Albert Dupontel revient avec "Second tour", une satire du monde de la politique et des médias

Trublion du cinéma français depuis près de trois décennies, Albert Dupontel est de retour avec un nouveau film, "Second tour", une satire du monde de la politique et des médias, sorti dans les salles françaises le 25 octobre dernier.

"Second tour" met en scène la campagne présidentielle d'un économiste brillant, joué par Dupontel lui-même, et la longue enquête d'une journaliste chargée de couvrir sa campagne, interprétée par Cécile de France.

Pour l'audiovisuel public belge 'RTBF', Albert Dupontel signe ici "une fable politique aux allures de farce rocambolesque empreinte de poésie sentimentale", qui "épingle avec humour et lucidité les dérives" du système politique.

@ bande-annonce Second tour - capture d'écran Youtube

Trois ans après le succès d'"Adieu les c o n s", le réalisateur et acteur s'est inspiré pour "Second tour" d'un documentaire sur la campagne de Robert Kennedy en 1968.

Avec son humour provocant, son sens de l’absurde et sa créativité hors normes, Albert Dupontel reste un ovni dans le paysage parfois un peu lisse du cinéma français. Découvrons ensemble les moments marquants ou insolites de son parcours.

Albert Dupontel est en réalité le nom de scène de Philippe Guillaume. Né en 1964 de parents médecins, il a grandi à Conflans-Sainte-Honorine, près de Paris.

Fait rare, même chez les élèves les plus indisciplinés, Dupontel a été renvoyé de son établissement scolaire, selon ses propres dires, dès l’école maternelle, à l’âge de quatre ans et demi. Le début d’une carrière de sympathique perturbateur ?

Après son baccalauréat, il commence des études de médecine pour faire plaisir à ses parents et effectue un stage dans un hôpital qu’il ne valide pas car… il passe son temps au cinéma ! Cet électron libre arrête la médecine pour « faire le guignol », comme il le dit. Il prend alors des cours de théâtre et devient pendant sa formation l’élève des plus grands, comme Antoine Vitez ou Ariane Mnouchkine qui lui propose de rejoindre sa troupe – ce qu’il refuse, évidemment.

Dupontel débute en 1990 sur Canal +, avec « Les Sales Histoires », une série de sketchs crus dont le ton grinçant détonne à l’époque. Cette création très avant-gardiste connaît un relatif échec. Il fait également des one-man-shows au théâtre et tourne dans des clips publicitaires.

Alors que le jeune comédien traverse une période de vaches maigres, Patrick Sébastien le repère, l’invite dans « Sébastien c’est fou », son émission du samedi soir, et le fait connaître auprès du grand public. Dupontel connaît alors le succès en jouant ses spectacles dans les plus grands théâtres parisiens. Mais il a un autre projet…

Albert Dupontel souhaite en effet se lancer dans le cinéma, devant comme derrière la caméra. En 1996, il réalise « Bernie », dans lequel il joue le rôle-titre d’un orphelin perturbé, en proie à de nombreux problèmes sociaux et à la recherche de sa famille. Un succès retentissant pour ce film à la fois cru, touchant et hilarant. Comme l’a dit Dupontel lui-même : « J’ai fait un truc perso avec trois francs six sous. Les gens y sont allés. » Sa carrière au cinéma est lancée.

Trois ans plus tard, Dupontel réalise son second long-métrage, « Le Créateur », l’histoire burlesque d’un auteur de théâtre en manque d’inspiration. Le film fait un bide qui a marqué le réalisateur.

Albert Dupontel laisse alors la réalisation de côté et se fait remarquer dans des films plus classiques (« La Maladie de Sachs », « Irréversible », « Un long dimanche de fiançailles »). Mais son image reste associée au caractère trash de « Bernie » et son nom est marginalisé dans le monde de la production. Il doit donc tenter de polir ses prochaines réalisations sans perdre ce qui fait leur originalité.

