Choquantes, peu esthétiques ou tout simplement hors de prix : les œuvres d'art les plus critiquées de l'histoire
L'italien Maurizio Cattelan est connu pour ses œuvres subversives. En décembre 2019, alors qu'il n'avait rien exposé depuis 15 ans, il a présenté "Comedian". Il s'agit tout simplement d'une banane, ni trop petite ni trop mûre, accrochée au mur à l'aide de ruban adhésif. Vendue 120 000 dollars, elle a été exposé dans la galerie Art Basel Miami en décembre 2019 et a fait couler beaucoup d'encre depuis.
En novembre 2024, cette œuvre a été vendue pour 6,2 millions de dollars lors d'une vente aux enchères chez Sotheby's. Quatre exemplaires de l'installation ont été vendus, chacun accompagné d'un certificat d'authenticité et d'un mode d'emploi, précisant que le fruit doit être remplacé tous les dix jours, le tout rédigé par l'artiste. Les partisans de l'œuvre soutiennent qu'il faut replacer l'allégorie dans son contexte et ne pas se focaliser sur l'esthétique, qui après tout n'est qu'une banane.
Une immense montagne de chantilly coiffée d'une cerise géante et agrémentée d'une mouche et d'un drone. Cette œuvre, qui symbolise "l'arrogance et l'effondrement imminent" est également multimédia puisqu'un drone filme son environnement et que les vidéos sont diffusées sur un site dédié. Cette sculpture, d'une hauteur de 9,4 mètres, réalisée par Heather Phillipson a été exposée à Trafalgar Square, à Londres, entre mars 202 et 2022.
Dans une France pudique et moraliste du XIXe siècle, Gustave Courbet a réalisé un tableau considéré comme scandaleux. Que représente ce tableau ? Une femme dévêtue, avec ses parties intimes au premier plan et son visage caché. On dit que le peintre a créé cette œuvre en hommage aux femmes, mais beaucoup ne l'ont pas interprétée ainsi. Le fait est qu'il s'agissait d'une commande spéciale et que le modèle était la maîtresse du commanditaire, et qu'il n'y a eu que peu de gens qui ont vu l'œuvre de leurs propres yeux. Par la suite, elle n'a été exposée que deux fois : à New York en 1988 et à Oran en 1992. Elle est exposée au musée d'Orsay depuis 1995.
Tracey Emin a essuyé des critiques lors du lancement de son œuvre "My Bed", auxquelles elle a répondu : "Eh bien, ils ne l'ont pas fait, n'est-ce pas ? Personne n'avait jamais fait cela auparavant". Cette installation artistique est une réplique de son lit, à une période où elle était plongée dans une profonde dépression à la suite d'une rupture. Elle est restée au lit pendant plusieurs jours, sans manger et en ne buvant rien d'autre que de l'a l c o o l. Les déchets et le désordre se sont accumulés autour du lit au fil du temps.
Sur la photo, on peut voir un portrait de l'artiste. La photo intitulée "Man in Polyester Suit" a été vendue 478 000 dollars en 2015. En 1980, lors de la présentation de cette photo en noir et blanc, certains sénateurs et conservateurs américains ont considéré cette image comme un exemple "d'art dégénéré". La photo (qui pour des raisons de censure n'est pas montrée ici) montre un homme en costume, dont le membre intime dépasse du pantalon. Le visage n'apparaît pas sur la photo et certains affirment que la personne représentée est le petit ami de l'artiste, mais on considère généralement qu'il s'agit d'un autoportrait.
Photo : autoportrait de l'artiste
L'œuvre de Christo et Jeanne-Claude a suscité de nombreux débats sur l'art contemporain. Inaugurée le 18 septembre 2021, en présence d'Emmanuel Macron et d'Anne Hidalgo, l'œuvre a été exposée pour rendre hommage à Christo, décédé en 2020. L'Arc de Triomphe, célèbre dans le monde entier, avait été enveloppé dans 25 000 mètres carrés de tissu en polypropylène recyclable, de couleur argent bleuté, et maintenu par 7 000 mètres de corde rouge. Le fait que ce monument historique ait été enveloppé n'a pas plu à tout le monde !
L'œuvre de l'artiste Paul McCarthy a atteint son objectif de subversion. Cet objet gonflable, censé représenter un arbre, avait une forme plutôt suggestive, qui a fait l'objet d'une polémique. Érigé sur la place Vendôme à Paris en 2014, "Tree" a été vandalisé, puis démonté au bout d'une semaine.
L'œuvre est constituée de blocs couleur rouille qui s'emboîtent les uns dans les autres, rappelant les Lego. Mais la comparaison s'arrête là. Cette construction métallique de 12 mètres de haut et de 30 tonnes, inspirée des containers, semble représenter une relation charnelle entre un homme et un animal. Refusée par le Louvre, elle a été placée sur le parvis du Centre Pompidou à Paris en 2017. La signification de cette sculpture métallique a évidemment fait l'objet d'une controverse.
