Fête Nationale du 14 juillet : histoire et faits marquants
Depuis 1880, le 14 juillet est considéré comme la Fête Nationale en France. L’occasion certes de voir de beaux feux d’artifices, de se rendre au bal des pompiers, ou encore d’assister au défilé militaire sur les Champs-Élysées. À la fois symbole de la fin de la Monarchie, de la consécration des armées, le 14 juillet est surtout devenue la fête la plus populaire de France. On vous raconte tout, en images, sur l’histoire de cette célébration.
Le roi Louis XVI est assailli sous les doléances. Le 5 mai 1789, il réunit les États généraux, une assemblée des représentants de la noblesse, du clergé et du Tiers-Etat. Il souhaite une réforme profonde des institutions. Le 9 juillet, une “Assemblée nationale constituante” est proclamée. Inquiet, le roi vire son ministre Necker. Secrètement, il fait venir des régiments suisses et allemands du côté de Versailles. La rumeur suit son chemin : les troupes royales se prépareraient à entrer dans Paris pour arrêter les députés.
Debout sur un tonneau, l'orateur Camille Desmoulins prononce un discours solennel devant les Parisiens. En colère, la foule est principalement composée d’artisans et boutiquiers. Ils se rendent aux Invalides pour aller chercher des armes, puis à la forteresse royale de la Bastille pour de la poudre.
Une longue journée de fusillade passe. Grâce au ralliement de gardes nationaux, les Parisiens finissent par s’emparer de la Bastille et entament sa démolition. Cette vieille prison médiévale était jusque-là le symbole de l'arbitraire de l'Ancien Régime. L’absolutisme s'effondre.
Louis XVI se rend à l’Assemblée le 15 juillet pour annoncer le retrait des troupes étrangères. Il rappelle Necker le 16. Le 17 à Paris, il reçoit du maire Bailly la cocarde tricolore, nouvel emblème de la Révolution.
L'Assemblée et le Sénat choisissent le 14 juillet. “C’est bien plus que le 4 août, qui est l’abolition des privilèges féodaux ; c’est bien plus que le 21 septembre, qui est l’abolition du privilège royal, de la monarchie héréditaire”, juge Henri Martin, rapporteur de la loi du 6 juillet au Sénat. Ce jour-là, le Sénat décide que le 14 juillet sera chômé, comme certaines fêtes religieuses. Il en fait aussi une journée identique sur l’ensemble du territoire national.
En réaction à l'affaiblissement du pouvoir central, c’est à cette date que se créent des "fédérations" régionales de gardes nationaux. Alors, sous l’impulsion de l’officier Lafayette, la Commune de Paris adopte le principe d'une grande Fédération nationale. Cette dernière regroupe des représentants des fédérations locales qui se réunissent à Paris le 14 juillet 1790.
Si cette date commémore la prise de la Bastille, elle marque aussi un sentiment général d'ordre et d'unité dans un pays en crise. Ce jour-là, de la Bastille au Champ-de-Mars, 14 000 soldats fédérés arrivent donc à Paris et défilent sous la bannière de leur département. Pour l’occasion, le Champ-de-Mars est aménagé pour accueillir 400 000 spectateurs. Bourgeois, aristocrates, gens du peuple, hommes et femmes assistent à la cérémonie : une grande messe célébrée par Talleyrand. Lafayette prête le serment de la Constitution décidé par l'Assemblée nationale. Le roi Louis XVI jure de maintenir la Constitution.
Après les célébrations officielles, la journée se poursuit, dans les jardins de la Muette, pour un banquet de 22 000 couverts. Se met ensuite en place une fête populaire. On se retrouve sur les ruines de la Bastille pour danser, porter des toasts et chanter. La fête durera jusqu'au 18 juillet.
L’année suivante, on ne célèbre plus la Fête de la Fédération. Après la tentative de fuite de la famille royale à Varenne, l’Assemblée ne s'associe pas à la fête. Le 11 juillet 1792, la patrie est déclarée en danger. La fête a lieu, mais sobrement. Puis, en 1793, elle est limitée à l'enceinte de l'Assemblée. Cette dernière vient en effet d’apprendre la mort de Marat, ce révolutionnaire et homme politique, assassiné. Il devient le symbole des révolutionnaires.
En 1799, le 14 juillet n’est plus le jour de la “liberté” mais de la “Concorde”. Ce n’est plus qu’un défilé militaire. Après 1804, le 14 juillet devient moins important que le 15 août, date de naissance de Napoléon 1er. Avec la Restauration après 1814, on préfère la fête de Saint-Louis. En 1818 sous Charles X, la date de la fête nationale est reportée au 24 mai, jour de la Saint-Charles.
Avec l’arrivée au pouvoir du libéral Louis-Philippe Ier et la révolution de 1830, un retour, plus discret, aux références révolutionnaires est de nouveau adopté. On fait la fête tout le mois de juillet. En 1851, avec l'avènement du Second Empire, la fête est de nouveau fixée au 15 août, jour de "Saint-Napoléon".
En 1872, une circulaire confidentielle déclare le 14 juillet "hors la loi [car] il est probable que les anniversaires des 14 et 15 juillet servent de prétexte à des réunions et banquets politiques".
