Benoît Poelvoorde, 58 ans de provocations et de fous rires

Alors qu’il souffle ses 58 bougies ce jeudi 22 septembre, Benoît Poelvoorde est plus actif que jamais. L’acteur continue d’incarner avec force l’humour et le caractère belges dans l’univers du cinéma français. Retour en images sur un parcours original et imprévisible.

Né en 1964 à Namur, en Wallonie, Benoît Poelvoorde est le fils d’un père chauffeur routier et d’une mère épicière. Il a d’ailleurs fait jouer son propre rôle à sa mère dans le fameux « C’est arrivé près de chez vous ».

Passionné de théâtre, Poelvoorde étudie le graphisme puis réalise en 1992 le long métrage « C’est arrivé près de chez vous ». Une production à très faible budget, en noir et blanc mais qui connaîtra un immense succès par son humour noir et sa manière décalée de filmer la réalité sociale.

Acteur de café-théâtre dans les années 1990 où il est encore peu connu, Benoît Poelvoorde crée la série télévisée « Les Carnets de Monsieur Manatane », dans laquelle il joue le rôle principal. Cette série de sketches diffusée sur Canal+ est un condensé des personnages incarnés par Poelvoorde, entre variété des rôles, personnalité fantasque et humour au vitriol.

Le comédien accède progressivement à la notoriété avec la comédie « Les Randonneurs » (1997), dans laquelle jouent aussi Karin Viard, Géraldine Pailhas et Vincent Elbaz. Le film montre plusieurs jeunes qui partent sur les magnifiques chemins de randonnée de Corse, et atteint environ un million et demi d’entrées au box-office.

Les années suivantes, Poelvoorde est à l’affiche de plusieurs comédies. On peut retenir notamment « Le Vélo de Ghislain Lambert », un film sur un cycliste belge dans les années 1970, et « Le Boulet » (2002), une comédie policière à succès où il joue avec Gérard Lanvin.

Au début des années 2000, Benoît Poelvoorde fait partie des acteurs réputés prometteurs du cinéma français. En 2002, il remporte le Prix Jean-Gabin qui récompense chaque année un espoir du cinéma francophone.

Poelvoorde fait sensation en 2004 dans « Podium » du romancier Yann Moix, un film parodique sur les joies et les galères des sosies de Claude François qui sillonnent la France, partagés entre l’amour de leur public et la rudesse de la concurrence. Un grand succès en salles et une étape importante dans la carrière de l’acteur, nominé aux Césars pour sa prestation.

Benoît Poelvoorde s’est aussi fait remarquer en jouant Brutus dans « Astérix aux Jeux olympiques » en 2008. Il a succédé brillamment et dans un genre complètement différent à Roberto Benigni dans le rôle du fourbe officier romain.

Mais l’acteur a aussi connu certaines difficultés personnelles, sur lesquelles il s’est toujours exprimé sans langue de bois. En 2008, il a été atteint par une dépression puis hospitalisé à sa demande en Belgique. En 2010, il a annoncé la fin de sa carrière de comédien, avant de la reprendre presque immédiatement après.

Acteur truculent réputé à la fois pour sa fantaisie et ses sarcasmes, Benoît Poelvoorde a su diversifier la palette de son jeu en apparaissant aussi dans des drames à partir de la fin des années 2000. Il a notamment été remarqué avec le rôle d’Étienne Balsan dans « Coco avant Chanel » (2008), et dans le drame « Une histoire d’amour » avec Laetitia Casta.

Benoît Poelvoorde revient en force en 2012 dans la comédie « Le Grand Soir », où il forme un duo décapant avec un autre trublion du cinéma francophone, Albert Dupontel. Ce dernier joue un vendeur conformiste dans une zone commerciale, qui est licencié en période de crise et décide de se faire punk, à l’image de son frère joué par Poelvoorde. Une comédie sociale trash qui remporte le Prix spécial du jury au Festival de Cannes, dans la section « Un certain regard ».

Benoît Poelvoorde a partagé l’affiche à plusieurs reprises avec un mastodonte du cinéma français, Gérard Depardieu. Après Astérix, le public a pu les voir ensemble dans un biopic sur Alexandre Dumas en 2010, et dans le road movie « Saint Amour » (2016) de Benoît Delépine et Gustave Kervern.

Depuis 2014, Benoît Poelvoorde est en couple avec Chiara Mastroianni, qu’il a rencontrée sur le tournage du film « Trois Cœurs » de Benoît Jacquot. Certainement l’un des couples les plus surprenants du cinéma francophone actuel !

Reconnu en France comme en Belgique, Benoît Poelvoorde a été sélectionné plusieurs fois aux Magritte, l’équivalent belge des Césars français. En 2014, il a remporté le Magritte du meilleur acteur pour « Une place sur la terre » de Fabienne Godet.

Avec le phénomène François Damiens, Benoît Poelvoorde incarne vraiment le « Belge » du cinéma français, un mélange de spontanéité, d’humour et de liberté de ton qui tranche avec l’esprit de certaines productions hexagonales. Ce qui ne l’empêche pas d’être très apprécié des réalisateurs et du public français.

Le comédien s’est montré plus que jamais ces dernières années, avec un total de 14 films depuis 2019. On l’a vu dans le casting de rêve (Virginie Efira, Mathieu Amalric, Leïla Bekhti, Jean-Hugues Anglade) du « Grand Bain » de Gilles Lellouche (2018), l’histoire de plusieurs hommes qui reprennent goût à la vie en pratiquant la natation synchronisée.

Y aura-t-il un deuxième « Podium ? Il y a quelques années, l’acteur avait démenti les propos de Yann Moix (à droite sur la photo) qui annonçait un deuxième opus avec Poelvoorde dans le rôle du sosie. Mais cette année, Moix a de nouveau annoncé qu’il travaillait sur un nouvel épisode avec Poelvoorde et a lancé un appel pour que François Damiens rejoigne l’aventure. On a hâte de voir les deux géants belges à l’écran dans une histoire de sosies de Claude François !