Un pari finalement réussi en 2006 avec « Enfermés dehors », un film social déjanté qui reprend certains traits du scénario de « Bernie » tout en le dépouillant de ses aspects les plus crus. Dupontel joue à nouveau le rôle principal et tourne avec le même groupe d’acteurs (Claude Perron, Nicolas Marié) que dans ses réalisations précédentes.

Il signe une quatrième réalisation en 2009 avec « Le Vilain », l’histoire d’un voyou réfugié chez sa mère bigote, dans lequel il joue en duo avec Catherine Frot. Lors de la promotion du film, il se clashe en direct avec le journaliste de TF1 Laurent Bignolas, auquel il reproche de ne pas mériter son salaire car il n’avait pas vu son film avant de l’interviewer.

Le réalisateur poursuit sa carrière d’acteur en parallèle, avec notamment « Avida » de Benoît Delépine et Gustave Kervern, les réalisateurs de l’émission « Groland », et « Fauteuils d’orchestre ». En 2007, il remporte le titre de meilleur acteur au Festival international du film du Caire pour « L’ennemi intime », un film sur la guerre d’Algérie où il joue aux côtés de Benoît Magimel.

Jean-Paul Belmondo aurait déclaré voir son héritier en Albert Dupontel. Les deux hommes ont eu en commun de réaliser eux-mêmes leurs cascades, une performance relativement rare dans le cinéma. Dupontel a d’ailleurs rendu hommage à la légende du cinéma français dans le documentaire « Belmondo, itinéraire… », sorti en 2011.

En 2012, Dupontel retrouve Delépine et Kervern pour lesquels il joue dans « Le Grand Soir », dans un duo décapant avec Benoît Poelvoorde. Dupontel joue un vendeur conformiste dans une zone commerciale, qui est licencié en période de crise et décide de se faire punk, à l’image de son frère joué par Poelvoorde. Une comédie sociale trash qui remporte le Prix spécial du jury au Festival de Cannes, dans la section « Un certain regard ».

L’année suivante, il signe une nouvelle comédie, « 9 mois ferme », où il joue en duo avec Sandrine Kiberlain. L’histoire invraisemblable d’une magistrate célibataire et fière de l’être, qui tombe enceinte lors d’un réveillon arrosé, fait un déni de grossesse et découvre que le père est… un détenu interprété par Dupontel ! Un succès avec plus de 2 millions d’entrées en France, le César de meilleure actrice pour Sandrine Kiberlain et celui du meilleur scénario original pour Dupontel.

En 2017, Albert Dupontel réalise son premier film à gros budget, « Au revoir là-haut ». Adapté d’un roman de Pierre Lemaître, il met en scène une escroquerie aux monuments aux morts lancée par un soldat défiguré et un ancien lieutenant de la Guerre de 14, sur fond de vengeance familiale contre un notable parisien interprété par Niels Arestrup. Salué par la critique, le film réalise 2 millions d’entrées au box-office français et récolte une pluie de Césars, dont celui de meilleur réalisateur pour Dupontel.

À cette occasion, Dupontel se réconcilie avec le monde de la télévision en passant dans l’émission « Quotidien » de Yann Barthès. Le comédien a toujours été très réticent à faire la promotion de ses films à travers des émissions classiques comme celle de Michel Drucker.

Sorti en 2020, « Adieu les  c o n s » raconte l’odyssée dans la jungle administrative d’un informaticien en rupture de ban (Dupontel), d’une coiffeuse condamnée par une maladie grave (Virginie Efira) et d’un vieil archiviste aveugle (Nicolas Marié). Un film écrit dans le contexte des Gilets jaunes, qui dénonce avec émotion les dérives de nos sociétés. « Adieu les  c o n s » a fait une moisson pleine aux Césars 2021, remportant notamment celui du meilleur film.

Au fil des années, Albert Dupontel a su montrer la variété et l'originalité de sa palette d’artiste. En attendant de nouvelles surprises, "Second tour" est visible dès maintenant au cinéma !