À l'occasion de l'Exposition universelle de 1878 à Paris, le ministère de l'Intérieur organise la fête nationale du 30 juin 1878, dite “fête de la paix et du progrès”. Partout flotte des drapeaux tricolores. On célèbre la République, mais toute référence trop directe à la Révolution est écartée.
Benjamin Raspail dépose une proposition de loi le 21 mai 1880, afin que "la République adopte comme jour de fête nationale annuelle le 14 juillet". Le texte est voté par l’Assemblée les 21 mai et 8 juin. Un défilé militaire est organisé sur l'hippodrome de Longchamp devant 300 000 spectateurs, en présence du président de la République, Jules Grévy.
Ce jour-là à Paris, deux événements dominent la fête. Tout d’abord, l’inauguration d’un monument, place de la République : une statue de bronze représentant une femme drapée d’une toge à l’antique et coiffée d’un bonnet phrygien, incarnant la République. On distribue aussi de nouveaux drapeaux tricolores à l’armée. Il devient l’emblème national. Les maires de France jouent un rôle central dans l'organisation et le déroulement des cérémonies et des festivités qui s'ensuivent.
La fête de 1790 a été bien plus célébrée que celle du centenaire de la prise de la Bastille, le 14 juillet 1790. La République modérée préfère mettre à l’honneur cette date. Partout, en France, les discours des maires célèbrent les acquis de la République, notamment la conscription, votée en 1889. Les bals de fin de journée commencent à avoir un franc succès. On décore les villes décorées de couleurs tricolores, de Marianne et de lampions. Le bal des régiments de pompiers commence quant à lui à mélanger les classes sociales.
Après la Première Guerre mondiale, on célèbre pour la première fois la mémoire des morts et disparus. Les survivants défilent en héros sur les Champs-Élysées. C’est Georges Clémenceau qui souhaitait cet hommage. Ce symbole deviendra indissociable des célébrations du 14 juillet. Dans la nuit du 13 au 14, le pouvoir dresse un cénotaphe géant, entouré de canons pris à l’ennemi, sous l’Arc de triomphe. Le défilé de ceux qu’on appelle les "gueules cassées" est mené par le nouveau député de la Meuse, André Maginot, volontaire de 1914 et amputé d’une jambe.
En 1945, après la fin de la Seconde Guerre mondiale et de la victoire des alliés, on fête "plus que jamais fête nationale puisque la France y fête sa victoire, en même temps que sa liberté", s’exclame le général de Charles De Gaulle. Trois jours de fête civiques s’enchaînent. Le 13 juillet est fêté solennellement. Le cortège des troupes défile de la place de la Nation à la Bastille puis à l'Arc de Triomphe. Puis, le général de Gaulle passe les troupes en revue.
La place de la Bastille regroupe diverses manifestations autour de la colonne de juillet. À cette date, Valéry Giscard d’Estaing inaugure un défilé d’un nouveau genre. Les soldats défilent à pied à travers les quartiers de Paris, comme à l’époque de la Bastille. Pendant les cinq années suivantes, les défilés changent de lieux : cours de Vincennes, Champs-Élysées, École militaire, République-Bastille. En 1980, les Champs-Élysées deviennent le cadre officiel du défilé.
François Mitterrand, président de la République de gauche et son Premier ministre de droite, Jacques Chirac, remontent ensemble les Champs-Elysées. C’est une première.
De nombreux chefs d'État étrangers assistent au défilé militaire traditionnel. Le soir, ils se sont tous rendus au spectacle monumental de Jean-Paul Goude, sur le thème des "tribus planétaires". Le défilé est retransmis à la télévision dans 102 pays. Mais cette célébration suscite des polémiques, bien qu’elle rencontre un grand succès. Cette année-là, le contexte géopolitique est chargé : agonie du bloc de l’Est ou l'écrasement de la révolte étudiante en Chine.
Le 14 juillet 1994, pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, des soldats allemands défilent sur les Champs-Elysées. On parle ici de réconciliation franco-allemande. Ewald-Heinrich von Kleist, un ancien officier allemand qui a résisté à Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale, et Manfred Rommel, fils du général Rommel, regardent le défilé. Ce sont les soldats de l'Eurocorps, regroupant cinq pays européens, parmi lesquels l'Allemagne et la France, qui marchent ce jour-là.
À partir de 2007, une Garden Party est instaurée dans le parc du palais de l'Élysée, après le défilé. Elle accueille des centaines de héros et de victimes anonymes. Elle sera supprimée par Nicolas Sarkozy en 2010, dans un contexte d’austérité économique. Cette année-là, les détachements des 27 pays membres de l’Union sont présents.
Nicolas Sarkozy invite de nombreux chefs d'Etat à suivre le défilé militaire, dans le cadre du sommet pour l'union de la Méditerranée. Parmi eux, Bachar al-Assad, dictateur syrien, dont la présence fait mouche et marquera largement la fin du quinquennat du président.
Emmanuel Macron en fait même l’invité d’honneur. Raciste et misogyne, la présence du président américain Donald Trump, tout juste élu, choque et fait polémique.