L'Ange aux couteaux : une sculpture macabre qui divise le Royaume-Uni
Une polémique fait à nouveau rage au Royaume-Uni après l'exposition d'une sculpture en forme d'ange monstrueux composée de milliers de couteaux tranchants.
La sculpture, composée de 10 000 couteaux, suscite la controverse, même si elle a été créée par l'artiste Alfie Bradley, en collaboration avec le British Ironworks, pour servir d'outil de dénonciation. Le British Ironworks Centre & Shropshire Sculpture Park est une forge, une orfèvrerie et un parc de sculptures disposant d'une grande salle d'exposition.
Ces couteaux font partie d'un phénomène criminel qui horrifie actuellement les Britanniques. En effet, ils proviennent de postes de police qui ont procédé à la saisie de ces armes. Dans certains cas, elles ont été remises par des petits délinquants en échange d'une sorte d'"amnistie policière".
Depuis des années, ces "couteaux zombies" sont à l'origine d'attaques sauvages ayant entraîné la mort et des blessures graves. Ces armes de grande taille, ainsi nommées par la presse britannique, sont populaires auprès des gangs de jeunes.
En principe, leur vente est interdite depuis 2016. Cependant, ils sont toujours en circulation. De plus, le gouvernement britannique a décrété la lutte contre ce type de couteau et délivré un permis permettant à la police de les saisir en cas de suspicion de port d'arme blanche.
La sculpture se veut un hommage aux victimes et symbole de soutien à la non-violence. Selon le diffuseur britannique "BBC", la police britannique a enregistré 260 meurtres et 45 000 attaques au couteau en 2023.
Un groupe Facebook intitulé "Say no to the Knife Angel" (Dites non à l'ange aux couteaux) a été créé par les mères et les pères des victimes d'attaques au couteau.
"Un ange est un être pur, un couteau est une création du diable pour la mort". C’est le journal d’informations britannique “The Guardian” qui a cité cette déclaration de Cheryl Evas, la mère de Warren Graham décédé en 2004 à l'âge de 18 ans, après avoir été poignardé à la poitrine.
Cependant, l'initiative bénéficie également d'un soutien important, comme le montrent certains des messages laissés par les visiteurs autour de la sculpture
"C'est une sculpture de l'espoir. Je me sens privilégiée d'y voir figurer le nom de mon fils". C’est ce qu’a déclaré à “The Guardian” Caroline Searer, la mère d'un garçon tué à l'âge de 17 ans avec l'un de ces couteaux.
La sculpture de l'Ange aux couteaux est une exposition itinérante qui sillonne les villes et villages d'Angleterre, suscitant des débats partout où elle passe.
Selon les familles des victimes, il banalise la violence chez les jeunes et ne constitue pas un véritable outil de sensibilisation.
Force est de constater que les violences à l'arme blanche n'ont pas cessé malgré la présence de ce symbole, alors que cette sculpture parcourt le Royaume-Uni depuis 2017.
Controverse mise à part, l'Ange aux couteaux est une œuvre impressionnante et hypnotique.
Sur la photo, des fleurs en hommage à Elianne Andam, 15 ans, poignardée à mort à Londres par un autre adolescent en septembre 2023. Cette sculpture reflète les milliers de tragédies quotidiennes qui se déroulent au Royaume-Uni.
La photo montre Rishi Sunak, Premier ministre du Royaume-Uni, visitant un poste de police pour se rendre compte par lui-même du travail que représente la saisie des couteaux. Cette image, prise en août 2023, en dit long sur l'ampleur du problème.
Les “couteaux zombies“ : pourquoi sont-ils interdits au Royaume-Uni ?