Les Palmes d’or qui ont créé la surprise au Festival de Cannes
Alors que le Festival de Cannes bat son plein, le public commence à faire ses paris sur le nom du film qui va gagner la Palme d’or. Mais l’histoire du festival a parfois déjà réservé quelques surprises, maintenant le suspense à son paroxysme ! Retrouvons ensemble les principaux coups de théâtre qui ont marqué l'histoire de Cannes.
Alors que « Les Ailes du désir » de Wim Wenders était favori pour la Palme, c’est finalement « Sous le soleil de Satan » de Maurice Pialat, l’adaptation du roman de Bernanos, qui l’emporte en 1987. Hué par les journalistes déçus, le cinéaste déclare : « Je ne vais pas faillir à ma réputation : je suis surtout content ce soir pour tous les cris et les sifflets que vous m'adressez. Et si vous ne m'aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus. »
Deux ans après, c’est un Steven Soderbergh âgé de seulement 26 ans qui remporte la Palme d’or à la surprise générale, pour son premier film « S e xe, mensonges et vidéo ». Écrit et tourné en un temps record, produit avec un budget très faible et avec un casting sans pointure hollywoodienne, le film a séduit le jury par la qualité de sa narration et du jeu d’acteurs.
En 1994, Quentin Tarantino est récompensé pour son premier film au casting de rêve, « Pulp Fiction », un hommage aux productions de série B américaine. Une récompense polémique car ce film violent marqué par la culture pop tranche avec le classicisme des lauréats habituels. Tarantino n’oubliera pas d’adresser un doigt d’honneur au public qui le sifflait.
En 1999, le jury présidé par David Cronenberg décide de récompenser « L’Humanité » du réalisateur du nord de la France Bruno Dumont, qui filme sa terre natale. Le long-métrage ne décroche pas la Palme d’or, mais obtient le Grand Prix et les prix d’interprétation masculine et féminine. Une prouesse quand on sait qu’il s’agissait d’acteurs amateurs !
En 2001, « La Pianiste » de l’autrichien Michael Haneke avec Isabelle Huppert et Benoît Magimel décroche la Palme d’or et les deux acteurs principaux les prix d’interprétation féminine et masculine. Un cumul qui fera grincer certaines dents et aboutira à limiter le nombre de prix qu’un seul film peut remporter.
Deux ans après, c’est « Elephant » de Gus van Sant qui est récompensé par le jury présidé par Patrice Chéreau, qui avait jugé la sélection médiocre. L’histoire crue, inspirée de faits réels, d’adolescents américains qui commettent une fusillade dans leur lycée.
En 2004, le jury crée la surprise en attribuant la Palme d’or à un documentaire qui n’est pas une œuvre artistique à proprement parler. « Fahrenheit 9/11 » de Michael Moore est un réquisitoire retentissant contre l’administration Bush et les guerres en Afghanistan et en Irak, réalisé dans le but de peser sur l’élection américaine de 2004.
En 2006, le jury présidé par Wong-Kar-wai décerne à l’unanimité la Palme d’or au film « Le Vent se lève » du réalisateur britannique Ken Loach. Une récompense inattendue pour cette œuvre qui relate l’histoire de deux frères pendant la guerre d’indépendance irlandaise au début des années 1920.
Coup de tonnerre au Festival de Cannes 2010 ! Le lauréat de la Palme d’or est « Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures » du thaïlandais Apichatpong Weerasethakul. Un hommage à ce cinéaste de talent et à son univers poétique et original, où la vie et la mort s’entremêlent.
En 2013, « La Vie d’Adèle » d’Abdellatif Kechiche fait frissonner Cannes et se voit décerner une triple Palme d’or, attribuée au réalisateur mais aussi aux deux actrices vedettes, Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos. Entièrement mérité pour un film qui montre avec précision l’apparition et l’évanouissement du sentiment amoureux.
Sensation sur la Croisette en 2015 ! Déjà césarisé pour « De battre mon cœur s’est arrêté » et « Un prophète », Jacques Audiard gagne cette fois la Palme d’or avec « Dheepan », l’histoire d’un combattant tamoul réfugié à Paris. Un film au regard bluffant qui a marqué le public dans le contexte de la crise des migrants.
Dix ans après « Le Vent se lève », Ken Loach reçoit de nouveau la Palme d’or pour « Moi, Daniel Blake ». Dans sa veine sociale et réaliste habituelle, Loach met en scène ici les déboires d’une famille en difficulté, malmenée par les services sociaux britanniques.
L’année suivante, c’est le réalisateur suédois Ruben Östlund qui est reparti contre toute attente avec la Palme d’or en poche pour son film « The Square ». Une satire des attitudes hypocrites des milieux intellectuels et artistiques à l’égard des SDF et des migrants.
En 2019, c’est une nouvelle Palme d’or surprise qui est décernée, cette fois au metteur en scène coréen Bong Joon-ho pour « Parasite », une farce sociale aux allures de lutte des classes. Le jury présidé par Alejandro González Iñarritu a fait le choix de récompenser un film engagé à la narration affolante.
Enfin, après l’annulation de l’édition 2020 en raison de la pandémie, c’est « Titane » de Julia Ducournau, avec Vincent Lindon, qui a obtenu une Palme d’or surprise l’année dernière. Une réflexion osée sur la femme et sur le corps qui a fait entrer la réalisatrice dans la cour des grands.