Fabrice Luchini : l'acteur peste contre le téléphone portable, dans une tirade dont il a le secret
Dans une interview donnée récemment à 'TV Magazine', Fabrice Luchini a déclaré que le téléphone portable est la "plus grande catastrophe après la guerre". "La courtoisie, la délicatesse, le respect, la curiosité, la richesse intérieure sont menacés, il n'y a plus de regards.", a-t-il ajouté, tout en reconnaissant être lui-même accro à cette "cochonnerie".
Le comédien vient donc de faire encore parler de lui dans une de ces tirades dont il a le secret ! Alors qu'il fête ses 71 ans ce mardi 1er novembre, Fabrice Luchini reste l’un des acteurs les plus brillants de la scène française. Retour en images sur un parcours peu commun.
Luchini, de son vrai prénom Robert, est né en 1951 à Paris et grandit dans le quartier populaire de la Goutte-d’Or, dans le 18e arrondissement de la capitale. À l’origine, rien ne prédispose ce fils d’un chauffeur de poids lourds et d’une femme de ménage à intégrer le milieu parfois très sélect du cinéma français.
Malgré son goût pour la littérature, le futur comédien quitte l’école à quatorze ans et sa mère le place comme apprenti dans un salon de coiffure du très chic 8e arrondissement. L’occasion de découvrir un milieu bourgeois opposé à celui dans lequel il a grandi.
C’est le cas de le dire : en 1969, Luchini est repéré par Philippe Labro qui lui confie le rôle de Fabrice dans son film « Tout peut arriver ». Il en gardera définitivement le prénom. Le jeune acteur suit alors des cours d’art dramatique.
Dans les années 1970, Fabrice Luchini tourne pour Éric Rohmer (sur la photo), avec un second rôle dans « Le Genou de Claire » (1970), mais surtout le rôle-titre du chevalier en quête du Graal dans « Perceval le Gallois » (1978), où il partage l’affiche avec André Dussollier et Arielle Dombasle.
Après plusieurs années durant lesquelles il tourne notamment pour Claude Chabrol et Michel Polac, Luchini retrouve Rohmer en 1984 dans « Les Nuits de la pleine lune », pour lequel il est nominé pour le César du meilleur acteur dans un second rôle.
Mais c’est surtout dans les années 1990 que Fabrice Luchini connaît le succès. Nominé pour le César du meilleur acteur dans « La Discrète » (1990), il tourne avec les réalisateurs français les plus reconnus. Luchini joue par exemple le patron moderne d’un grand magasin au bord de la faillite dans « Riens du tout » de Cédric Klapisch.
Une décennie après sa première nomination, Luchini remporte le César du meilleur second rôle en 1994 pour « Tout ça… pour ça ! » de Claude Lelouch. Un succès mérité !
Malgré son succès sur le grand écran, Fabrice Luchini n’a jamais délaissé ses premières passions : la littérature et le théâtre. Il s’est notamment distingué sur les planches en 1994 lors de la création de la pièce « Art » de Yasmina Reza, qui lui vaudra de remporter le Molière du meilleur acteur.
Luchini apparaît aussi sur scène depuis des années pour déclamer des textes de grands auteurs de la littérature française : La Fontaine, Flaubert, Céline, mais aussi des écrivains plus récents.
Un autre célèbre rôle de Luchini au théâtre est celui de Knock, en 2002, dans la pièce du même nom de Jules Romains : l’histoire d’un médecin à l’air faussement grave qui règne sur la petite ville où il s’est installé en persuadant tous ses habitants qu’ils sont gravement malades.
Les années 2000 sont aussi celles de la confirmation au cinéma. Luchini joue en duo avec Sandrine Bonnaire dans le huis-clos « Confidences trop intimes » de Patrice Leconte, en 2003. Cinq ans plus tard, il retrouve Cédric Klapisch dans le film « Paris », avec une brochette d’autres acteurs renommés : Gilles Lellouche, Juliette Binoche, Romain Duris, Albert Dupontel…
Alors qu’il apparaît rarement dans des films commerciaux, l’acteur a interprété en 2012 le rôle de Jules César dans « Astérix et Obélix : Au Service de sa Majesté », la quatrième adaptation filmée des aventures du célèbre gaulois.
Entre 2013 et 2017, Fabrice Luchini a été nominé quatre fois pour le César du meilleur acteur. Mais la distinction suprême du cinéma français continue encore de lui échapper. Parviendra-t-il à la remporter avant la fin de sa carrière ?
Sa dernière nomination récompensait sa prestation dans « Ma Loute » de Bruno Dumont. Un ovni cinématographique, dans lequel Luchini incarne un bourgeois légèrement décadent du nord de la France dans les années 1900, entre cannibalisme, culbutes grotesques et enquête policière sans issue. Le comédien a aussi joué le roi Charles VII dans le second volet sur la vie de Jeanne d’Arc. Et on le verra de nouveau dans "L'Empire" de Dumont, qui sortira en 2023.
Jamais engagé en politique contrairement à nombre de ses collègues, Fabrice Luchini s’est décrit comme un « vagabond idéologique » dans un entretien accordé à 'L’Express' en 2013. Ce qui ne l'empêche pas de lancer des piques à intervalles réguliers.
Fabrice Luchini est célèbre à l’écran comme dans la vie pour ses longs monologues légèrement provocants et toujours éloquents. Désormais septuagénaire, l'acteur a-t-il dit son dernier mot ? L'avenir dira s'il souhaite poursuivre au cinéma après "L'Empire".