Faut-il aller voir le biopic sur Simone Veil ?
Le 12 octobre dernier, « Simone, le voyage du siècle » est sorti en salles. Un biopic signé Olivier Dahan qui retrace l’existence de Simone Veil, une figure historique de la France du XXe siècle. Le film a-t-il tenu ses promesses ? On vous dit tout.
Ce n’est pas la première fois que Dahan filme la vie d’un grand personnage féminin. « Simone, le voyage du siècle » sort quinze ans après « La Môme », le biopic sur Édith Piaf qui avait fait de Marion Cotillard une actrice d’envergure hollywoodienne. Le cinéaste avait aussi réalisé un film biographique sur l’actrice et princesse de Monaco Grace Kelly en 2014.
Mais cette nouvelle réalisation s’inscrit dans un registre beaucoup plus tragique. Simone Veil est célèbre pour avoir survécu à la déportation à l’adolescence, avant de devenir ministre de la Santé et de porter le combat pour la légalisation de l’avortement dans les années 1970.
Première présidente du Parlement européen en 1979, Simone Veil a été l’une des promotrices de la construction européenne. Décédée en 2017, elle a fait l’année suivante son entrée au Panthéon, où reposent les personnalités les plus éminentes de l’histoire de France.
En 2014, Simone Veil avait été interprétée de son vivant par Emmanuelle Devos dans le téléfilm « La Loi », qui retraçait plus spécifiquement les débats parlementaires précédant l’adoption de la loi autorisant l’interruption volontaire de grossesse.
C’est Elsa Zylberstein qui a été pressentie pour jouer le rôle-titre de Simone Veil à l’âge adulte, jusqu’à la vieillesse de l’ancienne ministre. Un rôle qui a nécessité une préparation intense pour la comédienne !
Pour l’accompagner dans ce rôle exigeant, Rebecca Marder interprète Simone Veil jeune, Élodie Bouchez la mère de Simone et Olivier Gourmet son époux Antoine Veil à l’âge adulte. Le casting compte aussi d’autres célébrités comme Philippe Torretton ou Sylvie Testud.
La présentation du film évoque « le portrait épique et intime d’une femme au parcours hors du commun qui a bousculé son époque en défendant un message humaniste toujours d’une brûlante actualité ». Ou comment lier la fresque historique et le message politique avec l’exploration de la complexité d’un personnage.
Le film était bouclé longtemps avant sa diffusion en salles. D’abord prévue le 10 mars 2021, la sortie a été repoussée à octobre 2021 puis février 2022, avant la date définitive du 12 octobre dernier. Il est sorti le même jour en France, en Belgique et en Suisse romande.
« Simone, le voyage du siècle » a très bien démarré en salles, avec près d’un demi-million d’entrées en France dès la première semaine. Le film a pris la tête du box-office de la semaine, détrônant « Novembre », le thriller de Cédric Jimenez (sur la photo avec Jean Dujardin) sur les attentats du 13 novembre 2015 à Paris.
Les spectateurs se sont montrés enthousiastes, comme en témoigne la note moyenne de 4,1 dans la catégorie spectateurs sur le site ‘Allociné’, qui recense aussi de nombreuses critiques très élogieuses.
Mais le biopic a suscité des réactions plus contrastées du côté de la presse, avec une note moyenne de 3,1 sur ‘Allociné’. Les avis de certains journalistes ont été tranchés, allant de 5 étoiles (‘Marie-Claire’, ‘Ouest-France’) à une seule étoile (‘Télérama’, ‘Les Inrockuptibles’).
Le magazine ‘Public’ a salué la « performance magistrale » d’Elsa Zylberstein dans le rôle de la femme politique qui a marqué la fin du XXe siècle. Pour LCI, le film tranche avec les biopics classiques pour offrir « un portrait à la fois intime et grandiose ».
Mais la prestation de Rebecca Marder dans le rôle de Simone Veil a aussi attiré l’attention de certains critiques. Pour ’20 Minutes’, le travail de la jeune comédienne « a porté ses fruits tant sa composition émeut, particulièrement dans sa relation avec sa mère jouée par Élodie Bouchez. »
Mais le long métrage a aussi été démoli par certains médias. ‘Télérama’ a n’a pas épargné un « biopic consternant dont on sort en colère », pas plus que la performance d’Elsa Zylberstein, jugée « plus proche de [l’imitateur] Canteloup que d’une prestation d’actrice… »
D’autres titres se sont également montrés sévères avec le film d’Olivier Dahan. Pour ‘Marianne’, il est « enseveli sous les maladresses embarrassantes et l’académisme », tandis que ‘Les Inrockuptibles’ ont fustigé un film « sentencieux et pompier qui ressemble davantage à un clip qu’à du cinéma ».
Au-delà de l’avis porté sur la qualité du film, « Simone, le voyage du siècle » a relancé la discussion sur la manière dont on peut représenter la Shoah. ‘Slate’ a par exemple dénoncé une mise en scène « excessive » de l’horreur des camps. Mais il est nécessaire dans tous les cas de réaliser un devoir de mémoire sur cette période historique.
Quoi qu’il en soit, une personnalité aussi remarquable et singulière que Simone Veil méritait qu’on lui consacre un biopic. La réalisation d’Olivier Dahan est-elle à la hauteur de l’enjeu ? Rendez-vous en salles pour en juger !