Une nouvelle bulle financière est-elle en train de se former ?
Pour la première fois de son histoire, le CAC 40, l’indice phare de la Bourse de Paris, a franchi le seuil des 8 000 points en ce mois de mars 2024. Son niveau a doublé depuis le creux du printemps 2020 lié à la pandémie de Covid-19.
De l’Inde aux États-Unis, en passant par le Japon et l’Europe, les bourses mondiales sont actuellement au plus haut, à l’exception notable de la Chine qui se trouve en plein marasme économique.
Quelles raisons expliquent cette flambée des cours dans un monde par ailleurs de plus en plus instable ? La situation cache-t-elle une réalité plus inquiétante ? Nos explications en images.
Tout d’abord, les profits des grandes sociétés ne se sont jamais aussi bien portés. En France, les bénéfices cumulés des groupes du CAC 40 devraient dépasser les 140 milliards d’euros pour l’exercice 2023, pour la troisième année consécutive.
Les entreprises vont-elles continuer sur leur lancée en 2024 ? « Cela peut paraître un peu cynique, mais nombre d'entre elles ont réduit leurs effectifs ces derniers mois, ce qui a amélioré leur rentabilité », indique au ‘Point’ Alexandre Baradez, responsable de l'analyse de marché chez IG France.
Par ailleurs, le reflux de l’inflation mondiale devrait pousser les banques centrales à baisser leurs taux d’intérêt dès cette année, ce qui aurait pour effet de tirer vers le haut le prix des actifs.
Les cours sont également stimulés par la hype autour de l’intelligence artificielle. « Aux États-Unis, le pari fait sur l'intelligence artificielle est caricatural. Quand on voit les courbes presque verticales qu'ont faites les actions Meta ou Nvidia, on ne peut plus conseiller aux gens d'en acheter », poursuit Alexandre Baradez.
« Le potentiel de l'IA est là, mais tout le monde n'en profitera pas et il faut attendre de voir quelles performances feront ceux qui, comme Microsoft avec Open AI et Mistral AI, vont vendre ces solutions aux clients finaux », conclut l’expert.
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D’autre part, la performance élevée des cours de bourse est décorrélée de l’économie réelle, marquée par un net ralentissement, notamment en Europe. Un décalage qui s’explique par la mondialisation des grandes entreprises.
‘Le Point’ rappelle en effet que les 5 valeurs stars du CAC 40 (LVMH, Hermès, L'Oréal, TotalEnergies et Airbus) « ont pour point commun de réaliser l'écrasante majorité de leurs revenus hors des frontières du Vieux Continent ».
Cependant, les actions ne sont pas le seul actif à prendre leur envol. Comme l’indique ‘Le Figaro’, le bitcoin a atteint un niveau historique à 72 000 dollars ce lundi 11 mars, en hausse de plus de 60% depuis le 1er janvier.
L’or se situe aussi à un niveau record, désormais supérieur au cap des 2 000 dollars l’once. Le cours du métal jaune vient même de dépasser les 2 140 dollars, rappelle ‘Europe 1’.
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Et pourtant, la hausse de l’or est généralement associée à des périodes de crises ou d’incertitude. « Les inquiétudes concernant les perspectives économiques mondiales, les tensions géopolitiques […] ont alimenté la demande accrue pour le métal précieux », souligne Ricardo Evangelista, analyste à ActivTrades, cité par ‘Europe 1’.
Emballement autour de certains secteurs, niveau élevé des cours de Bourse, instabilité géopolitique… tous les ingrédients sont réunis pour croire à une nouvelle bulle et à une chute prochaine du prix des actifs financiers.
Mais tel n’est pas l’avis de tous les analystes : « Avec un euro faible, le CAC 40 a encore du jus à moyen terme. À deux-trois ans, il pourrait passer la barre des 10 000 points », estime Alexandre Baradez.
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‘Le Point’ rappelle que les actions françaises s’échangent à 13,6 fois les bénéfices attendus pour 2024, « ce qui est légèrement au-dessous de la moyenne sur dix ans, et très inférieur aux niveaux de Wall Street, où les actions du S&P 500 s’échangent à un ratio supérieur à 20 ».
Personne n’est capable de prédire si 2024 sera marqué par une nouvelle flambée des actifs financiers ou par le dégonflement d’une bulle. Quoi qu’il en soit, l’instabilité économique et géopolitique rend notre monde plus complexe et imprévisible que jamais.