkozy, sans le nommer, durant la primaire, le 28 août 2016 à Sablé-sur-Sarthe. Quand François Fillon sera mis à son tour en examen pour des soupçons d’emplois fictifs, la phrase sera largement réutilisée contre lui. En même temps, c’est un peu l’hôpital qui se moque de la charité…
François Hollande, 2014. C’est Valérie Trierweiler, l’ancienne compagne de François Hollande qui révèle cette expression dans son livre "Merci pour ce moment", de 2014. Elle y affirme qu’il “n'aime pas les pauvres. Lui, l'homme de gauche, dit en privé : 'les sans-dents' très fier de son trait d'humour."
Jean-Pierre Raffarin, 2005. Jean-Pierre Raffarin, que l’on connaît pour ses "Raffarinades", ces petites phrases pleines d'humour, mais pas toujours de sens, faisait à l’époque campagne pour le "oui" au référendum pour la Constitution européenne. Il tente ici de reprendre le slogan "Le oui a besoin du débat pour gagner" en anglais. Sauf que si l’on traduit sa phrase, ça donne “Gagner le oui, a besoin du non, pour gagner contre le oui”. Vous n’avez pas compris ? Rassurez-vous, nous non plus.
Nicolas Sarkozy, 19 juin 2005. Nicolas Sarkozy était à cette époque ministre de l’Intérieur. Il lance cette phrase restée culte alors qu’il se rend dans la cité des 4.000 à la Courneuve, après la mort de Sid-Ahmed Hammache, un enfant de 11 ans tué d'une balle au bas de son immeuble, victime d'une rixe entre deux bandes. Une phrase qui ne passe pas inaperçue : "Le mot de nettoyage est un mot historique lourd de sens dont il faut éviter l'usage", commente le président de l'Union syndicale des magistrats, Dominique Barella.
Jean-Christophe Lagarde, 13 février 2020. Trop, c’est trop… Mis en cause dans une affaire de clientélisme par Le Point, Jean-Christophe Lagarde de l’UDI et député de la Seine-Saint-Denis, annonçait dans un communiqué qu’il engagerait des poursuites judiciaires pour "diffamation". Il conclut par cette citation de Joseph Goebbels, ministre de la propagande du IIIe Reich. Plusieurs représentants syndicaux réclament sa démission.
Laurent Fabius, 2007. Lors de l’élection présidentielle de 2007, Laurent Fabius a montré sa misogynie. Suite à l’annonce de la candidature de Ségolène Royal, il répond par cette petite réflexion macho et très démodée.
Xavier Bertrand, 2021. Une phrase prononcée juste avant les primaires de droite. Ça va, l’égo ?
Rachida Dati, 16 novembre 2021. Lors du Conseil de Paris, présidé par la maire Anne Hidalgo, alors qu’elle s’exprime devant les élus au sujet de la santé financière de la ville, Rachida Dati n'arrête pas de lui envoyer de petites piques. À propos de son budget déficitaire, elle lance : "Une exceptionnelle dette que vous avez triplée", "Dix milliards et demi de hors bilan, c'est un fait aussi ?". Anne Hidalgo l’ignore et poursuit son discours évoquant l'entretien des chaussées et des trottoirs. Er Rachida Dati de répondre : “Et ben on a vu le résultat”. Anne Hidalgo affirme "nous remboursons notre dette climatique", avant que Dati lui suggère d’"arrêter le c***k !". Elle finit même pas un “Oooooh chouchoute”. La scène est hilarante.
Jean-Pierre Raffarin, 21 janvier 2005. Invité, en 2005, à une remise de trophées sur l’éthique et la gouvernance des étudiants, Jean-Pierre Raffarin se met à citer Lorie : "Il y a une jeune chanteuse qui n’est pas tout à fait de ma génération, mais qui parle aujourd’hui de positive attitude. Je vous recommande la positive attitude".
François Mitterand, 28 avril 1988. Mitterrand se retrouve face à son Premier ministre, Chirac, pour la présidentielle. Lors du fameux débat télévisé, Chirac lui lance "Permettez-moi de vous dire que ce soir, je ne suis pas le Premier ministre, et vous n’êtes pas le président de la République. Nous sommes deux candidats, à égalité, et qui se soumettent au jugement des Français". Mais Mitterrand ne manque pas de le remettre à sa place avec son historique : "Mais vous avez tout à fait raison, Monsieur le Premier ministre".
François Fillon, 1er mars 2017. Bien qu’il soit mis en examen pour soupçon d’emploi fictif, François FIllon décide de maintenir sa candidature à l’élection présidentielle. Dans une déclaration solennelle depuis son siège de campagne à Paris, il affirme "La France est plus grande que mes erreurs" : selon lui, il est l'avenir du pays, avenir qui ne doit pas être compromis par ses démêlés judiciaires. Pas sûr, non…
Jérôme Cahuzac, 16 avril 2013. Dans une interview sur BFMTV, Jérôme Cahuzac, mis en examen pour ses comptes en Suisse, se justifie. Il s'interroge : “Qui n'a pas une part d'ombre ? Et une part d'ombre, c'est parfois douloureux”. Ça ou "oops, je n'ai pas fait exprès, LOL", c’était pareil.
Emmanuel Macron, 25 juillet 2018. En pleine tourmente de l'affaire Benalla - un de ses proches collaborateurs, chargé de sa sécurité pendant la campagne, filmé en train de maltraiter des manifestants le 1er mai -, Emmanuel Macron prononce un discours devant les parlementaires de la majorité supposé apaiser les colères. Échec, Macron a préféré remettre un peu d’huile sur le feu : "On ne peut pas être chef par beau temps. S'ils veulent un responsable, il est devant vous. Qu'ils viennent le chercher. Et ce responsable, il répond au peuple français, au peuple souverain". "On a l'impression d'un jeu de cour d'école. Si tu n'es pas d'accord, on se retrouve à la récré", analyse François-Noël Buffet, sénateur Les Républicains et vice-président de la commission des lois.
Jean-Marie Le Pen, 26 août 1989. Oui, là ça se passe vraiment de commentaires pour le coup...