Catherine Deneuve, le charme et le talent à la française
Lorsque quelqu’un prononce le nom de Catherine Deneuve, on pense immédiatement à l’une des actrices françaises les plus célèbres depuis les années 1960 et à un symbole de la France à l’étranger. Retour en images sur le parcours exceptionnel d’une comédienne qui fêtera ses 80 ans cette année.
Née en 1943, Catherine Dorléac est la fille d’un producteur de cinéma et d’une comédienne, Renée Simonot, dont elle utilisera plus tard le véritable nom de famille, Deneuve. Ses sœurs Françoise et Sylvie sont toutes les deux actrices.
Après avoir joué dans un premier film, « Les Collégiennes », à l’âge de 13 ans, Catherine apparaît dans « Les portes claquent » avec son aînée Françoise (sur la photo), qui avait débuté plus tôt sa carrière d’actrice. Les deux sœurs se retrouveront en 1967 dans « Les Demoiselles de Rochefort », juste avant le décès tragique de Françoise dans un accident de la route.
La carrière au cinéma de Catherine Deneuve démarre assez vite dans les années 1960, mais son parcours n’en reste pas moins atypique. Jamais passée par le Conservatoire, l’interprète de « Peau d’âne » a toujours refusé de jouer au théâtre. Mais les metteurs en scène comme les critiques apprécieront la justesse de son jeu pendant des décennies.
Sa rencontre avec Roger Vadim sur le tournage de la comédie « Les Parisiennes », en 1961, sera décisive. L’actrice et le réalisateur seront en couple pendant trois ans, auront ensemble un fils, Christian (à gauche sur la photo), et c’est cette liaison qui apportera une certaine notoriété à Catherine Deneuve.
Son premier grand rôle est la comédie musicale « Les Parapluies de Cherbourg » de Jacques Demy, un film entièrement chanté qui triomphe à Cannes en 1964 et qui lance définitivement sa carrière.
En 1965, Deneuve livre une de ses performances les plus marquantes dans « Répulsion » de Roman Polanski, l’histoire d’une jeune femme chez qui un traumatisme d’enfance a entraîné une répugnance à l’égard de la sexualité qui la conduit jusqu’au meurtre. Une prestation magistrale qui attire l’attention sur la jeune Française outre-Atlantique.
La même année, l’actrice en pleine ascension épouse le photographe anglais David Bailey. Les témoins n’étaient autres que Mick Jagger et sa sœur Françoise Dorléac. Le couple s’est séparé au bout de deux ans seulement.
Un autre rôle emblématique de la carrière de Deneuve est celui d’une épouse réservée mais pleine de fantasmes inavouables, dans « Belle de jour » de Luis Buñuel (1967).
Après « Les Demoiselles de Rochefort », Catherine Deneuve retrouve une nouvelle fois Jacques Demy (à droite sur la photo) dans « Peau d’âne » en 1970. Cette comédie musicale reprend le célèbre conte de Charles Perrault et la comédienne partage l’affiche avec une autre vedette de l’époque, Jean Marais.
Au tournant des années 1970, alors que la carrière de sa grande rivale Brigitte Bardot commence à décliner, Catherine Deneuve passe pour la plus talentueuse et la plus élégante des actrices françaises. Considérée comme « la plus belle femme du monde » par le magazine américain ‘Look’, elle tourne dans plusieurs films à Hollywood à la fin des années 1960.
Vedette absolue, Catherine Deneuve va toutefois se trouver en porte-à-faux avec les modes du cinéma français dans les années 1970. Alors que l’effervescence suivant les événements de Mai 68 bat son plein, l’actrice garde une image froide et incarne malgré elle une France bourgeoise, voire conservatrice.
L’actrice fétiche de Jacques Demy n’en fera pas moins partie des signataires du « Manifeste des 343 » paru dans ‘Le Nouvel Observateur’ en 1971, un appel à la légalisation de l’avortement lancé par des célébrités féminines qui déclarent l’avoir pratiqué dans la clandestinité.
