L'avortement illégal raconté au cinéma et à la télévision : des histoires dramatiques d'une époque pas si lointaine
Tandis que la Cour Suprême des États-Unis est revenue sur la garantie d'un droit d'avortement pour toutes les femmes, les souvenirs d'une époque révolue remontent. En ce temps, il était interdit de mettre fin à une grossesse. Les seules manières de le faire étaient par conséquent illégales, et peu sûres.
Plusieurs films et séries ont contribué à nous ouvrir les yeux sur de douloureuses réalités, dans lesquelles des femmes se retrouvaient dans la délicate situation de devoir choisir entre la loi et leur refus d'avoir un enfant.
Ce film raconte l'histoire d'un couple de banlieusards ambitieux, joués par Kate Winslet et Leonardo DiCaprio. Dans cette adaptation du roman de Richard Yates sorti en 1961, le couple se retrouve contraint d'abandonner son projet de déménager à Paris car il attend un deuxième enfant. Refusant d'accepter son sort, la jeune épouse décide donc d'interrompre elle-même sa grossesse.
À Chicago, avant que l'arrêt Roe v. Wade (1973) ne légalise l'avortement, un réseau clandestin de femmes anonymes met en place un moyen d'accéder à l'avortement. Ces femmes, connues sous le nom de "Janes" de Chicago ont fait l'objet d'un documentaire sorti en juin 2022 sur OCS.
Si la plupart des gens se souviennent de l'histoire d'amour entre Baby, jouée par Jennifer Grey et Johnny, joué par Patrick Swayze, et croient faire face à un film de romance, il traite en réalité de l'avortement dans l'Amérique des années 60.
À gauche sur la photo, Penny, jouée par Cynthia Rhodes, la partenaire de danse de Johnny. Celle-ci tombe enceinte de son petit ami, qui ne veut pas la prendre en charge, ni même s'occuper de l'enfant.
Penny, collègue de Johnny a besoin d'argent pour pouvoir avorter dans une clinique clandestine. Baby, riche cliente de la station balnéaire où elle travaille, lui prête la somme, et prend ensuite la place de la femme enceinte dans une compétition de danse. Le public se souvient surtout de cette dernière partie.
Et quand les choses tournent mal pour Penny, Baby fait appel à son père, un médecin, pour l'aider. Elle lui évite ainsi de se rendre à l'hôpital et de devoir s'expliquer face aux autorités.
En 1943, des femmes viennent déposer leurs bébés dont elles ne peuvent s'occuper dans un orphelinat du Maine. Mais le médecin qui dirige l'établissement, le Dr. Larch, pour lequel Michael Cain a remporté un Oscar, pratique également les avortements.
Dans les années 60, Joan, jouée par Christina Hendricks, assistante administrative d'une agence de publicité, tombe enceinte de son patron. Le hic, c'est qu'il est marié, et il lui demande d'avorter. Finalement, même si elle parvient à convaincre son médecin, en lui affirmant qu'elle a déjà avorté par le passé, elle se ravise, et prend la décision de garder l'enfant.
En 2004, "Alfie le dragueur" a droit à un remake, avec Jude Law. Et si l'intrigue centrale reste la même, celle d'un coureur de jupons qui n'arrive pas à s'engager dans une relation unique, le film diverge de l'original sur un point essentiel. En 1966, l'une des conquêtes d'Alfie, la femme de son ami, tombe enceinte. Alfie remet son style de vie en question en apprenant qu'elle a dû avorter en secret.
Cette série, qui parle des sages-femmes du XXe siècle, aborde le sujet des grossesses non désirées. Alors que l'avortement est illégal jusqu'en 1967 au Royaume-Uni, la série nous raconte comment des sages-femmes (dans la saison 8) sauvent la vie d'une femme, après une tentative grossière et échouée d'avortement.
Dans l'autoritaire société roumaine des années 80, trouver quelqu'un qui puisse pratiquer un avortement était loin d'être une démarche sûre. Il arrivait que les femmes soient trompées et violées, sans avoir aucun recours légal, car la pratique était interdite par la loi. Ces faits sont relatés dans le film "4 mois, 3 semaines, 2 jours", sorti en 2007. Il remporte la Palme d'or au festival de Cannes la même année.
En 1950, Vera Drake, une femme au foyer londonienne, pratique des avortements pour "aider les jeunes filles de la classe ouvrière à s'en sortir lorsqu'elles n'y arrivent pas". Le personnage, joué par Imelda Staunton, est finalement démasqué et arrêté.
Le feuilleton de la NBC décrit comment l'actrice adolescente Susan Trustman tombe enceinte et subit un avortement aux conséquences terribles. Il s’agit du premier avortement illégal (ou ce qui y ressemble) montré à la télévision américaine.
Aujourd’hui comme à l'époque, le scénario de ce film fait polémique : on y suit la vie d'un médecin, joué par Clark Gable, qui tombe amoureux de son élève infirmière, jouée par Barbara Dennin. Celle-ci tombe enceinte, et il devra tenter de la sauver des conséquences d'un avortement raté.
Isabelle Huppert incarne la protagoniste de ce film, basé sur l'histoire de Marie-Louise Giraud, la dernière femme guillotinée en France, en 1943. Dans ce film primé pour la meilleur actrice au festival du film de Venise, on y découvre la raison de son exécution : avoir pratiqué des avortements illégaux.
Parmi les trois histoires que nous offre ce film, la plus pertinente par rapport à notre sujet est celle du personnage incarné par Demi Moore, Claire. Cette infirmière des années 50 tombe enceinte et cherche un moyen de mettre fin à sa grossesse, craignant la honte qui risque d’accabler sa famille.
Dans la haute société française du XVIIIe siècle, deux femmes tombent amoureuses alors qu'elles aident une de leurs bonnes à trouver un moyen relativement sûr de mettre fin à sa grossesse non désirée.
En 1960, une mère de deux enfants en bas âge débordée doit rassembler de l'argent pour aller se faire avorter en Suisse. Ce faisant, elle se fait une bonne amie qui lui vient en aide.
Cette critique précoce de la législation sur l'avortement a été coréalisée par l'actrice Lois Weber. Elle suit un procureur de district qui accuse un médecin de la mort d'une femme sur laquelle il a pratiqué un avortement. Ce que le protagoniste ne sait pas, c'est que sa femme a aidé le médecin dans le but de soutenir celles souhaitant avorter.
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