Arnaud Montebourg a 60 ans : retour en images sur un trublion de la vie politique française
Arnaud Montebourg a fêté ses 60 ans ce dimanche 30 octobre. Mais que devient l’ancien partisan de la démondialisation et du Made in France, qui fut ministre de l’Économie sous François Hollande ? Avant de le savoir, redécouvrons en images le parcours de ce trublion de la vie politique française.
Né en 1962 en Bourgogne, Arnaud Montebourg s’est engagé très tôt au Parti socialiste et à gauche. Étudiant en droit au début des années 1980, il intègre l’UNEF, un syndicat d’étudiants classé à gauche, avant de prendre sa carte au PS en 1985.
Avant de conquérir son premier mandat d’élu, Montebourg a participé à des affaires très médiatiques en tant qu’avocat : on l’a vu plaider dans l’affaire du Carrefour du développement en 1992, ou encore dans l’affaire Villemin en 1995. Une vocation d’orateur est née.
En 1997, année où la gauche revient au pouvoir au niveau national, Arnaud Montebourg est élu député pour la première fois dans son département natal de la Saône-et-Loire. Il sera réélu en 2002 et en 2007 malgré le retour de la droite, avant de céder sa place en 2012 pour respecter la loi sur le cumul des mandats.
En tant que député et cadre du PS, Arnaud Montebourg s’est fait connaître pour des engagements qui ont été les marqueurs de sa vie politique. Opposant de longue date à la mondialisation dont il critique les conséquences sociales et environnementales, il est favorable à un État fort capable d’imposer ses décisions aux acteurs économiques. Il a aussi mené des commissions d’enquête parlementaires sur les paradis fiscaux.
Critique du caractère monarchique de la Ve République, l’homme politique est partisan de la mise en place d’une Sixième République plus démocratique. S'opposant à l’immunité du chef de l’État, il a tenté en 2001 de faire renvoyer le président de la République Jacques Chirac devant la Haute Cour de Justice pour qu’il réponde de son implication présumée dans plusieurs affaires.
Figure de l’aile gauche du PS, Arnaud Montebourg a co-fondé le « Nouveau Parti socialiste » (NPS) avec Vincent Peillon (sur la photo), Julien Dray et Benoît Hamon. Favorable à la réforme des institutions et hostile au libéralisme économique, ce courant a eu un certain poids au sein du parti avant de se dissoudre à cause de désaccords entre ses membres.
En 2005, Montebourg n’est pas favorable au projet de Constitution européenne malgré le vote des militants du PS. Mais il respecte la position officielle du parti et ne prend pas part à la campagne, contrairement à d’autres ténors favorables au « non » comme Laurent Fabius ou Jean-Luc Mélenchon.
Lors de l’élection présidentielle de 2007, la candidate malheureuse Ségolène Royal choisit le député de Saône-et-Loire comme porte-parole malgré ses désaccords avec son compagnon, le Premier secrétaire du parti François Hollande. Il est d’ailleurs suspendu de cette fonction après avoir lancé : « Ségolène Royal n'a qu'un seul défaut. C'est son compagnon. ». Ambiance…
Une déclaration qui n’a rien d’un hasard pour un homme politique ambitieux qui souhaite renouveler l’équipe dirigeante du PS. Le soir de sa réélection comme député en 2007, il déclare : « Fini le temps des éléphants révolus et place aux jeunes lions ! ». Montebourg se montre un opposant particulièrement virulent sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy.
Ces années d’engagement font de Montebourg l’un des dirigeants les plus en vue du PS. En 2011, il publie l’essai « Votez pour la démondialisation ! », après avoir annoncé sa candidature aux primaires citoyennes organisées pour désigner le candidat du PS à la présidentielle.
Avec 17 % des voix au premier tour de la primaire, Arnaud Montebourg réalise un score inattendu qui le place en troisième position, devant Ségolène Royal. Son soutien à François Hollande s’avère donc décisif pour la victoire de ce dernier contre Martine Aubry au second tour.