La ville de Venise a fini par retirer la statue de ce jeune garçon sans vêtements, d'une blancheur immaculée, qui tient une grenouille dans sa main d'un air sadique. En effet, l'œuvre, érigée à l'entrée du Grand Canal, n'a pas du tout été du goût de certains Vénitiens, qui préféraient le lampadaire en fonte du XIXe siècle, plus classique qui y était installé.
Lorsque de nombreuses personnes se sont montrées choquées par son œuvre, Maurizio Cattelan a déclaré qu'il ferait don de la sculpture à la ville si son emplacement devenait permanent. Il convient de souligner qu'elle a été installée en 2010 en face à la Bourse de Milan, pour une exposition personnelle organisée en 2010 au Palazzo Reale de la ville. Mais pourquoi est-elle controversée ? Eh bien la statue est une grande main blanche en marbre de 11 mètres de long, le majeur levé, nommée "LOVE". Et sa signification est la suivante : L = liberta (liberté) ; O = odio (haine) ; V = vendetta (vengeance) ; E = eternita (éternité).
En 2017, dénonçant la "démesure" du projet, des artistes locaux ont lancé une pétition qui disait "Non au bouquet de tulipes de Jeff Koons à Paris". La sculpture mesure 10 mètres de haut, 8 de large, et pèse 27 tonnes sans son socle, et est située dans les jardins des Champs-Élysées près du Petit Palais. Après les attaques terroristes de 2015 et 2016, "Bouquet of Tulips", représentant une main tenant des tulipes multicolores, a été offerte à la ville de Paris en 2016 comme "un geste d'amitié entre le peuple américain et le peuple français".
Selon certains artistes français, Jeff Koons est "devenu l'emblème d'un art industriel, spectaculaire et spéculatif" et "son œuvre fait l'apologie des multinationales du luxe". À l'époque, ils ont déclaré dans Libération que "le choix de l'œuvre, et surtout de son emplacement, sans rapport avec les événements tragiques du lieu, apparaissent pour le moins surprenants, voire opportunistes, voire cyniques".
S'intéressant aux problèmes environnementaux, Olafur Eliasson a fait transporter 100 tonnes de glace du Groenland pour les exposer à Copenhague, Paris et Londres. Cependant, voulant faire de cette œuvre un avertissement, il a mésestimé les coûts de production et de pollution qu'a entraîné le déplacement de ces blocs de glace extraits des icebergs. L'œuvre s'est inexorablement autodétruite sous les yeux du public.
Un noir coloré avec un coefficient d'absorption de 99,965 %. Jusqu'en 2014, cette couleur était impossible à obtenir. Pourtant Surrey NanoSystems, une entreprise britannique de nanotechnologies, a réussi à créer le noir le plus noir au monde, le "Vantablack", composé de nanotubes de carbone disposés verticalement et "serrés les uns contre les autres comme des arbres dans une forêt". Le droit exclusif d'utiliser ce matériau a été concédé au sculpteur Anish Kapoor en 2016, ce qui a fortement agacé ses collègues qui ont même monté la campagne #ShareTheBlack. Enfin, "Black 3.0", un noir profond a vu le jour en 2019, créé par l'artiste Stuart Semple. Ce dernier, contrairement à son confrère, l'a rendu accessible à tous.
Dirty Corner est une œuvre qui a été vandalisée à plusieurs reprises, la dernière fois avec l'inscription : "Respectez l'art de la même manière que vous croyez en Dieu". Cette sculpture en acier de 60 mètres de long et 8 mètres de haut représente un organe intime féminin et est installée dans les jardins du château de Versailles depuis 2015. L'artiste a décidé de laisser en place les différents écrits haineux et antisémites, issus du vandalisme, car ils font désormais "partie de l'œuvre".
Ici, la polémique porte sur l'administration des fonds publics. Composé de 3 800 carreaux de faïence, fabriqués au Portugal, ce grand cœur rouge de 9 mètres de haut, qui a coûté 650 000 euros, a été placé dans l'un des quartiers les plus pauvres de Paris. L'artiste a reçu 40 000 euros. Inauguré le jour de la Saint-Valentin 2019, il s'illumine la nuit grâce à des milliers de LED.
Dans les années 70, chacune des expositions d'Allen Jones est accueillie par des manifestations féministes, alors qu'il clame son pendant pour le féminisme. Comment cela est-il possible ? Cet artiste pop anglais est fasciné par la culture subversive du fétichisme et par les femmes aux longues jambes perchées sur des talons aiguilles. En 1969, il expose les œuvres présentées sur cette photo : "Chaise, Table et Porte manteau". Comme vous pouvez le voir, ses œuvres sont à la fois engagées et dérangeantes.
