La Reine Élizabeth II et la France : une relation forte et particulière !
Le Royaume-Uni et le reste du monde sont en deuil, après le choc qu’a représenté l’annonce du décès de la Reine d’Angleterre Elizabeth II jeudi 8 septembre. Alors que son héritier, le Prince Charles monte sur le trône, les hommages à la monarque anglaise se sont multipliés, notamment depuis l’autre côté de la Manche.
Le président français Emmanuel Macron a salué une « amie de la France » et a fait mettre en berne les drapeaux à l’Élysée. De nombreuses autres personnalités du monde de la politique, de la culture ou des médias lui ont aussi rendu hommage. Il faut dire qu’Élizabeth II avait une relation très particulière avec le pays. Une chronologie en images.
En 1938, ses parents, le roi George VI et Élizabeth, s’étaient rendus à Paris sans leur fille. Mais la France avait tout de même fait honneur à la future reine : plusieurs grandes maisons de couture, comme Hermès, Chanel ou Lanvin, avaient fait confectionner pour elle et sa sœur Margaret un superbe trousseau de poupée.
Francophile, Élizabeth II avait appris le français très jeune avec une gouvernante belge. On raconte qu’elle échangeait souvent des confidences en français avec Margaret, ce qui provoquait la fureur de son mari le Prince Philip.
Élizabeth s’est rendue pour la première fois en France en 1948, alors qu’elle n’était encore que princesse. À 21 ans, elle avait choisi ce pays pour son premier voyage officiel seule en dehors du Royaume-Uni et du Commonwealth. Élizabeth avait visité une exposition consacrée à l’histoire britannique à Paris, et elle avait prononcé son premier discours dans la langue de Molière.
Son premier séjour en France en tant que reine a eu lieu en 1957, à l’occasion d’une visite d’État durant laquelle elle a rencontré le président de la République René Coty. Un repas avait été organisé dans la Galerie des Glaces. Pour certains observateurs, il s’agit du véritable début de l’idylle entre la reine d’Angleterre et la France.
Vingt après l’appel du 18 juin, la souveraine rencontre le général De Gaulle à Londres en 1960, auquel elle vouait une profonde admiration pour son rôle historique pendant la guerre et pour les liens qu’il avait entretenus avec ses parents.
Passionnée par les chevaux et l’équitation, Élizabeth II a passé des vacances en Normandie en 1967. Elle a visité à cette occasion de grands haras normands. Après Paris, la Normandie est la région de France dans laquelle la reine s’est rendue le plus souvent.
Alors que le Royaume-Uni est sur le point d’entrer dans le Marché commun, Élizabeth II effectue sa deuxième visite d’État en France en 1972. Mais le successeur de De Gaulle, Georges Pompidou, provoque un incident diplomatique en lui prenant le bras lorsqu’elle monte les marches de l’Élysée. Le protocole est strict : on ne touche pas la reine.
En 1979, la Reine d’Angleterre revient passer des vacances en France. Elle visite notamment les châteaux de Chambord et Chenonceau, deux parmi les plus célèbres des châteaux de la Loire, avant de passer quelques jours en Bourgogne où on l'aperçoit aux Hospices de Beaune (sur la photo).
Élizabeth II n’a pas effectué de visite d’État en France pendant le septennat de Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981), mais VGE et son épouse se sont rendus à Buckingham Palace. La légende raconte que les manières guindées du président français auraient amusé la reine.
C’est en revanche avec François Mitterrand qu’elle a noué une véritable complicité pendant quatorze ans. Les images du quarantième puis du cinquantième anniversaire du débarquement en Normandie, en 1984 et en 1994, sont restées dans les mémoires.
En 1992, la Reine d’Angleterre prononce un discours devant le Parlement européen à Strasbourg. Mais sa troisième visite d’État en France quelques semaines plus tard a lieu sur fond de divergences franco-britanniques sur l’avenir de l’Europe et sur les questions de défense.
En 1994, le tunnel sous la Manche qui relie les deux pays par le train est inauguré en grande pompe : deux rames d’Eurostar se sont rejointes, l’une avec la Reine et Philip, l’autre avec François Mitterrand et son épouse Danielle. « L’Angleterre n’est plus une île », pour reprendre l’expression consacrée.
Une autre commémoration importante a lieu en 1998, alors que Jacques Chirac a succédé à François Mitterrand à l’Élysée : celle des 80 ans de l’armistice de 1918. Accompagnée du nouveau président français, Élizabeth II a déposé une gerbe sous la tombe du soldat inconnu.
La Reine d’Angleterre et Philip effectuent une quatrième visite d’État en 2004 pour le centenaire de l’Entente cordiale entre la France et le Royaume-Uni, une alliance qui a mis fin à plusieurs siècles de conflits récurrents entre les deux pays, qui ont ensuite combattu ensemble durant deux guerres mondiales. Arrivée en Eurostar, Élizabeth II a pris un bain de foule à Paris avant de prononcer un discours devant le Sénat.
Nicolas Sarkozy a rendu visite à la Reine d’Angleterre en 2008. Mais à cette occasion, tous les regards étaient rivés sur la nouvelle épouse du président français, la chanteuse Carla Bruni…
Élizabeth II a effectué sa dernière visite d’État en France en 2014, sous le mandat de François Hollande, pour le 70e anniversaire du débarquement en Normandie. Invitée d’honneur, elle était alors la seule cheffe d’État à avoir vécu la Seconde Guerre mondiale.
Avec un total de 14 visites, la France est le pays étranger (en dehors du Commonwealth) où Élizabeth II a séjourné le plus souvent. Un symbole vivant des relations fortes entre la France et le Royaume-Uni !
La dernière rencontre entre la défunte reine et un chef d’État français a eu lieu lors du passage d’Emmanuel Macron au G7, le sommet économique des plus grands pays occidentaux, organisé dans le sud de l’Angleterre en 2021.
Fils aîné de la reine et héritier du trône, le nouveau roi Charles III n’a certainement pas visité la France aussi souvent que sa mère. Mais au-delà des cérémonies officielles, ce fervent écologiste s’était rendu incognito en Bretagne en 1988 pour prendre des leçons de développement dans une zone légumière. L’avenir dira si le nouveau monarque se montrera aussi francophile qu’Élizabeth II.