Star du cinéma français, Catherine Deneuve a aussi été l’égérie du parfum « N° 5 » de Chanel en 1973. Longtemps habillée par Yves Saint-Laurent, elle a été liée par une forte amitié avec le couturier qui la surnommait son « porte-bonheur ».
Catherine Deneuve a vécu avec une autre star du cinéma d’après-guerre, l’acteur italien Marcelo Mastroianni, dans les années 1970. Ce couple glamour a eu une fille, Chiara, née en 1972 et devenue à son tour une actrice de grand talent.
Restées très proches, la mère et la fille ont d’ailleurs souvent joué ensemble. Les amateurs de cinéma ont notamment retenu leur collaboration dans le drame familial « Conte de Noël » d’Arnaud Desplechin, en 2008.
Catherine Deneuve effectue un retour en force au cinéma avec le rôle d’une directrice de théâtre sous l’Occupation dans « Le Dernier Métro » de François Truffaut. Le film remporte 10 Césars, dont celui de la meilleure actrice pour Deneuve, en 1981.
La mère de Chiara Mastroianni est d’ailleurs une grande habituée de la cérémonie des Césars. Douze ans après sa première distinction, elle est une nouvelle fois lauréate du trophée de la meilleure actrice pour son rôle dans « Indochine » - pour lequel elle a aussi été nominée aux Oscars. L’actrice a reçu douze autres nominations aux Césars de 1976 à 2016.
Après « Le Dernier métro », Catherine Deneuve a collaboré à plusieurs reprises avec Gérard Depardieu, notamment dans le drame « Drôle d’endroit pour une rencontre » (1988). Symbolisant chacun une part du cinéma français, les deux acteurs se vouent une grande estime réciproque. Comme Deneuve l’a déclaré à ‘Allociné’ en 2017 : « Il y a quelque chose de tellement harmonieux chez Gérard que c'était impossible de ne pas être bien en tournant avec lui. »
À partir des années 1980, Catherine Deneuve joue régulièrement pour André Téchiné, de « Hôtel des Amériques » (1981) à « L’Adieu à la nuit » (2019). Une preuve de plus de l’éclectisme d’une actrice qui a tourné pour les plus grands réalisateurs.
Catherine Deneuve sait aussi donner sa chance à de jeunes réalisateurs de talent. En 2001, elle tient le rôle principal dans « Huit femmes » de François Ozon, un huis-clos familial exclusivement féminin où jouent aussi Isabelle Huppert, Emmanuelle Béart et Fanny Ardant.
L’âge ne semble avoir aucune prise sur l’actrice qui est apparue très souvent sur le grand écran ces vingt dernières années. Elle a retrouvé François Ozon dans « Potiche » (2010), l’histoire d’une femme au foyer amenée à se révolter, et elle est apparue dans des comédies comme « Astérix et Obélix : Au service de Sa Majesté » (2012).
En 2018, Catherine Deneuve a cosigné une tribune de cent femmes, parue dans ‘Le Monde’, en réaction au mouvement #MeToo. Le texte dénonce un « féminisme qui prend le visage d’une haine des hommes et de la sexualité ». Fortement critiquée, l’actrice clarifie ensuite sa position en indiquant qu’elle n’aurait jamais signé un texte justifiant réellement le harcèlement.
Alors qu’elle continuait à tourner plusieurs films par an, l’icône du cinéma français a été victime d’un AVC en novembre 2019. Ses facultés sont restées intactes, le cerveau n’ayant pas été touché, mais Catherine Deneuve a dû ralentir le rythme depuis cet accident.
Mais l’actrice continue de participer à différents projets de films. Après avoir joué dans le drame « De son vivant » d’Emmanuelle Bercot avec Benoît Magimel (2021), elle apparaîtra dans « Funny Birds » des jeunes réalisateurs Hanna Ladoul et Marco La Via, dont la sortie est prévue pour 2023.
Monstre sacré du cinéma national, Catherine Deneuve a une filmographie prolifique avec plus de cent longs-métrages tournés par une soixantaine de réalisateurs différents. Cette actrice mondialement connue reste, à bientôt 80 ans, une incarnation vivante du charme et du talent à la française.