Le Tour de France féminin passera-t-il par chez vous ?
Eh non, le Tour de France n’est pas réservé qu’aux hommes ! Ce dimanche 24 juillet, 144 coureuses, réparties en 24 équipes, s'élanceront à Paris pour une Grande Boucle historique. La course s'achèvera sept jours plus tard, le 31 juillet, dans les Vosges. Pour la première fois, le cyclisme féminin sera sous les feux des projecteurs...
Après plusieurs échecs de l'événement dans les dernières décennies, les organisateurs ont annoncé le retour du Tour de France féminin en 2022. Mais à l’heure où le sport féminin est en plein essor, cette édition bénéficiera d'une couverture médiatique plus élargie que jamais. La semaine prochaine, France Télévision diffusera en direct et en intégralité le Tour de France féminin, ainsi que les trois prochaines éditions de la course.
Cette année, le départ du Tour de France Femmes sera lancé au pied de la Tour Eiffel à Paris. Les coureuses prendront ensuite la direction de l'Est de la France. La course est divisée en 8 étapes : 4 étapes en plaine, 2 étapes accidentées et 2 étapes en montagne. Découvrons ensemble son parcours.
Alors que la Grande Boucle des hommes s'achèvera ce dimanche, celle des femmes s'élancera le même jour dans la capitale, à quelques heures près. Les coureuses se mettront en selle devant la Tour Eiffel, puis remonteront le Trocadéro, avant d'effectuer douze tours des Champs-Élysées.
Lundi 25 juillet, les femmes cyclistes poursuivront leur course en Seine-et-Marne. Elles prendront le départ à Meaux, traverseront 37 communes de la Brie, et termineront leur course dans la ville médiévale de Provins (photo). Durant cette étape, les coureuses passeront notamment devant les châteaux de Vaux-le-Vicomte et de Blandy-les-Tours. La côte de Tigeaux (km 16) sera la partie la plus technique de la journée.
Pour la troisième étape de la compétition, le Tour de France Femmes nous donne rendez-vous au cœur des vignobles champenois. Le peloton s'élancera dans le centre-ville de Reims (photo), et prendra la direction d'Epernay. Les habitants de Rilly-la-Montagne, de Mailly-Champagne, Verzenay, Condé-sur-Marne et Jâlons pourront applaudir les coureuses à leur passage, dans l'après-midi. Trois cotes sont à noter durant cette étape : côte de Trépail (km 21), côte de Vertus (km 78) et côte du Mesnil-sur-Oger (km 88).
Le niveau de difficulté du Tour de France féminin va s'intensifier au cours de la 4ᵉ étape. Celle-ci débutera à Troyes (photo), pour s'achever à Bar-sur-Aube, dans le Grand Est. Elle comportera un total de 6 côtes et de 4 secteurs de chemins blancs non goudronnés.
Il s'agit de la plus longue étape de cette édition du Tour de France Femmes. Son départ sera lancé à Bar-le-Duc, dans la Meuse, le jeudi 28 juillet. Les coureuses traverseront ensuite la Meurthe-et-Moselle et rejoindront les Vosges, pour terminer l'étape à Saint-Dié-des-Vosges (photo). Trois difficultés majeures sont à signaler dans cette étape : la côte de Pagny-la-Blanche-Côte (km 61,4), la côte de Gripport (km 105,5) et le col du Haut du Blois (km 155,2).
Lors de la 6ᵉ étape, les cyclistes traverseront les vignobles alsaciens, en reliant Saint-Dié-des-Vosges à Rosheim (photo). Un parcours qui demandera aux coureuses un grand effort physique, puisqu'il sera rythmé par une succession de côtes, dont celle de Klighental (km 59) et de Grendelbruch (km 67,1). La montée de côte de Boersh (km 119,5), dix kilomètres avant l'arrivée à Rosheim, sera l'un des moments forts de la journée.