Cette œuvre représente le système reproducteur féminin. Raison pour laquelle de nombreuses personnes affirment que "Diva" est indécente et laide. L'œuvre a été réalisée par l'artiste brésilienne Juliana Notari en janvier 2021.
Photo : juliana_notari / Instagram
Les critiques ont estimé que le lieu et les circonstances de la représentation de "Diva" étaient de mauvais goût et insensibles, voire racistes. En effet, des photos publiées sur les réseaux sociaux ont montré que l'œuvre a été construite sur le terrain d'une ancienne plantation de sucre et a été mise en place par une main-d'œuvre noire.
Photo : juliana_notari / Instagram
Les critiques ont estimé que cette œuvre était de très mauvais goût. Mais pourquoi ? Cette statue de cire, de la taille d'un enfant (101 centimètres) et d'une "pureté enfantine", est agenouillée en position de prière et vêtue d'un costume gris. Or, il s'agit d'Adolf Hitler, représenté comme un enfant.
Mais ce n'est pas tout. Considérée comme "une provocation insensée qui insulte la mémoire des victimes juives des nazis", la statue a été retirée de son emplacement original, à quelques centaines de mètres seulement du Mémorial de l'insurrection du ghetto de Varsovie. De fait, elle était placée dans la cour privée d'un immeuble du ghetto de Varsovie, où un demi-million de Juifs polonais ont été isolés puis déportés pendant la Seconde Guerre mondiale.
Revenons au XIXe siècle. En 1863, Edouard Manet présente cette œuvre, d'abord intitulée "Le Bain" pour une exposition au Salon du Louvres. Rejeté car ce tableau, représentant une femme sans vêtements au milieu d'hommes habillés, qui regarde le spectateur droit dans les yeux, choque les mœurs. Il est finalement exposé au Salon des Refusés. Aujourd'hui, "Déjeuner sur l'herbe" est l'une des peintures les plus connues au monde, exposée actuellement au Musée d'Orsay.
Le titre de cette œuvre d'Édouard Manet, "Olympia", fait référence à un surnom donné à l'époque aux travailleuses de nuit. L'artiste estime qu'il n'a rien fait de mal en s'inscrivant dans la tradition de Titien, Vélasquez et Goya, qui ont peint des femmes sans vêtements. Alors que d'autres peintres de l'époque cachent leurs représentations sous le prisme de l'allégorie, Manet, lui, fait passer son message de manière très claire. Sur la photo, un autoportrait de l'artiste.
Selon les critiques de l'époque, la jeune fille représentée était très jeune et l'artiste devait avoir l'esprit mal tourné lorsqu'il l'a réalisée. Presque anthropologue ou naturaliste, Edgar Degas cherchait avant tout à réaliser des images aussi proches que possible de la réalité. C'est pourquoi il a tenu à façonner une statue de cire d'une ballerine réaliste, avec un vrai tutu, de véritables cheveux et des chaussons de danse. L'édition en bronze faite après sa mort est exposée aujourd'hui au Musée d'Orsay.
Marcel Duchamp a signé cet urinoir du pseudonyme avec lequel il a présenté l'œuvre : Richard Mutt, et l'a datée de 1917. En présentant cet objet, acheté dans un grand magasin de New York, l'artiste cherche la frontière entre l'art et les objets usuels. Cette pièce jouera un rôle majeur dans le passage de l'art moderne à l'art contemporain.
Marcel Duchamp envoie ce ready-made, c'est-à-dire un "objet tout fait" à la première exposition de la Société des artistes indépendants de New York en 1917, après avoir utilisé un pseudonyme car il fait partie du comité directeur de ladite société. Or, cet appareil sanitaire n'est pas exposé au prétexte que ce n’est pas une œuvre d’art fabriquée des mains d'un artiste et que l'objet est immoral et vulgaire. Marcle Duchamp ne revendique la paternité de l'œuvre qu'en 1950.
Piero Manzoni, l'un des principaux défenseurs de l'art conceptuel, a créé cette œuvre comme une satire du marché de l'art : un artiste classé A a de bonnes chances de vendre rapidement son œuvre, quelle qu'elle soit. En 1961, il crée et vend 90 boîtes numérotées et signées contenant ses excréments. Piero Manzoni s'inspire largement des artistes ready-made comme Marcel Duchamp. Le saviez-vous ? L'une des boîtes a été ouverte récemment et les boîtes contiennent bien des excréments...
Et voici encore une œuvre de Maurizio Cattelan, l'un des artistes les plus controversés de tous les temps. L'artiste a de nouveau provoqué de vives réactions avec cette statue de cire du pape Jean-Paul II extrêmement réaliste et grandeur nature. Le plaçant sous une météorite, il s'attaque ainsi à l'image sacro-sainte du Saint homme. D'autant qu'à l'époque où elle a été réalisée, ce dernier était encore en vie.