Une Europe fébrile se prépare à une possible nouvelle victoire de Donald Trump
La protection de l'Europe face à une éventuelle présidence de Donald Trump, candidat républicain à la Maison-Blanche, repose sur trois piliers cruciaux : le soutien à l'Ukraine, le renforcement de l'OTAN et la gestion du commerce international. Ces enjeux seront au cœur des préoccupations si Donald Trump sort victorieux de l'élection présidentielle américaine prévue le 5 novembre.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a mis en place une "salle de crise" pour se préparer à cette éventualité. Les discussions se sont intensifiées ce mois-ci, alors que la campagne américaine entre dans sa dernière ligne droite.
Comme le souligne The Economist, les États-Unis garantissent non seulement la sécurité de l'Europe grâce à leur influence au sein de l'OTAN, mais l'Europe et les États-Unis sont aussi les plus grands partenaires commerciaux au monde, avec des échanges d'une valeur de 1 000 milliards de dollars par an.
Les menaces de Trump de se retirer de l'OTAN, de mettre fin à l'aide militaire à l'Ukraine et d'imposer des droits de douane de 10 % (parfois jusqu'à 20 %) sur les importations européennes ont poussé le Vieux Continent à se mobiliser.
Que peut-on faire, le cas échéant, pour atténuer le choc ? L'hebdomadaire britannique rappelle qu'avoir un président américain isolationniste et protectionniste n'a jamais été dans l'intérêt de l'Europe.
Mais, aujourd'hui, entre la guerre qui fait rage en Ukraine, la menace d'une poursuite de l'expansion russe et l'affaiblissement de l'économie européenne, il s'agit d'une nouvelle d'autant plus inquiétante pour le continent.
Cependant, l'UE semble avoir quelques tours dans son sac, tout d'abord pour faire face à la menace répétée de l'ancien président de couper l'aide à l'Ukraine et de mettre fin à la guerre en un jour.
Le fait que Trump se vante de mettre fin à la guerre par une discussion éclair avec Vladimir Poutine signifierait de manière presque certaine que l'Ukraine devrait céder des territoires à l'est, diminuant ainsi la zone tampon entre l'Europe et la Russie et exposant le continent à l'expansionnisme russe.
Face à cette éventualité très réelle, l'OTAN a créé le programme d'assistance et de formation à la sécurité pour l'Ukraine, basé en Allemagne. Son principe est que c'est l'OTAN, et non les États-Unis, qui coordonnera la formation militaire de l'Ukraine et qui lui fournira des armes.
Pendant ce temps, les pays du G7 augmentent leurs dépenses d'aide militaire à l'Ukraine via un plan de prêt de 50 milliards de dollars qui sera remboursé sur les intérêts des avoirs russes gelés en Occident.
Conscient de ce qui pourrait se produire, le président américain Joe Biden s'est assuré que l'ensemble des fonds promis à l'Ukraine commenceraient à être versés avant qu'il ne quitte ses fonctions en janvier prochain.
James O'Brien, le secrétaire d'État adjoint aux affaires européennes et eurasiatiques, a déclaré que Biden allait "vider" les fonds que le Congrès américain a réservés à l'Ukraine avant la fin de son mandat, indique France 24.
Une autre question discutée dans la "salle de crise" de l'UE est celle du renforcement de l'OTAN dans l'hypothèse où Trump mettrait à exécution sa menace de se retirer complètement de l'alliance.
Selon l'ancien commissaire européen, Thierry Breton, Donald Trump a dit en des termes très clairs à Ursula Von der Leyen ce qu'il comptait faire, note France 24.
"Vous devez comprendre que si l'Europe est attaquée, nous ne viendrons jamais vous aider et vous soutenir. Et d'ailleurs, l'OTAN est morte. Et nous partirons, nous quitterons l'OTAN" : tels sont les mots de Trump, cités par Breton, à la présidente de la Commission européenne.
Bien que Trump ait besoin du soutien du Sénat pour quitter l'OTAN, il pourrait se contenter de dire qu'il n'honorera pas son engagement, ce qui reviendrait au même, selon Oscar Winberg, expert en politique américaine à l'Institut finlandais d'études avancées de Turku.
Dans ce contexte, plusieurs pays européens, dont la France, l'Allemagne et la Pologne, ont déjà augmenté leur budget de défense et renforcent leur capacité de production d'armes.
Enfin, l'Europe dans son ensemble pourrait perdre jusqu'à 1,5 % de son PIB, soit 150 milliards de dollars d'exportations par an, si Trump parvient à imposer ses droits de douane, selon le Financial Times.
Outre les 10 à 20 % prévus sur les importations européennes, les droits de douane de 60 % souhaités par Trump sur les importations depuis la Chine auront pour effet d'inonder l'Europe de marchandises chinoises, exacerbant ainsi ses difficultés économiques.
Une guerre commerciale se profile donc à l'horizon. Le plan de bataille élaboré par les Républicains impliquera des représailles des autres blocs, jusqu'à ce que Trump ne fasse marche arrière ou négocie.
"Nous riposterons vite et fort", a déclaré un diplomate européen de haut rang à Politico.
"De mon point de vue personnel, nous aurons des problèmes. De gros problèmes", a déclaré un autre diplomate de l'UE au Financial Times, faisant référence à une possible victoire de Trump. "Cet élément perturbateur sera énorme, et l'imprévisibilité le sera aussi".