Les Jeux Olympiques de Paris 2024 : grande fête sportive ou échec programmé ?
L’année prochaine, Paris accueillera les Jeux olympiques et paralympiques d’été. La candidature de la Ville-lumière a été retenue après plusieurs tentatives infructueuses. Alors que les officiels et les amateurs de sport se réjouissent à l’avance de l’événement, des voix se sont élevées pour dénoncer des problèmes liés à son organisation. Découvrez notre éclairage sur les JO de Paris 2024.
Les Jeux olympiques 2024 seront les troisièmes organisés à Paris après ceux de 1900 et de 1924, soit exactement un siècle avant cette nouvelle édition. Seules les villes de Londres (1908, 1948 et 2012) et bientôt de Los Angeles (1932, 1984 et 2028) peuvent se vanter d’en compter autant.
L’organisation des JO 2024 avait été attribuée sans surprise à Paris en 2017. En effet, les candidatures concurrentes de Boston, Budapest, Hambourg et Rome avaient été retirées, tandis que celle de Los Angeles avait été choisie pour l’édition suivante.
Les mascottes olympiques ont été dévoilées en novembre 2022 : les « Phryges » reprennent le bonnet phrygien, un symbole de la Révolution française. Il s’agit de l’une des rares mascottes olympiques à ne pas représenter d’animal, mais aussi de la première à inclure la dimension paralympique : l’une des deux a deux jambes, l’autre une jambe et une prothèse.
Les cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux auront lieu sur la Seine. Plus de 10 000 sportifs défileront sur des bateaux le 26 juillet 2024, sur un trajet allant de la gare d’Austerlitz au Pont d’Iéna, devant la Tour Eiffel. Des tribunes seront installées sur les quais pour que le public puisse y assister.
Contrairement à d’autres éditions des Jeux, la majorité des infrastructures sportives existe déjà et n’a pas besoin d’être construite. Les épreuves d’athlétisme auront notamment lieu au Stade de France, et celles de football dans différents stades français.
Certaines constructions sont cependant nécessaires comme la Piscine olympique de Saint-Denis pour les épreuves de natation artistique et de water-polo, ou le Village olympique de Saint-Denis dans la même commune.
Innovation des JO 2024 : une épreuve de breakdance s’ajoutera aux traditionnelles compétitions d’athlétisme, de natation, de cyclisme et de sports de ballon.
Après certaines dérives des éditions précédentes, les Jeux Olympiques de Paris ont pour ambition d’être sobres, avec un budget plus mesuré (6,8 milliards d’euros prévus initialement contre 32 milliards pour Pékin en 2008 et 33 milliards pour Rio de Janeiro en 2016). L’événement a également pour objectif la neutralité carbone.
Mais le budget prévisionnel a déjà été dépassé de 2 milliards d’euros pour s’élever provisoirement à 8,8 milliards en mars 2023, selon ‘La Voix du Nord’. Cette enveloppe est composée pour moitié du budget du comité d’organisation (Cojo) et pour moitié de celui de la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques) qui construit notamment le village olympique.
Dans son budget 2022, l’État français avait prévu une enveloppe de 3 milliards d’euros en cas de dépassement des coûts de l’organisation des Jeux Olympiques. Les montants nécessaires seront donc à la disposition du comité d’organisation sans impôts supplémentaires, mais il s’agit d’autant de fonds retirés à d’autres investissements publics.
L’inflation qui sévit dans le monde entier depuis deux ans a entraîné une hausse importante des coûts. Et le chiffrage actuel ne couvre pas l’ensemble des dépenses engagées, selon un rapport récent de la Cour des comptes, qui a été chargée de la supervision budgétaire des Jeux.
Un autre levier pour faire face à l’envolée des coûts consiste à augmenter les revenus des Jeux Olympiques. Mais selon ‘Slate’, l’apport du Comité international olympique (1,219 milliards d’euros) et les recettes issues des droits télé ont déjà été négociés et ne peuvent plus évoluer.
Deux leviers peuvent donc encore être activés : les partenaires et la billetterie. Mais la volonté d’afficher des Jeux sobres a entraîné des difficultés à attirer des entreprises compatibles avec la transition écologique. Le géant pétrolier français Total avait par exemple été écarté.
La billetterie a donc été mise à contribution pour augmenter les recettes. Toujours selon ‘Slate’, le prix des places s’est envolé, avec des billets allant jusqu’à 690 euros pour les sessions d’athlétisme. Des fans se sont déjà plaints publiquement de la complexité du système de mise en vente et de la cherté des places.
Mais l’aspect économique n’est pas le seul objet d’inquiétude des Jeux Olympiques de Paris. Entre un risque terroriste pas totalement écarté et l’utilisation possible des JO comme caisse de résonance politique, la sécurité de l’événement est un casse-tête pour les pouvoirs publics. Notamment la cérémonie d’ouverture qui rassemblera des centaines de milliers de personnes.
Les effectifs de la police risquant d’être insuffisants et l’armée n’étant pas formée à ce type d’événements, le recours à des sociétés de sécurité privées sera probablement nécessaire. Mais cette solution est très coûteuse.
Alors que les transports parisiens sont déjà tendus en temps normal, l’arrivée de 3 millions de visiteurs supplémentaires potentiels risque d’engorger encore plus le réseau. La ligne 14 du métro a été prolongée mais les nouvelles lignes ne seront pas opérationnelles à temps.
Présenté à l’origine comme un atout pour la candidature olympique de Paris, le Grand Paris Express, composé des nouvelles lignes 15, 16 et 17, ne sera pas prêt pour les Jeux de 2024, tout comme le CDG Express qui reliera la Gare du Nord à l’aéroport de Roissy. Une difficulté supplémentaire pour le transport des sportifs et des supporters.
Entre le dépassement des coûts et les problèmes de transport et de sécurité, certains observateurs doutent fortement de la viabilité de l’événement, à moins de 500 jours de la cérémonie d’ouverture. Les Jeux Olympiques de Paris sont-ils un échec programmé ?
Tout est en tout cas fait actuellement pour que la compétition se déroule dans des conditions optimales. Alors que Paris s’apprête à accueillir les meilleurs athlètes de disciplines très variées, la flamme olympique continue de brûler aux quatre coins du monde.