Samedi 30 juillet, la 7ᵉ étape de la compétition promet un sacré spectacle ! Le peloton entamera sa course dans la ville au charme pittoresque de Sélestat (photo), en Alsace. Il empruntera ensuite les routes de trois cols vosgiens : le Petit Ballon (km 48,6), le Platzerwasel (km 65,8) et le Grand Ballon (km 120). Enfin, les grimpeuses termineront leur périple à 1265 m d'altitude, à Markstein.
L'ultime étape de ce Tour de France féminin 2022 sera l'une des plus éprouvantes, mais aussi des plus impressionnantes. Le dernier top départ sera lancé à Lure (photo), puis les coureuses entameront leur ascension. Elles devront franchir plusieurs cols et côtes, dont la côte d'Esmoullères et le Ballon d'Alsace, particulièrement pentus. La grande arrivée aura lieu au sommet de la Super Planche des Belles-Filles, bien connu des coureurs du Tour de France masculin pour sa difficile ascension. Un final en apothéose !
Très prometteuse, cette édition à pour ambition d'être le coup d'envoi d'une nouvelle ère, plus pérenne, pour le cyclisme féminin international. Il faut dire que l'histoire du Tour de France féminin est assez chaotique !
C'est en 1955, soit 53 ans après la naissance du Tour de France, que les femmes gagnent l'accès à cette course, dans une version équivalente qui leur est réservée. Jean Leulliot, journaliste sportif et organisateur de courses cyclistes, en est à l'initiative. Cette année-là, une quarantaine de coureuses participent à la course qui se déroule sur 400 km. Après 5 étapes, la britannique Millie Robinson remporte cette première édition. Mais l'événement n'est pas reconduit, et reste sans suite.
À l'époque, la couverture médiatique de l'événement sera très mince, et surtout, lamentablement misogyne. Après l'annonce de la non-reconduite de l'événement, on pouvait par exemple lire dans les colonnes de l'Équipe : « Le bon sens a triomphé (…) Elles devront se contenter des épreuves existantes et du cyclotourisme, ce qui correspond beaucoup plus à leurs possibilités musculaires. »
En 1984, les femmes font leur retour sur le Tour de France. Cette fois, elles participent à une épreuve organisée avant le départ de chaque étape du Tour de France masculin. Trente ans après l'échec de la première édition, les mentalités semblent heureusement avoir changé et les médias reconnaissent plus de légitimité aux femmes cyclistes. Dans les années 1980, l'une d'entre elles va marquer la discipline par ses performances et se faire un nom dans les journaux sportifs : Jeannie Longo. La multiple championne du monde a remporté trois fois d'affilées (1987, 1988, 1989) le Tour de France féminin.
En 1990, la compétition change de nom et devient le Tour de la C.E.E, mais disparait complètement en 1992, pour des raisons économiques. Par amour pour son sport, Jeannie Longo va alors créer le Tour Cyclisme Féminin, aux côtés de Patrice Boué. Mais l'ASO (Amaury Sport Organisation), qui gère le Tour de France masculin, ne le voit pas d'un très bon œil et leur interdit d'utiliser le terme "Tour" dans le nom de la course.
L'événement est alors renommé la Grande boucle féminine internationale en 1998. Mais le projet est mal géré, et par manque d'organisation, finit par disparaitre en 2009.
En 2013, une pétition rassemblant 90 000 signatures pousse A.S.O. à organiser une course de cyclisme féminin, à l'image du Tour de France. Un an plus tard, l'organisme lance La Course by Le Tour, une courte épreuve menée en parallèle de la course masculine, se déroulant sur une journée seulement. Bien que les professionnelles ne soient pas satisfaites de ce format et que nombreuses d'entre elles boudent l'événement, les éditions de La Course by le Tour se poursuivent jusqu'en 2021.
Lancé en 2015, le collectif "Donnons des Elles au vélo" est constitué d'une dizaine de coureuses ayant l'objectif de promouvoir leur sport dans toutes les régions de France. Chaque année, elles réalisent les mêmes étapes que les hommes du Tour de France, avec un jour d'avance. Une course non-officielle, mais qui prouve que les femmes peuvent réaliser les mêmes performances sportives que les hommes.