Élu président de la République en 2012, Hollande récompense Montebourg de son soutien pas gagné d’avance à la primaire, en le nommant ministre du Redressement productif. Montebourg va pouvoir se consacrer aux projets qui lui tiennent à cœur : le Made in France, la politique industrielle, le renouveau productif du pays…
À l’époque, Arnaud Montebourg est en couple avec Audrey Pulvar, chroniqueuse dans l’émission « On n’est pas couché » de Laurent Ruquier de 2011 à 2012. Ce couple particulièrement médiatique annonce sa séparation à la fin de l’année 2012.
L’expérience ministérielle de Montebourg a été marquée par de nombreux conflits avec le président et son Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Alors que les deux têtes de l’exécutif se convertissent progressivement à une politique de l’offre, le ministre du Redressement productif les défie régulièrement en soutenant une plus grande intervention de l’État.
Les débats autour de l’avenir de l’industrie française sont lancés sur fond de nombreux plans sociaux consécutifs à la crise de 2008. Arnaud Montebourg a souhaité nationaliser temporairement l’usine sidérurgique d’ArcelorMittal à Florange, en Lorraine, mais le projet n’a pas obtenu l’aval de François Hollande.
En guerre larvée contre le Premier ministre, Montebourg se rapproche en 2013 du ministre de l’Intérieur Manuel Valls, qui souhaite lui-même remplacer Jean-Marc Ayrault à Matignon. Une alliance de circonstance entre deux hommes éloignés politiquement, puisque Valls représente l’aile droite du PS. Lorsque ce dernier devient Premier ministre en 2014, les attributions de Montebourg sont élargies à l’ensemble de l’Économie.
Mais Montebourg doit gérer rapidement l’affaire Alstom qui éclate au printemps 2014. Le fabricant français d’équipements pour centrales nucléaires est racheté par son concurrent américain General Electric après une mise en cause de son PDG par la justice des États-Unis. Montebourg ne peut empêcher le rachat, mais parvient à faire adopter un décret qui renforce le droit de veto de l’État sur les investissements étrangers dans les secteurs stratégiques.
Épaulé par Manuel Valls, François Hollande assume une politique économique de plus en plus opposée à la vision portée par Montebourg. Après avoir désapprouvé publiquement leur ligne politique fin août 2014, il quitte le gouvernement, remplacé par Emmanuel Macron.
Arnaud Montebourg est alors en couple avec une autre dissidente de la majorité présidentielle, l’ancienne ministre de la Culture Aurélie Filipetti, avec laquelle il a eu une fille. Quelques mois plus tôt, il avait eu une brève relation avec l’actrice Elsa Zylberstein.
Écarté de la majorité PS, l’ancien opposant farouche à la mondialisation a découvert le monde de l’entreprise après avoir suivi une formation en management. Vice-président du conseil de surveillance de la chaîne d’ameublement Habitat de 2015 à 2016, Montebourg est aussi entré au capital d’une start-up de fabrication d’éoliennes domestiques, placée en liquidation judiciaire en 2017.
Mais ce vieux routier de la politique n’avait pas totalement renoncé à ses ambitions présidentielles. De nouveau candidat à la primaire socialiste en 2017, il est devancé par Benoît Hamon et Manuel Valls. Et sa candidature autonome en 2022 sous le slogan de « remontada » française n’a pas abouti. La vie politique d’Arnaud Montebourg est-elle définitivement terminée ?
En 2018, l’ancien député et ministre s’est lancé dans la production de miel en créant la marque Bleu Blanc Ruche. Il s’est aussi lancé dans d’autres activités agroalimentaires : production d’amandes « éco-responsables » et fabrication de glaces artisanales. Des projets pour lesquels il a investi ses propres économies.
Que faut-il retenir du parcours politique d’Arnaud Montebourg ? L’ancien dirigeant du PS a su imposer des thématiques fortes dans le débat public, comme la VIe République, la démondialisation et le Made in France. Mais il reste plus connu pour ses idées parfois avant-gardistes que pour ses réalisations en tant que responsable politique. Quoi qu’il en soit, Montebourg aura été pendant des années un trublion de la vie publique en France.