L’acteur Niels Arestrup est mort
Le comédien français Niels Arestrup est décédé ce dimanche 1er décembre à l’âge de 75 ans, a annoncé son attachée de presse au Parisien.
« J’ai la douleur extrême de faire part du décès de mon époux, l’immense acteur Niels Arestrup, au terme d’un combat courageux contre la maladie. Il s’est éteint entouré de l’amour des siens », a déclaré sa compagne Isabelle Le Nouvel, citée par ce journal.
Habitué aux rôles de méchants, l’acteur avait remporté à trois reprises le César du meilleur second rôle. Un retour en images sur le parcours d’une figure originale du cinéma français.
Le comédien devait son nom à un père danois, Knud Arestrup, qui avait tenté d’émigrer aux États-Unis pour fuir l’invasion allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. Parvenu au Havre, il est finalement resté en France pour épouser Yvonne qu’il avait rencontrée sur place.
Photo : Markus Winkler / Unsplash
Né en 1949, Niels Arestrup a grandi dans une cité HLM en région parisienne. Son père était chef d’atelier dans une usine et sa mère ouvrière à la chaîne.
« Vous imaginez bien que fils d’ouvrier à Bagnolet dans les années 1950, le spectacle, le théâtre, le cinéma, c’était quelque chose qui n’entrait pas du tout dans mes pensées », avait déclaré au Figaro celui qui fut un enfant solitaire, volontiers adepte de l’école buissonnière.
Et pourtant, l’adolescent qui a quitté l’école sans son baccalauréat en poche se passionne pour le théâtre. Il s’inscrit au cours de Tania Balachova et décroche son premier rôle au cinéma en 1974.
Malgré des apparitions fréquentes sur le grand et le petit écran, Niels Arestrup a longtemps été cantonné à des rôles mineurs ou de méchants. Et ses rares premiers rôles n’ont pas toujours été couronnés de succès.
Tout change en 2005 avec « De battre mon cœur s’est arrêté » de Jacques Audiard, dans lequel il partage l’affiche avec Romain Duris, dont il joue le père, un marchand de biens tyrannique, sans scrupules et manipulateur. Il remporte alors son premier César du meilleur second rôle.
Quatre ans plus tard, l’acteur retrouve Audiard dans « Un Prophète », une fresque à couper le souffle sur le milieu carcéral français. Interprétant avec brio le chef de clan corse César Luciani, il obtient son second César dans la même catégorie.
En 2014, Arestrup incarne le directeur de cabinet flegmatique d’un flamboyant ministre des Affaires étrangères joué par Thierry Lhermitte. Sa prestation remarquée lui permet de remporter son troisième César du meilleur second rôle.
L’acteur avait remercié le réalisateur Bertrand Tavernier pour avoir eu la « délicatesse » de lui offrir « un rôle un peu différent de ce qu’on lui proposait d’habitude, presque un truc drôle », indique Le Parisien.
En 2016, Niels Arestrup a crevé l’écran aux côtés de Kad Merad dans la première saison de « Baron noir », interprétant un président de la République nouvellement élu qui doit faire face à un contexte politique difficile et à la fourberie de l’un de ses plus proches alliés.
Tout au long de sa carrière, le comédien a été accusé de violences physiques envers des actrices, bien qu’aucune plainte n’ait été déposée. L’incident le plus célèbre est une gifle assénée à Isabelle Adjani, après laquelle celle-ci a quitté la pièce de « Mademoiselle Julie ».
Le metteur en scène Jean-Michel Ribes, cité par France Info, a salué la mémoire d’un « grand acteur, un grand interprète, que ce soit devant la caméra ou devant le public », doublé d’un « homme sensible et très gentil ».
Niels Arestrup laisse derrière lui deux jumeaux nés en 2012. Le cinéma français est en deuil de l’un de ses comédiens les plus talentueux et les plus atypiques des dernières décennies !