Isabelle Huppert nommée présidente du jury de la Mostra de Venise 2024
Incarnation du charme et de l'élégance à la française, l'actrice Isabelle Huppert présidera le jury de l'édition 2024 de la Mostra de Venise, le célèbre festival de cinéma organisé du 28 août au 7 septembre prochains.
« Une longue et merveilleuse histoire me lie à la Mostra de Venise, en devenir une spectatrice privilégiée est un honneur », a réagi celle qui a déjà remporté deux fois le prix d'interprétation féminine dans la Cité des Doges, citée par le 'Huffington Post'.
« Sa grande disponibilité à se remettre constamment en jeu, signe de son intelligence hors du commun, ainsi que sa capacité à envisager le cinéma au-delà des frontières géographiques et mentales, en font une présidente de jury idéale », a indiqué Alberto Barbera, le directeur artistique de la Mostra, cité par le même média.
L'actrice de 71 ans aura la tâche de décerner plusieurs récompenses, en plus du très convoité Lion d'or : le Lion d’argent-Grand Prix du Jury, le Lion d’argent-Prix de la meilleure réalisation, les prix de la meilleure interprétation masculine et féminine et le prix du meilleur scénario.
Renommée dans le monde entier, la comédienne est plus active que jamais et le temps ne semble pas avoir de prise sur elle. Isabelle Huppert, c’est depuis des décennies un talent et une élégance rares dans le cinéma français. Un aperçu en images de sa riche carrière d’actrice.
Née à Paris en 1953, Isabelle Huppert est la dernière d’une fratrie de cinq enfants dont la plupart se sont essayés à l’écriture ou aux métiers culturels. Elle est la sœur de la réalisatrice Caroline Huppert.
Poussée par sa mère, professeure d’anglais, Isabelle se forme toute jeune au métier d'actrice. À quinze ans, elle reçoit le premier prix au Conservatoire d’art dramatique de Versailles. Elle commence aussi à faire de la figuration.
Dès le début des années 1970, la jeune actrice décroche ses premiers rôles au cinéma. Elle joue notamment une adolescente rebelle qui rencontre à l’improviste les personnages joués par Gérard Depardieu et Patrick Dewaere, dans « Les Valseuses » de Bertrand Blier.
Après plusieurs rôles introvertis, Isabelle Huppert incarne en 1978 Violette Nozière, une jeune femme qui avait empoisonné son père dans les années 1930, dans le film du même nom de Claude Chabrol. Ce rôle lui vaut le prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes et lance définitivement sa carrière.
Cette première récompense à Cannes permet à Huppert de tourner avec d’autres grands réalisateurs dans les années 1980. Ainsi, elle a le rôle principal dans « Loulou » de Maurice Pialat, où elle retrouve Depardieu. Elle tourne à l’époque pour des réalisateurs comme Joseph Losey, Michel Deville ou Josiane Balasko.
En 1985, Isabelle Huppert quitte momentanément la France. Elle joue l’année suivante dans « Cactus » de Paul Cox en Australie, puis en 1987 dans « Faux Témoin » de Curtis Hanson, aux États-Unis.
En 1988, Isabelle Huppert retrouve Claude Chabrol dans « Une Affaire de femmes », l’histoire d’une femme condamnée à mort pour avoir pratiqué des avortements clandestins sous l’Occupation. Elle joue aussi le rôle d’Emma dans son adaptation de « Madame Bovary » en 1991.
Au total, l’actrice a joué dans sept films de Chabrol entre 1978 et 2006, dans des rôles de femme empoisonneuse, de femme condamnée à mort ou de femme de pouvoir. « Elle m'est indispensable pour exprimer certains personnages féminins que j'ai en tête. », déclarait le réalisateur.
Isabelle Huppert s’impose définitivement comme une figure de proue du cinéma français. En 1995, elle remporte le César de la meilleure actrice pour sa performance dans « La Cérémonie », après six nominations dans les années 1980.
Tout au long de sa carrière, Isabelle Huppert a joué pour des réalisateurs aux styles variés, français et étrangers, hommes et femmes. En 1995, le critique Jérôme Garcin lui rendait hommage dans « L’Express » : « D'une juvénile curiosité, moins occupée à travailler sa légende que ses personnages successifs, ignorée par les paparazzi, oubliée des Césars, Isabelle la rousse se contente d'être comédienne. »
En 2001, « La Pianiste » de Michael Haneke, l’histoire d’une musicienne sévère et torturée à Vienne, triomphe à Cannes : Grand prix du jury, prix d’interprétation masculine pour Benoît Magimel et prix d’interprétation féminine pour Isabelle Huppert. L’un des plus grands rôles de sa carrière !
C’est le début d’une collaboration récurrente entre Huppert et le metteur en scène autrichien, qu’elle retrouve dans « Le Temps du loup » (2003), « Amour » (2012), Palme d’or au Festival de Cannes, et plus récemment dans « Happy End » (2017).
On peut aussi retenir son rôle de tante prude dans « Huit femmes », le huis-clos familial exclusivement féminin de François Ozon sorti en 2002. Un casting prestigieux, avec aussi Catherine Deneuve et Emmanuelle Béart.
Sans jamais rien perdre de son élégance, Isabelle Huppert évite d’être enfermée dans un type de rôle. Elle n’hésite pas non plus à jouer pour de jeunes réalisateurs, comme Christophe Honoré dans « Ma Mère » (2004).
En 2009, elle est choisie pour présider le jury au Festival de Cannes, succédant à Sean Penn. La Palme d’or sera décernée à… Michael Haneke pour « Le Ruban blanc ».
Isabelle Huppert a été un modèle pour de nombreuses jeunes actrices à travers le monde. Natalie Portman (sur la photo) a confié s’être largement inspirée de sa prestation dans « La Pianiste » pour son propre rôle de danseuse étoile dans « Black Swan ».
Toujours à la recherche de scénarios originaux, Isabelle Huppert joue une ancienne actrice déchue et forme l’un des trois duos masculin/féminin dans « Asphalte » de Samuel Benchetrit (2015). Cette comédie burlesque se déroule quelque part en France, dans un immeuble dont l’ascenseur tombe toujours en panne.
L’année suivante, elle a été remarquée des deux côtés de l’Atlantique dans « Elle » de Paul Verhoeven, l’histoire d’une femme violée qui part sur les traces de son agresseur. Cette performance lui a valu la première nomination aux Oscars de toute sa carrière – sans oublier un second César de la meilleure actrice.
Comme tout actrice française qui se respecte, Isabelle Huppert a joué son propre rôle dans un épisode de « Dix pour Cent », la célèbre série sur les agents d’acteurs. On y voit une actrice surmenée, qui doit mentir pour tenir tous ses engagements en même temps. Rien d’étonnant lorsqu’on consulte sa filmographie abondante !
En 2022, Isabelle Huppert a reçu un Ours d’or d’honneur pour l’ensemble de sa carrière au Festival du cinéma de Berlin. Une récompense largement méritée pour une actrice dont le talent n’a d’égal que l’originalité !
Toujours aussi active, Isabelle Huppert est apparue dans « Mon Crime » de François Ozon en 2023. Les amateurs de cinéma sont impatients de savoir quels films cette légende du septième art va récompenser à Venise.