Ces termes régionaux qui se sont imposés dans la langue française
Langue nationale également parlée par des centaines de millions d’individus dans le monde, le français est riche de l’héritage varié des régions de France.
On connait plus souvent l’influence des langues étrangères, comme « club » ou « week-end » qui viennent de l’anglais, « kitsch » de l’allemand, et « merguez » de l’arabe.
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Mais le français est aussi riche de termes anciens issus des quatre coins du pays et au-delà, tels que « chalet », issu du suisse romand, « falaise » qui vient du normand et « garrigue » du provençal.
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Ce n’est pas un hasard si certains mots d’origine régionale finissent par connaître un destin national : ils viennent généralement combler les lacunes du français standard pratiqué dans le reste du pays.
Ainsi, le normand a fourni au français de nombreux termes maritimes (« crevette », « crabe » ou « vague »), parfois hérités des anciens Vikings.
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Parlé dans la région des Alpes, près de la Suisse, le franco-provençal est de son côté un gros pourvoyeur de mots liés à la montagne : « avalanche », « glacier » ou « luge ».
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Mais la langue régionale à laquelle le français courant a le plus emprunté est le provençal, dont sont issus de nombreux termes devenus presque quotidiens comme « basané », « cigale » ou « tapenade ».
Le poids de Marseille en termes de population et d’identité y a largement contribué. Comme l’explique Mathieu Avanzi, auteur de « Comme on dit chez nous – Le grand livre du français de nos régions », cité par ‘Slate’ : « il faut un grand centre urbain pour les faire rayonner et le provençal bénéficie de Marseille ».
Mais dans un pays aussi centralisé que la France, un mot doit d’abord conquérir la capitale pour pouvoir se diffuser par la suite dans le reste du territoire.
Par ailleurs, la capacité à comprendre facilement le sens d’un mot ou d’une expression aide à son rayonnement. « Plus une expression est intelligible, plus elle se répand », indique Mathieu Avanzi.
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Enfin, la notoriété du porte-parole est un levier majeur de diffusion, de la « pieuvre » anglo-normande popularisée par Victor Hugo durant son exil de Jersey aux expressions marseillaises propagées aujourd’hui par des rappeurs comme Jul.
Un exemple : le terme « drache », qui désigne une forte pluie dans le Nord. Jadis inconnu hors de son bassin d’origine, ce mot essaime dans le reste de la France depuis l’immense succès du film « Bienvenue chez les Ch’tis » en 2008.
Un autre cas célèbre : celui du « tancarville », du nom d’une commune normande proche du Havre, dont le pont suspendu à haubans rappelle la forme d’un étendoir à linge. Le mot « tancarville » remplace de plus en plus « étendoir » dans la pratique.
Finalement, la propagation d’un mot dans tout le pays et son adoption dans la langue mettent en valeur sa région d’origine, mais participent aussi d’une forme de « dérégionalisation » de ce mot.
La « cagole » marseillaise dénonçait autrefois une femme de petite vertu. Mais ce mot qui désigne une femme du Sud très maquillée, aux cheveux blonds peroxydés, a été mis en valeur comme modèle de liberté par le féminisme.
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La marque de luxe Balenciaga a même fini par sortir le sac « Le Cagole » porté par Kim Kardashian… C’est parfois l’imaginaire associé à une expression qui change radicalement !
N’oublions pas non plus l’irruption de termes corses sur le continent, comme « fraté », l’équivalent de « frère », qui s’est largement imposé pour interpeller un ami ces dernières années.
Si certains mots s’imposent dans le français courant, des clivages persistent entre régions, comme entre « chocolatine » (sud-ouest) et « pain au chocolat » dans le reste du pays, ou avec « wassingue » dans le Nord et « toile » à Marseille pour parler d’une serpillière.
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Quels seront les prochains mots à apparaître dans la langue française ? Entre le brassage continu de population entre les régions et l’apport régulier des langues étrangères, nul doute que le français est appelé à évoluer et à s’enrichir encore !
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